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Rubrique Culture

Le dernier Klapisch projeté à Alger Deux moi ou la comédie romantique réinventée

Le long-métrage Deux moi, dernier-né du cinéaste français Cédric Klapisch a été projeté samedi à l’Institut français d’Alger. A mi-chemin entre la comédie romantique et la satire sociale, ce film est sans doute l’un des plus tendres du réalisateur. 
Mélanie et Rémy vivent dans deux immeubles mitoyens à Paris. Ils ne se connaissent pas mais traversent tous deux une phase dépressive dans une ville paradoxale où les rapports sociaux sont quasi-déshumanisés. Mélanie, brillamment interprétée par Ana Girardot, est biologiste dans un laboratoire d’immunothérapie qui sort d’une rupture douloureuse. Rémy, campé par le non moins épatant François Civil, est un ouvrier introverti qui vient d’être promu alors que tous ses collègues sont licenciés. 
Solitaires, contemplatifs et mélancoliques, ils prennent chaque jour les mêmes transports, empruntent les mêmes rues et fréquentent la même épicerie ; ils consultent deux psychanalystes différents avec lesquels ils finissent par mettre le doigt sur l’origine de leur mal-être. 
L’auteur-réalisateur du Péril jeune et de L’auberge espagnole bouscule les codes de la comédie romantique en élaborant un récit urbain aussi dense que réaliste et en choisissant un angle narratif original et décalé : celui de l’avant-rencontre. Cela lui permet à la fois d’interroger les raisons qui poussent l’humain à aller vers son semblable à l’ère de l’individualisme et de la technologie dévorante et dresser un portrait bouleversant de la ville de Paris. 
Exit donc les mièvreries du genre et les recettes faciles : Cédric Klapisch porte un regard multiple sur la vie moderne avec cette sensibilité caractéristique de ces films qui fait côtoyer gravité et légèreté, humour et spleen, questionnements angoissés et notes d’optimisme. Sans jamais tenter de diriger le spectateur, le cinéaste lui propose au contraire d’accompagner ces personnages ordinaires et attachants et de dialoguer librement avec eux pour qu’en fin de compte, il sorte de la salle de cinéma en ayant l’impression d’avoir fait lui aussi une rencontre. Le langage formel de Klapisch rejoint ce dispositif dramaturgique dans son aspect hétéroclite et pulsatile : il va de la fantaisie à la fresque urbaine en passant par l’onirique et l’abstraction, le tout formant un ensemble cohérent où la poésie n’est jamais loin. 
Le prochain  rendez-vous cinéma de l’Institut français d’Alger est prévu pour ce mercredi 29 janvier à 18h avec le dernier film de Roschdy Zem, Persona non grata (2019).
S. H.

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