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Rubrique Culture

CINÉMA Il était une fois le 8 Mai 1945 en Algérie

Le 8 mai 1945, le monde et particulièrement l’Europe meurtrie fêtent la fin de la Seconde Guerre mondiale, le conflit le plus meurtrier de l’histoire de l’humanité, avec entre 40 et 60 millions de morts, la plupart des civils. La France avait mobilisé des dizaines de milliers d’Algériens (musulmans) pour se battre sur les fronts européens. Le 8 Mai 1945, en Algérie, la fête s’est transformée en cauchemar. 
Rares sont les films algériens de fiction qui ont eu pour sujet  principal les massacres du 8 Mai 1945, à Sétif, Guelma et Kherrata.   
 Rachid Bouchareb en parle (un peu) au début de son film Hors-la-loi, sorti en 2010. Cette séquence de six minutes dans un long métrage d’une durée de 2 heures 15 minutes avait  suscité de vives réactions d’hostilité en France. Le député Lionnel Luca (UMP, Alpes-Maritimes) protestait dans les médias contre Hors-la-loi, sélectionné en compétition officielle pour représenter l'Algérie au Festival de Cannes. Un collectif nommé «Vérité Histoire — Cannes 2010» avait même appelé, sur un site internet proche de l'extrême droite, à manifester à Cannes et à «pourrir» le festival. Des historiens sont convoqués à un débat. «Le premier mort de Sétif, c'est un Algérien. Il brandissait le drapeau (algérien) dans le cortège, et un commissaire de police lui a tiré une balle dans la tête», avait rappelé l'historien Benjamin Stora.
Héliopolis de Djaffar Gacem, un film pas encore sorti en salles à cause de la pandémie de coronavirus, est le premier film de fiction algérien consacré à ces douloureux événements. 
Héliopolis est, selon son réalisateur, «un film de psychologie» pas un film de guerre, «un film de contexte, pas un film de jugement». Ainsi, dans la première partie du film, il est question de la prise de conscience politique des Algériens et de leurs élites, sur la légitimité de la revendication indépendantiste, qui sera suivie par un militantisme politique autour de cette revendication. 
Héliopolis, c’est aussi l’histoire d’une impossible «assimilation» à travers une saga réaliste, celle de la famille Zenati dont le père, Si Mokdad, est un riche propriétaire terrien à Héliopolis, près de Guelma, dans l’est de l’Algérie. 
Le film de Djaffar Gacem comporte plusieurs thèmes historiques peu abordés par le cinéma algérien, notamment le débarquement américain en Algérie, en novembre 1942, qui avait notamment fait connaître le jazz aux Algériens. Il y a même une diffusion par la radio du discours du Président américain Franklin Roosevelt (dans le film). Une scène montre des incinérations d’Algériens dans des fours à chaux. Djaffar Gacem a aussi transposé à Héliopolis un événement qui a eu lieu à Béjaïa et raconté dans le livre De nos frères blessés de Joseph Andras, paru en 2016. «Ça s’est passé à Melbou, il n’y a pas de sang mais c’est peut-être pire, le sang ça sèche plus vite que la honte : on a obligé des Arabes à se mettre à genoux devant le drapeau tricolore et à dire : ‘’Nous sommes des chiens, Ferhat Abbas est un chien’’, avait raconté (page 68) Fernand Iveton à sa femme Hélène, dans le livre d’Andras.
Dans le film, la victime de cette humiliation est Si Mokdad Zenati, à qui des miliciens européens avaient exigé de le faire, s’il veut sauver son fils Mahfoud, leur prisonnier, d’une exécution sommaire.  
Mahfoud Zenati, le brillant élève, n’avait pas dit à son père «assimilé» que sa demande de s’inscrire à l’École polytechnique d’Alger avait été rejetée parce que  cet établissement est interdit aux «indigènes». Le racisme est une autre face tout aussi hideuse du colonialisme. 
Kader B.

 


 

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