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Rubrique Culture

«Corpo» de Mouni Benkhodja On n’est mieux représenté que par soi-même !

L’artiste plasticienne Mouni Benkhodja expose jusqu’à aujourd’hui à la galerie Ifru-Design, sise au 139, boulevard Krim-Belkacem, au Télemly. Ses portraits féminins faits à l’huile sur toile sont d’une beauté saisissante. 
«Corpo» est le titre de cette exposition parcimonieuse mais exigeante où l’artiste questionne le corps féminin dans sa splendeur, sa pudeur et son mystère. 
Dominées par des tonalités ocres et portant un regard amoureux sur l’anatomie féminine en célébrant ses moindres recoins et en magnifiant ce qui, au-delà du physique, a toujours subjugué artistes et poètes. 
Et justement, une fois n’est pas coutume, il s’agit cette fois d’une femme, et non d’un homme, qui regarde et sublime les corps des femmes, ce qui est à la fois rare et fascinant. En contemplant les toiles de l’artiste, on se demande d’ailleurs pourquoi il y a si peu de plasticiennes qui se sont réapproprié un sujet longtemps réservé au masculin. 
Le résultat est saisissant puisque l’esthétique qui en découle surprend, déroute et force le respect. Art du fragment et du semi-dévoilé, du nu sans voyeurisme et du jeu de lumières subtil, «Corpo» interroge le langage multiple de la chair, du regard et de la gestuelle et semble contrecarrer les perceptions libidinales et érotisantes dominantes. Derrière le corps, le pinceau de Mouni Benkhodja érige tout un univers sémantique d’où jaillissent la complexité, la richesse et l’intensité d’une psyché qui se réverbère sur la chair. La peinture devient alors l’expression d’une autosatisfaction du regard et d’une autosuffisance de la représentation : la femme n’y est plus l’objet d’un désir masculin mais l’artisane de ses propres paradigmes et la réceptrice d’une réflexion amie, familière et juste. On peut bien sûr y voir une approche saphique sans que l’hédonisme domine forcément ; on peut surtout y déceler un féminisme décomplexé et altier qui se réapproprie le corps féminin et le fait parler hors des sentiers battus. 
Le prochain rendez-vous de la galerie Ifru Design sera pour jeudi 12 mars à 17h où aura lieu le vernissage de l’exposition «Quand le fil se termine» de l’artiste algéro-allemande Allmuth Bourenane.  
Sarah H.

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