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Rubrique Culture

Laghouat vue par des chroniqueurs, écrivains, peintres, voyageurs, explorateurs et conquérants de Lazhari Labter Un passé à la carte

Un appel à participation avait été lancé sur les réseaux sociaux, il y a quelques mois déjà, par Lazhari Labter afin de pouvoir imprimer ce livre, qui n’a pas trouvé d’éditeur. Enfin, ce travail de longue haleine, consacré à Laghouat, sa ville natale, a pu voir le jour.  

Les noms des personnes qui ont contribué au financement de ce beau-  livre s’inscrivent à l’entame de cet ouvrage comme autant de remerciements à tous ceux qui ont aidé à la réalisation de ce projet. Un exemplaire de ce beau-livre est remis à chaque contributeur.
Lazhari Labter nous fait découvrir l’une des plus belles oasis du Sud algérien, au  pied  du mont Lazreg et du djebel Amour : Laghouat.  Durant la période coloniale, cette ville enchanteresse  a attiré une pléiade d’écrivains, artistes peintres, explorateurs, conquérants et voyageurs. 
C’est à partir du début du XIXe siècle, et plus exactement après la  prise de Laghouat, que les peintres commencèrent à montrer un intérêt pour cette ville et sa région, suivis rapidement par les écrivains. Le 3 juin 1853, l’artiste peintre rochelais Eugène Fromentin y posa ses bagages. 
La ville portait encore les stigmates du massacre commis par l’armée française sur sa population, six mois plus tôt, le 4 décembre 1852. «L’aspect même de la ville, le silence des rues, l’air d’abandon des maisons, la solitude des marchés, je ne sais quoi de menaçant encore et des ombres vous avertissent que ce lieu vient d’être le théâtre d’événements terribles, et même aux endroits les moins maltraités tout indique une ville à moitié morte — et de mort violente ; j’allais dire assassinée.» (Page 30).
Ce témoignage est rapporté par l’artiste peintre dans son célèbre ouvrage Un  été dans le Sahara, publié en 1857. Eugène Fromentin a également produit des esquisses et des tableaux de peinture dont Laghouat, Vue de Laghouat (visible au Musée national Zabana d’Oran), Une rue à Laghouat (Musée de la Chartreuse, France). Ces toiles ont été peintes en juin 1853.
Eugène Fromentin séjourna pendant six mois à Laghouat. Durant cette période, il fut très productif aussi bien  sur le plan artistique que littéraire, puisqu’il signa plusieurs écrits sur cette ville du Sud, une centaine  d’études et de tableaux. Une prouesse qui força l’admiration de Théophile Gautier au point de lui faire dire : «M. Fromentin a un privilège que je n’ai encore vu personne posséder à un degré égal ! Il a deux muses : il est peintre en deux langues.»  
Fromentin inspira d’autres voyageurs qui lui emboîtèrent le pas  sur la route des portes du Sud, à l’instar du saint-simonien Henri Duveyrier, devenu célèbre à l’âge de 24 ans suite à la publication de son livre Les Touareg en 1864. Il écrivit dans son Journal sorti en 1900 qu’il fut subjugué par les jardins de Laghouat. «Je ne me reconnaissais plus, moi, qui, jusque-là, avais été presque insensible aux beautés de la nature ; je n’avais jamais éprouvé ce sentiment d’extase.»  
Parvenir jusqu’à Laghouat n’était pas une sinécure au XIXe siècle tant la ville était loin de la capitale, les chemins tortueux et les transports rudimentaires, comme le rappelle Lazhari Labter : «Rares sont ceux qui osaient  s’aventurer aussi loin dans le Sahara. Il fallait s’armer de courage et de patience pour faire les 400 km qui séparaient Alger de Laghouat en traversant des marécages, des oueds, des montagnes, des gorges, des ravins et des étendues désertiques, peuplés d’animaux sauvage.»
 L’écrivain  et aviateur  Antoine de Saint-Exupéry séjourna à l’hôtel Transatlantique (aujourd’hui Marhaba) de Laghouat du 5 mai au 2 juillet 1943  où il rencontra l’écrivain Jules Roy. Fait étrange : l’auteur du Petit Prince n’a commis aucun texte sur Laghouat. Et il ne fut pas le seul puisqu’Albert Camus n’écrivit rien non plus sur cette ville après l’avoir visitée. «Certes, Albert Camus nous a superbement décrit la beauté de la nuit saharienne qui tombe sur Laghouat dans un scintillement sans pareil d’étoiles vue à travers les yeux de Janine du haut du rempart nord du fort Bouscaren, mais il est passé à côté de son histoire»,  note l’auteur.
L’intérêt pour cette belle oasis ne s’est pas évanoui après l’indépendance. Séduit par ce foisonnement de toiles et de  littérature produites par les artistes et écrivains vantant la beauté de Laghouat, des nuées de touristes ont débarqué dans cette ville. 
En 1969, une course de chars à voile, organisée entre Laghouat et El Goléa, attira une cohorte de touristes et de journalistes avec la présence de Françoise Hardy. La célèbre chanteuse  de Tous les garçons et les filles avait alors donné le top départ de la course.  
Lazhari Labter rend également hommage à Etienne Dinet, artiste peintre qui sublima Laghouat avec ses toiles. Le peintre découvrit Laghouat en 1885. Avec ses pinceaux, il  a immortalisé les paysages de cette ville ainsi que ses habitants, comme l’avait fait avant lui Eugène Fromentin.   
Ses tableaux les plus connus sont Terrasses de Laghouat, Une rue de Laghouat, Oasis de Laghouat, Clair de lune à Laghouat. L’auteur nous apprend que c’est sur les conseils d’Etienne Dinet que fut créée, en 1907, à Alger, la villa Abdeltif, réplique de la villa Médicis, une résidence pour les artistes de tous bords.  
Le nom du célèbre poète Abdallah Ben Kerriou est indissociable de la ville de Laghouat. L’auteur partage avec ses lecteurs l’un de ses plus jolis poèmes, Un promeneur est venu à ma rencontre. Retrouvez également un extrait du roman Les années rouges de Leila Aslaoui (Casbah éditions) où elle évoque son enfance à Laghouat. 
D’autres auteurs, poètes et artistes algériens qui ont écrit sur cette ville sont également à l’honneur comme Amèle El Mahdi, Amar Belkhodja,  Arezki Metref, Mohammed Chettih, Kheira  Ziregue-Soufari, Amine Lotfi Soukehal, Othmane Loucif, Hamza Boubakeur.... Ce beau-livre, dédié à la mémoire de Ferhat Mokhtari et de Mohamed Hadj Kaddour, est agrémenté de photos et de toiles. Une biographie de tous les auteurs cités est proposée à la fin de l’ouvrage.
Soraya Naili

Laghouat, vue par des chroniqueurs, écrivains, peintres, voyageurs, explorateurs et conquérants de Lazhari Labter. édition à compte d’auteur. Année 2021. 241 pages. 4 000 da.

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