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Rubrique Culture

Cycle «Femmes au cinéma» Yema ou le deuil impossible

Parmi les films diffusés par la Cinémathèque dans le cadre de son cycle dédié à la femme au cinéma, plusieurs œuvres rappellent l’empreinte indélébile qu’auront laissée des cinéastes algériennes dans la mémoire filmique et populaire. 
Yema de Djamila Sahraoui est l’un de ces films qui ont marqué le cinéma algérien contemporain. Sorti en 2012 et projeté à la Cinémathèque à l’occasion du cycle « La femme au cinéma » qui s’est clôturé hier, ce long-métrage, dans lequel la réalisatrice joue elle-même le rôle principal, est l’un des rares qui s’attaquent aux traumas de la décennie noire avec autant de sobriété et de finesse. 
Djamila Sahraoui campe le rôle de Ouardia, une mère taciturne et mélancolique revenant dans sa maison de montagne depuis longtemps abandonnée pour enterrer son fils, officier de l’ANP, tué par des islamiste, un crime dont elle soupçonne son second fils, parti depuis quelques années rejoindre les maquis. 
Le spectateur est plongé, dès le départ, dans une atmosphère endeuillée et rude avec une scène inaugurale qui vaut une gifle tant émotionnellement qu’artistiquement : celle de Ouardia transportant seule la dépouille de son enfant sur une distance qui paraît interminable. Tout aussi longue sera la toilette mortuaire filmée avec une sobriété qui en décuple la puissance et l’esthétique et annonce la couleur d’un film qui se refusera au pathos et à la surenchère. 
A la profusion et aux discours, Djamila Sahraoui a préféré le dépouillement et le silence, un choix dont elle ne déviera guère tout au long de 90 minutes. Et c’est ce dispositif justement qui permet une expansion heureuse des possibilités dramaturgiques et esthétiques, où, loin des symboliques faciles et des paroles larmoyantes, le jeu des acteurs ainsi que la justesse et la rigueur des partis-pris formels livrent un regard pertinent et sensible sur la tragédie vécue par des milliers d’Algériens durant dix ans. La mort du fils est un drame insurmontable pour cette mère austère et solide comme un roc, incapable de pardonner et pourtant si généreuse avec sa terre qu’elle fait revivre et renaître d’une sécheresse aux apparences invincibles. On verra d’ailleurs tout au long du film ce combat épique entre le désir de mort (incarné par des terroristes souvent invisibles) et la fureur de vivre qui suinte de ce verger miraculeux mais aussi d’une naissance aussi douloureuse que salvatrice. Convaincant et percutant, Yema fait partie de ces films rares qui transcendent leur sujet en se libérant des codes et des schémas, le réinventant et le sublimant, chemin faisant. 
Le cycle de la femme au cinéma s’est clôturé hier avec une journée de projections de films faits par des femmes ou traitant de problématiques féministes à l’instar de Nouba des femmes du Mont Chenoua de Assia Djebar et des documentaires Elles et Elles, 30 ans après de Ahmed Lalam.  
S. H.

 

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