Je viens d’apprendre la mort de Fouad Boughanem, directeur du quotidien le Soir d’Algérie qu’il avait fondé avec ses camarades. Le journal avait été lancé dans la foulée de l’ouverture qui a suivi les évènements d’Octobre 1988. Je garde de l’homme le souvenir d’un être avenant et cordial. Que sa famille et ses proches trouvent ici l’expression de ma profonde compassion. Il ne verra pas s’accomplir l’Algérie de modernité et de progrès pour laquelle il militait mais la constance de son engagement y aura aidé. Et de cela, ceux qui partagent cet idéal peuvent lui être reconnaissants.
Dans les moments où nous avions pu échanger, il m’est souvent arrivé de lui faire le reproche de ne pas intervenir dans les débats publics car en plus d’être doté d’une grande culture, il était une belle plume. Les charges administratives et, peut-être aussi, une forme de désenchantement, que je croyais déceler chez lui, ne l’ont pas encouragé à s’investir davantage dans le métier d’écriture.
Nous n’étions pas issus du même mouvement et dans les phases de grandes âpretés politiques ou électorales la ligne éditoriale du titre qu’il dirigeait n’a pas toujours recoupé les luttes que nous menions. Je tenais à témoigner cependant que ces différences ont le plus souvent été gérées avec retenue et courtoisie.
Dans ces périodes de grandes dérives politico-médiatiques, il me semblait utile de mettre cette rare qualité au crédit de sa mémoire.
S. S.
(*) Texte paru sur la page Facebook de l’auteur.