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Rubrique Ici mieux que là-bas

Biden-Poutine : Rocky contre Yvan Drago

Sommes-nous en train de revivre un remake de Rocky 3 dont on ne connaît pas encore la fin ? Il y a, dans l'air, comme un pugilat exhalant un relent de Guerre froide. Je ne sais pas pour vous, mais moi je suis resté estomaqué par la question posée par George Stephanopoulos, le journaliste vedette de la chaîne ABC News, le 17 mars, à Joe Biden le fossoyeur de Donald Trump : «Vous qui connaissez Vladimir Poutine, pensez-vous qu’il soit un tueur ?» Ce à quoi Joe Biden répond par  un simple et laconique : Oui ! Le caractère abrupt de la question donne à penser qu’elle n’est certainement pas spontanée. Ça sent la connivence. Mais ça correspond aussi à une tradition du journalisme américain, celle qui confond communication et spectacle. 
Avec une telle question, on ne peut que faire le buzz. Cependant ça va plus loin que le simple jugement d’un homme sur un autre. La violence de l’accusation portée par le Président américain ressemble, à s’y méprendre, à une déclaration de guerre. D’autant que, selon la presse internationale, le nouveau cow-boy de la Maison-Blanche aurait promis à Poutine des sanctions. Il devrait payer, a-t-il déclaré,  le prix de ses actes. Les commentateurs politiques ont été pris de court par le caractère inédit de cette agression verbale. « Jamais un Président américain ne s’était, jusqu’à  présent, permis des propos aussi violents à l’adresse de dirigeants russes. Même Trump prenait plus de gants dans sa façon de s’exprimer. Pour une personnalité du rang de Biden, ce n’est pas admissible de s’exprimer ainsi », remarque Pavel Kochkine, chercheur à l’Institut des États-Unis et du Canada à l’Académie des sciences de Russie. C’est peu dire que ces propos de shérif enfreignent les usages diplomatiques entre grandes puissances mondiales. Cette relation détestable entre les deux hommes n’est pas nouvelle. Vice-président d’Obama, Biden aurait dit à Poutine : «Je vous regarde dans les yeux et je ne pense pas que vous ayez une âme.» On comprend que Poutine préfère Trump à Biden. 
Le caractère fantasque d’un Trump le rendait sans doute plus malléable pour les intérêts russes. Trump était plus conciliant avec Poutine allant même jusqu’à afficher des rapports perçus par les observateurs comme des liens de complicité. En 2019, au  sommet du G20 à Osaka, il avait plaisanté avec Poutine sur l’ingérence russe. Il faut dire cependant que la question de savoir si Poutine est  «un tueur» n’est pas aussi inédite qu’il paraît. Elle a été posée à Trump en son temps, lequel avait répondu sur Fox News : «Il y a beaucoup de tueurs. Pensez-vous que notre pays soit si innocent ?» Surprenant cet aveu dans la bouche d’un Président américain ! Le oui de Joe Biden à la question assassine condense des griefs non dissimulés à l’égard de Poutine. Les États-Unis de Biden ont intérêt à promouvoir la défense des droits humains pour se remettre en scène sur le plan international. Ainsi, exploitent-ils l’empoisonnement de Navalny en sanctionnant, début mars, sept hauts responsable russes. Mais là n’est pas le fond du problème. Ce que Biden ne pardonne pas à Poutine, c’est une supposée ingérence russe dans les élections de 2016 et 2020. 
Un nouveau rapport du Bureau du directeur du renseignement national américain  (ODNI), révélé le 16 mars, donne à Biden une raison supplémentaire de s’en prendre à son homologue russe : ce rapport tendrait à prouver la tentative russe de favoriser Donald Trump au détriment de Biden. Si Poutine est parvenu à rendre à la Russie sa grandeur en lui donnant  une place dans le concert des Nations, c’est parce qu’il ne manque pas de pugnacité. Les puissances qui pensaient que la Russie était morte parce que l’URSS n’existait plus se sont réveillées avec la gueule de bois. 
Rappelons-nous qu’en 2007, Sarkozy qui s’était avisé d’interpeller Poutine en avait fait les frais. La réponse de Poutine à Biden ne s’est pas fait attendre : «C’est celui qui le dit qui l’est», puis «ce n’est pas juste une expression enfantine, une blague. Le sens est profond et psychologique, nous voyons toujours en l’autre nos propres caractéristiques», déclare-t-il lors d’une visioconférence avec les représentants de la société civile de Crimée. Pourquoi donc faire le dur ? s’interrogent les commentateurs politiques. Progressivement, s’est installée cette idée que les démocraties occidentales faibles et divisées sont sur le déclin. 
La Russie tout comme la Chine en sont convaincues. Biden veut casser cette image autant sur la scène intérieure qu’internationale. Il s’agit aussi de regagner tout un pan de l’opinion US acquise à l’idée trumpiste qu’il faut ne pas se mêler des affaires du monde. Au demeurant, on sait que les deux grandes puissances ont besoin d’un minimum d’échanges. C’est pourquoi, en dépit des déclarations agressives du Président Biden, Vladimir Poutine tire son épingle du jeu en affirmant : «Nous défendrons nos propres intérêts et ne travaillerons avec eux qu’aux conditions qui seront avantageuses pour nous.» Un point d’accord avec Washington puisque Biden a lui aussi affirmé vouloir travailler avec les Russes «quand c’est dans notre intérêt commun» à l’instar de la prolongation de l’accord de désarmement nucléaire New Start. 
A. M.

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