Placeholder

Rubrique Ici mieux que là-bas

Cool, le Ramadhan !

Et voilà que les choses sérieuses commencent ! Nous entrons dans le Ramadhan avec notre barda de confinés : masques ou bavettes, gel et les gestes barrières à appliquer pour la fréquentation de la… table de la cuisine.  
Comment l’un et l’autre vont-ils s’accommoder  et prendre en compte la promiscuité et le couvre-feu repoussé à partir de 17 heures ? C’est une équation visiblement insoluble ! Cette chronique, rédigée le premier jour du Ramadhan (vendredi 24 avril), ne peut pas encore établir la réussite ou non de la prédiction de l’ami Ahmed Halli qui, en oracle de ces choses-là, prévoyait que les Algériens ne pourront pas respecter le couvre-feu.
Que feront-ils  après le ftour dans les cages à lapins sur-bondées ? Eh bien, ils iront surement taper les dominos quelque part dans le quartier, sous un lampadaire soustrait au regard de la maréchaussée en goguette, ou faire les prières collectives sur les terrasses, à l’instar de ce que montre une vidéo tournée en Égypte. Ça ne fait pas un pli.
D’ailleurs, la veille du Ramadhan, un petit tour dans les quartiers populaires d’Alger suffit pour être édifié: le confinement, c’est déjà du passé !
Les types se bousculent à qui mieux mieux, les voitures roulent pare-choc contre pare-choc, les courses se font à l’arraché mais sans prendre aucune précaution. Il est à craindre que la peur de rater le Ramadhan soit plus grande que celle de choper le virus. Réussir le Ramadhan veut dire, bien évidemment, se remplir la panse de façon olympique et s’avachir devant la télé à glousser devant des caméras cachées niveau bitume avant de rendre à la nature ce qu’elle nous a donné. C’est le divin deal. Reste à voir ce qui se passera après le ftour et la réaction des forces de l’ordre au couvre-feu qui ne manquera pas d’être transgressé, sachant que le Ramadan est zaâma le mois du pardon et de la miséricorde, sauf à l’endroit des détenus du Hirak. Il paraît quand même qu’ils ont collé des prunes à beaucoup de vaillants transgresseurs de couvre-feu.
Ça donne au moins l’occasion de parler d’autre chose que de la pandémie mondiale. A ce propos — et voilà où nous en sommes —, j’ai appelé un cousin qui vit en Italie pour prendre de ses nouvelles. Il me dit que le mal est en train de refluer de façon relativement spectaculaire puisque « on avait encore récemment jusqu’à 1 000 morts par jour, on n’en a plus aujourd’hui que 400 ». Ça reste énorme, mais force est de voir que la courbe redescend.
Même si les chiffres officiels sont moyennement fiables, et que l’on aurait eu, semble-t-il, 120 nouveaux cas déclarés en une journée, on est loin de l’hécatombe prévue en Algérie. On reste avec le taux de létalité le plus élevé au monde certes. Mais les spécialistes qui avaient prévu un véritable carnage en Algérie ne se sont-ils pas plantés un chouia ? Pour un certain nombre de raisons climatiques ainsi qu'à cause de la jeunesse de la population, le coronavirus n’a pas commis  les grandes hécatombes. On se souvient qu’on parlait des milliers de morts étalés dans la rue.
On était dans une équation du premier degré. Si l’Europe, huppée en moyens sanitaires, a subi de tels bilans, nous, il nous faut compter davantage de victimes. Le fameux pouvoir exponentiel du virus, qui prospère davantage encore dans la misère matérielle!
Cela énoncé, cette relativisation ne veut pas dire qu’on sous-estime l’ampleur des dégâts et encore moins qu’on fait de la propagande pour le régime. Didier Raoult, le professeur séditieux, a expliqué que l’usage des traitements antipaludéens en Afrique avait peut-être empêché le cataclysme que Bill Gates avait prédit pour l’Afrique.
Sinon, j’écoute les histoires de mon cousin Momo qui a le goût des contes philosophiques à condition qu’ils soient bien ancrés dans la réalité sociologique de l’Algérie d’aujourd’hui, ou plus exactement celle d’hier, celle de Bouteflika, quoi ! À supposer que l’Algérie présente, celle qui a dégommé Boutef grâce à un mouvement qui s’appelle le Hirak, on a tendance à l’oublier, soit différente dans ses fondements. A voir.
Voici le conte philosophique de Momo, que vous lirez sans la bande son, la plus intéressante, c’est-à-dire le choix des mots prononcés dans une certaine métrique et ses petits rires aigus ponctuant le récit.
Voilà, dit-il, le portrait d’une certaine catégorie d’Algériens sous l’ère bouteflikiste. Il est d’abord pauvre, cet Algérien typique de la période. Ou il arrive à peine à vivre en tirant le diable par la queue. Puis il emprunte de l’argent et lance une affaire. Ça magouille ferme. Mais ça marche. Il se développe, entreprend d’autres affaires. Il gagne beaucoup de fric et s’endette tout autant, espérant en gagner encore davantage. Il achète des ministres, des walis, des maires, des fonctionnaires et à travers eux, il rafle des terrains, des maisons, des entreprises. Il n’a plus une minute à consacrer à sa famille ou aux siens de façon générale, pris par le vertige du gain. Puis un jour, le stress le tue. Il lègue à ses enfants des contentieux pas possibles à résoudre. Et ses enfants regrettent le temps où ils vivaient de peu mais sans cette nuée de créanciers, de fonctionnaires qui réclament leur tchipa, de magistrats qui convoquent pour élucider des affaires louches dans lesquelles leur père est cité.
On connaît tous quelqu’un de ce genre. Un modèle si courant ces vingt dernières années qu’on serait tenté de croire qu’il s’agit d’une production strictement locale. Avec tout ça, comment voir passer le premier jour de Ramadhan ? Bon, il est passé, ouf ! Il n’en reste plus que 29 ou 28, c’est trois fois rien.
Sois cool, c’est hyper-important, comme le répète ma nièce à moitié anglophone sur instruction de l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur et grâce aux cours gouba pris sur le web.
A. M.

Placeholder

Multimédia

Plus

Les + populaires de la semaine

(*) Période 7 derniers jours

  1. Intempéries Quatre personnes secourues à Tizi-Ouzou

  2. Air Algérie annonce la suspension de ses vols à destination de la Jordanie et du Liban

  3. Trafic de drogue Un réseau tombe à Oran

  4. Sfisef (Sidi-Bel-Abbès) Lumière sur l’assassinat des 3 taxieurs retrouvés enterrés dans une ferme

  5. CNR Les retraités appelés à utiliser la technique de reconnaissance faciale via "Takaoudi"

  6. KFC Algérie ferme deux jours après son ouverture

Placeholder