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Rubrique Ici mieux que là-bas

L'apport des vieux aux jeunes marcheurs de la liberté

Dans l’université d’une ville de l’intérieur du pays, des étudiants tentent de structurer le mouvement de protestation contre le 5e mandat en créant une dynamique au service d’un renouveau dans leur université et dans le pays. Ils constatent qu’après plusieurs semaines de mobilisation, il n’y a pas de leaders. Deux écoles s’affrontent alors parmi les éléments moteurs. Des étudiants affiliés à un parti qui a pignon sur rue proposent de faire venir un leader national de cette formation politique pour présider une assemblée générale. D’autres, au contraire, estiment qu’il faut attendre pour que surgissent des leaders du mouvement lui-même.
Cette anecdote, sans doute observable en plusieurs lieux, pose une problématique générale : comment les anciens militants, malheureusement porteurs d'un « échec recommencé », peuvent-ils contribuer positivement à ce mouvement de jeunes inexpérimentés, mais qui mènent leur action avec les moyens et l’état d’esprit de leur temps ? Ce type de mouvement spontané induit deux questions : que faire et avec qui ? Une règle générale veut qu’on ne peut pas à la fois faire partie du problème et de la solution. Les leaders surgiront du sein même du mouvement. Qui connaissait Boudiaf avant 1954 ? Qui connaissait Castro avant 1959 ? Qui connaissait Cohn Bendit avant 1968 ?
Un mouvement populaire nouveau ne saurait aboutir s’il mature dans la spontanéité et qu’il est offert clé en main à des leaders du passé. Les nouveaux leaders existent certainement. Ils se sont forgés dans les luttes sectorielles qui n’ont jamais cessé dans ce pays en dépit de leur avilissement par le pouvoir, en particulier ces 20 dernières années. Ce qui a manqué jusqu’alors, c’est la convergence des luttes provoquées aujourd’hui par l’électrochoc du 5e mandat.
Le mouvement arrive à maturation avec la génération des réseaux sociaux. En apparence, on n’est plus dans l’idéologie. Le ras-le-bol n’est pas théorisé. Il touche des jeunes, très jeunes parfois qui n’ont connu que l’ère Bouteflika, et qui ne s’appuient pas sur des références antérieures pour une étude comparative. Ils étouffent dans le règne de Bouteflika. Avec ses spécificités et ses leaders.
Même s’il y a des voilées parmi les manifestantes, ces jeunes n’ont rien à voir non plus avec l’islamisme. Ils regardent atterrés des émissions télé appartenant à des islamistes notoires qui tentent de récupérer le mouvement. Ils n’en reviennent pas qu’un regroupement de partis de personnalités de l’opposition essayent de réhabiliter des membres de l’ex-FIS. Ils sont dans le dégagisme mais ils vont beaucoup plus loin en essayant de donner un contenu à la deuxième République qu’ils appellent de leurs luttes.
Ont-ils une affiliation avec les combats du passé ? Bien sûr, sinon comment considérer la réappropriation du drapeau national comme emblème de la liberté à conquérir. La révolte des jeunes d’aujourd’hui a rejoint celle des jeunes Algériens de 1954. Ils se battent avec d’autres armes, celles de leur temps : citoyenneté et pacifisme. Entre les luttes de 1954 et les luttes actuelles, il y a eu des étapes intermédiaires : Avril 1980, Octobre 1988, 2001. La même histoire qui se décline à chaque séquence avec ses spécificités et ses leaders.
Le pouvoir dans son moteur occulte aurait tort de recycler ses cadors pour garder la main en créant l’illusion que les choses ont changé. Les vieux militants qui n’ont jamais désarmé, et sur l’expérience desquels le mouvement pourrait s’appuyer, auraient tort, quant à eux, d’apporter leur contribution dans un paternalisme déplacé. Les jeunes n’en veulent pas. Et il faut leur faire confiance. La génération de l’après-indépendance a rejeté les histoires de la guerre d’indépendance avec la confiscation de la mémoire transformée en rente. De la même façon, la génération de l'anti-Bouteflika rejette les luttes intestines issues des conflits des années 1990.
Ce que les militants des générations précédentes peuvent apporter à leurs enfants, c'est sûrement la maturité, le sens de la responsabilité et tout cela dans l'humilité.
A. M. 

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