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Rubrique Ici mieux que là-bas

Le Covid-19 et les «grandes démocraties» ?

Une des conséquences de ce virus qui fait peur à tout le monde, c’est qu’il montre bien la ligne de fracture entre les Etats et les systèmes portés plutôt par une philosophie des solidarités et ceux qui sont confinés dans leurs égoïsmes gigognes. Pareil pour les hommes !
Mais tout cela est de l’ordre du lieu commun. Pourtant, n’est-il pas indiqué de rappeler, par exemple, que quand l’Italie, membre fondateur de l’Union européenne, s’est trouvée dramatiquement vulnérable face une épidémie qui la mettait à genoux, ce ne sont ni l’Allemagne ni la France qui volent à son secours? Ce sont ces «ennemis» que l’Occident ne cesse de diaboliser, comme la Chine, Cuba, la Russie ou le Venezuela. Ce sont ces affreux «communistes» tardifs qui continuent à avoir le couteau entre les dents.
Idem pour d’autres pays fragiles. Les faits sont là : ce sont les Etats-Unis, la France, l’Angleterre et d’autres «grandes démocraties» (j’ai hésité à mettre les guillemets, finalement, j’opte pour) qui sont prompts à envoyer leurs armes et leurs troupes à l’assaut des peuples en Irak, en Syrie, en Libye dès qu’il y a une odeur de matière première stratégique à pomper, souvent d’ailleurs au nom de l’humanitarisme, et ce sont des pays autoritaires qui envoient une aide humanitaire concrète dans un contexte aussi tragique pour tout le monde.
L’Allemagne, claquemurée dans son égoïsme, s’active, les yeux fermés sur le reste de l’Europe, à juguler, chez elle, la propagation du virus, en ignorant ce qui se passe chez ses voisins et alliés européens, certains naufragés comme l’Italie. 
Les Etats-Unis de Trump coupent tout contact avec le monde extérieur pour sauver le pays et faire redémarrer l’économie à n’importe quel prix. Ce n’est pas aujourd’hui, et sous Trump, à supposer qu’elle ait jamais existé, qu’on applaudirait  l’aide américaine aux pays en difficulté. 
La France, quant à elle, se noie dans une éprouvette. Outre visiblement la gestion catastrophique de la crise sanitaire, quelque chose dit qu’on cherche à sauver les banques. Mais il est quand même opportun que cette crise fasse revenir le gouvernement sur sa politique ultralibérale de démantèlement de l’hôpital public. D’autres «grandes démocraties» ? Toutes coincées dans leur quant à soi, insensibles à la détresse des autres, continuent leurs deux poids, deux mesures sans ciller. Comment de si grandes puissances qui dépensent sans compter pour les engins de la mort lorsqu’il s’agit de frapper les peuples  peuvent-elles se retrouver sans masques de protection et sans kits de test ?
Prenez Israël qui, comme on le sait, se qualifie de démocratie. On jette les travailleurs palestiniens comme des malpropres car ils représenteraient un danger. Soumise à embargo, démunie, occupée, la Palestine souffre doublement. «Nous avons maintenant deux ennemis : l’occupation israélienne et le coronavirus. Les deux sont des ennemis de l’humanité», disait une habitante de Cisjordanie à un journaliste français. En plus de révéler de nouvelles fractures, l’épidémie de coronavirus précise des traits de caractères que l’on savait ou devinait.
La violence, la soudaineté et la radicalité de la situation géopolitique engendrée par la pandémie précisent les inégalités anciennes entre pays et à l’intérieur des pays face à la maladie. Elles mettent à nu les lézardes dans des ensembles géopolitiques bâtis sur les intérêts financiers comme l’Union européenne.
Comment peut-on supporter que l’Iran soit soumis à embargo dans un tel contexte, et la Palestine isolée ?
Après la sidération,  les sociologues ont commencé à inventorier ce en quoi la pandémie peut changer la sociologie du monde contemporain. On admet généralement que les politiques mues par une logique de solidarité et de soutien aux plus défavorisés, s’appuyant sur des Etats forts et autonomes par rapport à la puissance du marché, sont plus efficaces dans la lutte contre ce genre de crise car elles visent moins le profit que sauver des vies humaines. C’est donc un système, le capitalisme et ses excès, qui est interrogé dans son essence d’otage du marché et de système de l’égoïsme social opposée à la solidarité sociale.
Les philosophes aussi trouvent matière à réflexion dans cette mutation brutale de l’humanité qui, prédatrice vis-à-vis d’elle-même et de la nature, se surprend victime relativement désarmée d’un virus qui est sorti probablement de ses propres laboratoires. Il y aura un après-coronavirus dans la manière d’appréhender le monde, surtout pour ceux qui en payeront la facture la plus lourde. En Italie, rapportent de nombreux témoignages par exemple, l’arrivée de médecins et d’aide médicale cubains a effacé d’un trait, dans les préjugés, l’image négative que les médias et les politiques donnent de l’île caraïbe socialiste.
Les tares des grandes démocraties apparaissent dans tout leur éclat sombre et elles mettent en cause un système qui a détruit la planète avant de s’en prendre aux hommes pour la recherche goulue et infinie du profit.
L’après-corona sera aussi sans doute une prise de conscience que le capitalisme triomphant est allé trop loin dans le pire.
A. M.

 

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