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Rubrique Ici mieux que là-bas

Le jour d’après !

Dont acte ! On rêvait de mieux, pour dire vrai. Il y aurait eu dans d’autres circonstances mille raisons de se réjouir que la crise déclenchée par la volonté ubuesque de Bouteflika de se représenter pour un cinquième mandat se termine par une élection présidentielle. Mais, voilà !
Ce processus électoral est loin de s’être déroulé dans des conditions idéales. Sont-elles seulement normales ? Même pas, évidemment ! Pas même le minimum de garanties de sérénité et de loyauté pour que l’acte de voter ait un sens. Cette élection présidentielle, décidée manu militari, a été rejetée par une grande partie des Algériens et soutenue par quelques-uns, dont certains de bonne foi. Depuis le 22 février, les arguments des uns et des autres sont sur la table, le Hirak défendant les siens massivement avec détermination et pacifisme, et les autres en utilisant la force de l’Etat, les moyens de communication publics et l’administration étatique.
Le Hirak réitère depuis 9 mois qu’il s’agit, avant tout, de mettre tout à plat et de repartir sur des bases assainies dans le but de construire un Etat de droit dans lequel la seule sacralité possible et envisageable est la souveraineté populaire. On oppose à cette mobilisation inédite et exemplaire par son pacifisme et sa teneur patriotique qui s’abreuve aux sources de la révolution algérienne confisquée, des arguments friables selon lesquels ce mouvement d’insurrection citoyenne jouerait le jeu... de l’étranger. Point barre ! Les partisans du Hirak seraient, selon eux, des « vendus », des « traîtres », et on en passe. Mais les bénéficiaires de ces noms d’oiseaux sont bien trop nombreux pour qu’on prenne au sérieux ces accusations !
Nous avons assisté à une élection certainement inédite avec une bonne dose de surréalisme figurée, d’un côté, par des millions de manifestants dans les rues opposés au scrutin, et de l’autre, par le spectacle d’une télévision d’Etat qui, avec un flegme presque britannique, tenait un discours triomphaliste sur le succès des élections, scotomisant les lazzis de protestation sortant de milliers de poitrines, sous les fenêtres mêmes du boulevard des Martyrs. Laquelle télévision n’hésita pas à appeler à la rescousse de vieilles images éventées dans lesquelles des téléspectateurs ont pu reconnaître certains de leurs parents décédés depuis bien longtemps.
Et si cela n’était que le problème principal ! La question toute simple, pragmatique, est de savoir ce que pourrait bien peser politiquement un Président « élu » dans le tumulte et le refus de millions de gens, manifestant dans la rue depuis 42 semaines, le fardeau de dizaines de prisonniers d’opinion, de centaines d’interpellations, et dans ce climat de tension.
Le jour d’après, vendredi 13, jamais le Hirak n’a été aussi impressionnant, massif, pugnace, cohérent et efficace. Jamais autant de manifestants décidés n’ont clamé, devant le fait accompli du passage en force, à quel point ils restent sur leur première position, celle des débuts du Hirak, c’est-à-dire la remise en cause du système vermoulu lui-même après avoir contesté le 5e mandat, à travers ses structures claniques et clientélistes, et ses hommes, dont certains sont en passe d’être recyclés ostensiblement dans une donne nouvelle.
Il est difficile de comprendre ceux qui disent que le Hirak n’est plus ce qu’il était originellement, et qu’il a été dévoyé par les manipulations et les infiltrations au point d’en devenir méconnaissable. S’il est normal que ses ennemis arguent de telles choses pour s’en démarquer et le délégitimer, il n’en demeure pas moins que ces motifs ne résistent pas à l’analyse.
D’abord, il est plus juste de dire que c’est à l’origine, et non dans ce qu’il est devenu, que le Hirak a dû vraisemblablement été manipulé. Sa naissance mature est en soi une source d’interrogation. Mais, comme tout mouvement populaire, même si un doute plane sur sa naissance, il a fini par s’affranchir des desseins de ses éventuels concepteurs, parce qu’il a trouvé à se greffer sur de vraies revendications et a rencontré un peuple déterminé à recouvrer ses libertés et sa souveraineté. Le plus intéressant, c’est que le Hirak est arrivé à unir l’Algérie dans la diversité de ses tendances politiques, de ses régions, de ses générations et à aplanir les antagonismes idéologiques qui jadis, sur l’instigation du pouvoir qui avait intérêt à ce qu’il en soit ainsi, se tapaient dessus.
Le résultat est là en ce jour d’après où ces différentes tendances, auxquelles se rallieront probablement les courants politiques qui ont certainement par opportunité participé à l’élection avant de se réveiller, continuent à renforcer un mouvement qui avait prévu de survivre à la présidentielle car ses objectifs sont, à long terme, ceux de refonder ce système, si possible sans ses résidus. Une des premières déclarations de l’heureux «élu», Abdelmadjid Tebboune, est de tendre la main au Hirak. Outre que c’est un peu tard, il s’agit de ne pas la tendre à côté car, en réalité, ce devrait être au mouvement populaire de décider avec qui il veut dialoguer et non l’inverse.
C’est ainsi qu’il devrait en être dans un pays qui s’est libéré par un mouvement populaire.
A. M.

 

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