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Rubrique Ici mieux que là-bas

Mes fausses notes

Première fausse note, elle concerne Jean Daniel : les hommages pleuvant, les nécrologies bien au chaud dans le sous-main pouvant enfin servir, on ne peut économiser son écot de larmes devant la mort, à 99 ans, de Jean Daniel, le fondateur du Nouvel Observateur et éminente figure de la presse parisienne. On est à gauche ou on ne l’est pas ! Mais encore…
Né en 1920 à Blida dans une famille juive séfarade, Jean Daniel Bensaïd, futur Jean Daniel, était fils d’un ouvrier devenu un riche minotier. Ses biographes s’accordent à considérer que, depuis l’adolescence, il était engagé à « gauche ». Etudiant en philosophie à l’Université d’Alger, il rejoint, en 1943, les Forces françaises libres. En 1945, démobilisé, il s’installe à Paris où il entre au cabinet socialiste de Félix Gouin, président du gouvernement provisoire de la République française, dont il rédige les discours.
C’est en intégrant la rédaction de la revue Caliban (1947/1951) qu’il adopte le pseudonyme de Jean Daniel. En 1947, il se lie d’amitié avec son pays, Albert Camus. A partir de 1949, il devient directeur de Caliban. Dès lors, il se spécialise dans la couverture journalistique de la question coloniale et les mouvements indépendantistes dans les colonies.
Il entre à l’hebdomadaire l’Express où il écrit son premier article sur l’Algérie en guerre le 6 novembre 1954. Une année plus tard, il en devient rédacteur en chef. En 1956, rupture avec Camus : Jean Daniel se déclare en faveur de négociations avec le FLN et pour l’indépendance de l’Algérie, la position de Camus étant aux antipodes.
En novembre 1954, il quitte l’Express pour fonder et diriger Le Nouvel Observateur « point de rencontre de toutes les composantes de la gauche non communiste ».
En 1960, la revue Les Temps modernes de Jean-Paul Sartre le présentait « comme l’apôtre d’une « gauche respectueuse » déjà soumise à l’ordre gaulliste ».
Après l’indépendance de l’Algérie, devenu une figure importante de la presse Rive gauche, Jean Daniel aura d’excellents rapports avec tous les pouvoirs algériens, y compris les moins fréquentables. Son attachement à l’Algérie restera intact jusqu’au bout. Il aimait, comme le rappelait nombre de ses amis algériens, offrir des tribunes à ses compatriotes.
Mais son hebdomadaire, Le Nouvel Observateur, influent, finira par être assimilé à cette « gauche caviar » prompte à l’autocongratulation des élites et au copinage.
En 1977, lors d’une conférence de rédaction au journal, un confrère pose à Jean Daniel la question suivante :
- Quand on écrit un livre ou qu’on fait un film, que faut-il faire pour que le Nouvel Observateur en parle ?
Jean Daniel répond :
- Vous voulez dire quelle est la part de copinage ? Eh bien, à mon avis, elle est assez grande (rires). Le tout est de savoir si nos copains sont dignes d’être nos copains. Nous finissons par évoluer dans des cercles. Les uns écrivent, les autres peignent ou font de la musique. Oui, il y a des côtés un peu complaisants. On est un peu content de faire partie de l’aristocratie.
Deuxième fausse note hirakienne : au 53e vendredi du Hirak, je trouve que la magie opère toujours. Je sais, ça paraît une sacrée fausse note dans le concert des Cassandres mais c’est comme ça. Pas la magie béate, non, mais quelque chose qui procède de l’ordre du miracle concret. Un exemple tout banal : à la marche d’Alger de vendredi dernier, imposante en dépit des restrictions routières destinées à empêcher un afflux vers la capitale, il y avait, en bas de la Fac centrale, une sorte de goulot d’étranglement qui faisait qu’on avait du mal à marcher tant on était serrés. Pourtant, pas un seul incident, pas une seule bagarre, pas un seul énervement.
Ne serait-ce que pour ça, on voit bien que quelque chose a changé dans ce pays. Politiquement, où en sommes-nous ? Ce sont des discussions intenses entre les membres du Hirak pendant les marches mêmes. Finalement, quand on marche le vendredi, on trouve là les meilleurs commentaires de l’actualité nationale, et les analyses les plus audacieuses. C’est incroyable combien cette fameuse « intelligence collective » produit du sens et du bon sens ! Tous ces « penseurs » dont la turbine tourne dans le vide devraient s’immerger un brin dans le Hirak pour en prendre de la graine.
Comme les commentaires externes paraissent dérisoires vus de l’intérieur du flot humain !
Troisième et dernière fausse note, parler des… avions : grève de notre compagnie nationale d’aviation. Pourquoi diable une grève, qui est un acte noble pour obtenir ses droits, prend-elle cette allure de rejet dès qu’on l’associe à cette compagnie. Sans doute à cause du fait que ce sont les passagers qui en pâtissent. Mais pas seulement. A cause aussi de l’image de la compagnie nationale qui est à restaurer aux yeux des Algériens. Totalement. Un dernier mot sur ces histoires d’avions : je voudrais dire à Air France de cesser de donner à ses passagers à destination d’Alger des sandwichs pour… enfants de maternelle. Quand on les reçoit, on se demande si ce n’est pas une plaisanterie. Au moins un truc sur lequel notre compagnie nationale fait mieux.
A. M.

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