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Rubrique Ici mieux que là-bas

Mur de Berlin et Hirak dialna

Chute du Mur de Berlin, 30 ans déjà. Ce qui est formellement sûr, c’est que, de son temps, on ne pouvait pas être hittiste adossé au Mur de Berlin. Inconcevable ! Il était tellement gardé du côté Est comme du côté Ouest qu’on ne pouvait s’en approcher. C’est par-dessus cette construction de béton surmontée de barbelés que les deux systèmes qui se partageaient le monde se regardaient en chiens de faïence en une redoutable Guerre froide. L’effondrement de ce mur, il y avait trente ans jour pour jour hier 9 novembre, a entraîné une nouvelle configuration de ce dernier. Les ennemis acharnés du communisme ont salué le triomphe du capitalisme sur le premier. Mais ils déchanteront très vite car la chute de l’URSS a façonné un monde unipolaire où les Etats-Unis sont devenus une hyperpuissance dont les diktats ne rencontrent aucune contrariété.
La consécration de cette puissance a engendré des guerres comme jamais et la domination d’un capitalisme financier sans vergogne, dont la seule religion, le profit jusqu’à l’indécence, a creusé les inégalités à un point inédit dans l’histoire du monde moderne. Guerres, démembrements de nombreux pays de l’ancien bloc socialiste par la montée des nationalismes belliqueux, surgissement des forces politiques d’extrême droite souvent raciste et xénophobe ! C’est à croire que le Mur de Berlin était aussi, quelque part, un mur de soutènement qui contenait toute la violence du capitalisme offensif qui va transformer des zones entières de la planète, comme le Moyen-Orient et l’Extrême-Orient, en terres de guerre et d’instabilité.
L’Histoire étant écrite par les vainqueurs, on ne retient de la chute du Mur de Berlin que la dislocation du goulag, jamais la disparition du contrepoids qui empêchait que le capitalisme, dans sa version la plus rapace et la plus avide de richesses, agisse dans la plus grande impunité.
Donc, c’est un anniversaire. Une date marquée comme une faille sismique qui a englouti un monde qui s’était forgé dans les spasmes et les convulsions, parfois libératrices, petit à petit depuis la Révolution d’Octobre 1917.
Nous voici trente ans après le 9 novembre 1989. La gauche, dans le monde entier, est tombée dans l’hébétude. Des générations entières de militants du progrès, à travers le monde, ont perdu leurs repères. Devant l’immensité du triomphe du capitalisme dans sa version la plus impitoyable, la gauche ne sait pas par où commencer pour se reconstruire. La chute du Mur de Berlin a accumulé les gravats, partout dans le monde. La reconstruction devient une tâche gigantesque et inédite.
Pourtant, on n’a jamais fait autant appel aux théoriciens du communisme sur la base de la critique du capitalisme, comme Karl Marx, pour comprendre la démence du capitalisme de ce XXIe siècle. Les dérégulations successives de l’économie mondialisée culminent dans des dérèglements sociaux et politiques qui donnent une image moyenâgeuse du monde, en dépit des progrès technologiques fulgurants, par les disparités, les inégalités, les injustices. Le tableau est saisissant : de plus en plus de pauvres, plus pauvres que jadis sont écrasés par une poignée de riches entre les mains desquels se concentrent d’infinies richesses extorquées aux peuples et aux travailleurs.
Ce n’est pas qu’on regrette le rideau de fer, bien entendu. Mais le monde unijambiste que la disparition du camp socialiste a forgé est trop moche, de misère et de guerre, de réfugiés, de déplacements de populations.
Le Hirak dialna a atteint sa 38e semaine déjà et il aura, on l’espère, la vie longue. Franchement, sous peine de tourner en rond, ce qui est fâcheux pour aller de l’avant, on ne sait pas trop comment commenter cette nouvelle séquence coriace d’un feuilleton du combat et de l’espoir. Comme tous mes potes, je crois que j’ai épuisé ma réserve de qualificatifs admiratifs. J’ai vidé aussi ma besace des appréhensions devant la rigidité du pouvoir. C’est pourquoi je veux souligner un nouvel étonnement, si j’ose dire, qui m’en a bouché un coin. Bien sûr, je crois qu’on ne peut pas dire que l’Algérie est constituée aujourd’hui de deux camps exclusivement, les hirakistes d’un côté et les cachiristes de l’autre. Il est des gens qui ont des réserves sur le Hirak sans être pour autant des cachiristes.
J’en ai rencontré quelques-uns. Ceux dont je parle furent des militants de partis de gauche qui, avant la chute du Mur de Berlin, étaient les tenants d’un stalinisme féroce. Puis les voilà convertis à des positions qui les poussent à s’opposer à l’expression de ce peuple, auquel ils vouaient une sorte de culte parfois outrancier et souvent manipulatoire, à vouloir peser sur son propre destin. La position est tout simplement ahurissante aux yeux de qui les a connus dans une autre vie.
Arguments ? Le Hirak est manipulé ! Nous voilà revenus aux temps où le Printemps berbère était l’œuvre de la main de l’étranger, les événements d’Octobre 1988 kif-kif, le Printemps noir aussi, et on en passe. Nous voilà donc revenus aux temps où l’on considérait ce peuple incapable de se soulever par lui-même, un troupeau de moutons que n’importe quelle main de l’étranger peut conduire où bon lui semble. Quoi de plus insultant pour le Peuple de Novembre !
Bien entendu, tout le monde s’accorde à voir dans une certaine perfection organisationnelle et civique le signe de ce que les premières manifestations n’étaient pas aussi spontanées qu’on pourrait le croire. Mais le mouvement a vite progressé car il est venu se greffer sur une volonté de changement qui mûrit depuis des années.
Et au moment où il devient une force mature et responsable, on veut le renvoyer aux limbes. Peut-être que le mur n’est pas tombé partout !
A. M.

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