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Rubrique Kiosque arabe

Après Sidi Okba, sidna Ibn Abdelwahab ?

Mohamed Ben Salmane (MBS pour les médias sympathisants ou non) veut se mettre à l'heure Biden, au diapason de la nouvelle Amérique qui veut exorciser les fantômes de Trump and co. En Occident, on aurait pu écrire que MBS a mis de l'eau dans son vin, mais il ne s'agit pas d'irriter l'héritier officiel du trône saoudien, sous lequel même le soleil pourrait élire domicile. Que retient-on alors dans les médias occidentaux du discours-fleuve, encore une expression non seyante, de l'homme fort du royaume saoudien qui reste plus que jamais l'allié des États-Unis ? Sujet numéro un, l'Iran : grand seigneur, MBS dit qu'il faudra envisager d'avoir des relations de bon voisinage avec l'Iran, et le pays d'Omar Khayam a très vite répondu à la petite étincelle. Ceci expliquant cela, il a ouvert aussi des perspectives pacifiques au Yémen où les populations subissent de plein fouet la guerre fraternelle que mène le royaume contre l'ennemi chiite. On fait la paix, et du coup les ennemis chiites se révèlent être finalement des Yéménites à part entière, même s'ils n'en avaient pas l'air, et tout le monde regagne son foyer naturel. Bien sûr, l'Iran s'engagera à laisser ses cellules dormantes suivre le cours de leur sommeil, y compris au Maghreb, et l'Arabie Saoudite s'engagera à en faire de même les siennes. 
Sauf que dans cet accord, en devenir, il y a un détail qui me chiffonne, qui me perturbe même : les cellules saoudiennes ne sont pas dormantes, et celles qui le sont ne le font que d'un seul œil. Je dirais même qu'elles ont fait, et font encore, un travail de conversion et d'hypnotisme religieux, qui n'a pas son pareil, et que les résultats s'en ressentent dans notre vie quotidienne. Mais comme il s'agit de notre vie, et que nos malheurs n'altèrent pas leur sérénité et leur quiétude, les Occidentaux n'ont que faire du travail de sape du Wahhabisme, dans notre monde. Songez que même la France, plongée dans le wahhabisme jusqu'à Brest, est touchée au plus profond de ses villes et de leurs banlieues par ce fléau, relativise encore l'Islam saoudien. Les Français et quelques pays européens en sont encore à s'inquiéter du danger que représente la Syrie de Béchar Al-Assad, disloquée, alors qu'il y a péril imminent en leurs demeures. Finalement, les seuls à prêter attention aux propos de Mohammed Ben Salmane sur la wahhabisme, ce sont les victimes directes de ce rite érigé par l'argent et le mensonge en islam universel. N'ayant pas suivi l'interview, très longue et aussi lassante que ses modèles de nos chaînes locales, j'ai dû me contenter des reprises et des lectures qu'en ont faites les médias arabes. 
Voyons un peu ce qu'il a dit : d'abord un demi-mensonge si ce n'est un gros, avec cette affirmation suivant laquelle l'Arabie Saoudite est la cible principale des projets terroristes, oubliant la Syrie, la Libye, etc. Mais il a aussi coupé la route à ceux qui font le distinguo entre les actions terroriste et leur légitimation: toute personne qui fait sienne une idéologie extrémiste est un criminel au regard de la loi, même si elle n'a pas commis d'actes terroristes, a-t-il dit. Et il a ajouté, ce qui est moins rassurant : «Pas de châtiment en matière de religion, sans un texte coranique clair, ou de la sunna», sans préciser s'il s'agit de la compilation actuelle des hadiths. Peut-on supposer qu'il s'agit d'expurger la sunna des hadiths les plus douteux, tels que validés par Boukhari et Muslim, et que MBS a déjà critiqués par le passé et a promis de réformer. Cette fois-ci, il a décidé de s'attaquer carrément à la pièce maîtresse idéologique du pays, à savoir Mohammed Ibn Abdelwahab, partenaire de Mohamed Ibn Seoud, le fondateur du royaume. Il ne s'est pas enhardi toutefois à disqualifier totalement le pilier religieux des Saoudiens, en précisant que la Constitution du pays serait le Coran, avec la législation issue de la sunna. Mais il a quand même remis l'idéologue de la monarchie dans sa tombe, en ajoutant que la déification des hommes était révolue. 
On attendait évidemment la réaction des théologiens saoudiens qui ont déjà fait leur mea culpa, en reniant la «Sahwa», ou éveil de l'Islam, source de tous les maux que nous avons connus. Comme on pouvait s'y attendre de la part des pseudo-ulémas, en général, les «grands savants» de l'Islam saoudien, nourris à la mamelle wahhabite et propagandistes zélés du rite ont fléchi. Comme gênés aux entournures, ils veulent bien retenir du discours de Mohammed Ben Salmane le fait qu'il a redit que la Constitution du royaume et sa voie permanente étaient le Coran et les hadiths les plus authentiques. Le communiqué des ulémas saoudiens insiste aussi sur la règle du juste milieu, et de la modération qui est aussi devenue la leur sous l'injonction de l'homme fort du pays. Et ils concluent par un dernier outrage à leur maître Ibn Abdelwahab : «Ce qu'a affirmé Ben Salmane sur ce que devaient être les références des musulmans, en tant qu'individus ou groupes, à savoir le Coran et la sunna du Prophète, sans s'attacher à un rite donné ou à un théologien. C'est d'ailleurs ce que recommandent les textes authentiques bien compris». Ce n'est pas tout à fait un exercice de repentance comme ceux qu'ils ont déjà fait sous l'emprise de la peur, mais ces «savants» illustrent une fois de plus la fragilité de leur foi, devant la menace. 
Ma requête à Mohammed Ben Salmane : puisque tout le monde a oublié l'assassinat de Kashoggi, et vos passages en force, pourriez-vous faire l'effort de déwahhabiser aussi le Maghreb, au même rythme que chez vous ? Ou bien devrons-nous nous résigner à accueillir les cendres de Mohammed Ibn Abdelwahab, aussitôt que
vous aurez décidé de vous en débarrasser ?
A. H.

 

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