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Rubrique Kiosque arabe

De l'hypocrisie religieuse, en général

Lorsque le pouvoir qui s'exprime présentement en képi parle de «la bande», on sait qu'il s'agit de la bande des détenus de Blida à laquelle s'ajoutent quelques supplétifs d'El-Harrach. Là au moins, il y a une précision relative, et une identification quasi certaine, à une unité près, des personnes impliquées dans l'association de malfaiteurs. Le peuple qui marche depuis le 22 février connaît encore mieux que quiconque l'existence de «la bande», aussi recourt-il au pluriel lorsqu'il en parle. Quand il interpelle tous les vendredis «les bandes» en leur disant qu'il n'y aura pas d'élections, il parle en connaissance de cause, sachant que cent prisons ne suffiraient pas à les contenir. Ce qu'il faudrait sans doute, et dans le meilleur des mondes optimistes, c'est s'entendre sur la question du nombre, et donc agrandir les cellules des prisons, et préparer l'attelage, avant le laboureur. C'est du moins ce qu'il me semble avoir entendu, et compris, en ce vendredi 30 août, 28e du nom, et se prévalant toujours de la souveraineté populaire, envers et contre tous. Et puisque c'est au nom de cette souveraineté populaire, et en vertu des dispositions obsolètes d'une Constitution taillée sur mesure pour un Bouteflika bis, qu'on prétend élire un Président. Comment fera-t-on pour faire venir aux urnes ce peuple qui dit «non»tous les vendredis que Dieu fait ?
Et à supposer que ce candidat caché, cet homme providentiel, soit déjà dans les coulisses, et piaffe d'impatience avant d'entrer en scène, d'où tirera-t-il la force de changer les choses ? Comment un Président élu au pas de charge, issu sans doute du sérail, et nanti de sa bénédiction, pourra-t-il réformer un système qui l'a engendré, et l'a préparé à cette besogne ? Faut-il croire qu'une solution à la soudanaise, sans les drames, et les effusions de sang, qui ont précédé le règlement de la crise, relèverait du miracle dans cette Algérie dite des miracles ?
Comment parviendra-t-on à régler des problèmes autrement plus importants que ceux de la séparation du religieux et du politique, de l'égalité homme-femme, si on ne tranche pas là ? Si on ignore l'injonction d'un Cicéron : «Que les armes le cèdent à la toge», que le Congrès de la Soummam a traduite plus tard par le principe de la primauté du civil sur le militaire ? Pour vous donner une idée de tout ce qui nous restera à faire, et à changer, une fois que ces problèmes différés depuis 1962 auront été réglés, ces quelques pensées de Said Nachid dans le magazine Shaffaf : - L'hypocrisie c'est de justifier nos catastrophes, et nos malheurs, par notre éloignement de Dieu, alors que nous sommes l'un des peuples de la Terre qui croient le plus en l'existence de Dieu, et qui l'invoquent le plus.
- C'est de rejeter la cause de nos échecs sur nos femmes «coquettes, et dénudées», bien qu'elles soient les plus nombreuses du genre humain à recouvrir leurs corps.
- C'est d'être convaincu, chiffres à l'appui, que les sociétés les plus pratiquantes dans le monde ont les administrations, et les magistrats, les plus corrompus, les politiques les plus menteurs. Là où se commettent le plus de violations de droits, le plus de harcèlements sexuels, et le plus de violences contre les enfants. Puis de dire aux gens que «la cause de la corruption morale est le manque de religion».
- Il n'y a pas d'hypocrisie plus néfaste que de revendiquer l'application de la Charia dans ton pays, puis d'émigrer pour vivre dans un pays laïque.
- Il n'y a pas d'hypocrisie plus scandaleuse que de demander l'augmentation des cours d'Islam dans les méthodes d'enseignement, et d'inscrire ses enfants dans les écoles françaises, britanniques, ou américaines.
- Il n'y a pas d'hypocrisie plus vile que de brûler un drapeau américain à toutes occasions, et d'aller faire la queue devant les ambassades, et les consulats, pour obtenir un visa d'entrée aux États-Unis.
- L'hypocrisie c'est de considérer que toutes les femmes de la création manquent de jugeote, et de religion, que leurs corps sont des parties honteuses, qu'elles sont les suppôts du diable, et le bois du feu de l'enfer. À l'exception de ta mère, puisque le paradis est sous la plante de ses pieds.
- L'hypocrisie c'est de ne pas s'offusquer devant la dépravation générée par la corruption, les pots-de-vin, l'évasion fiscale, la tromperie sur la marchandise, les maffias de la drogue, et de la contrebande. Puis de voir toute la dépravation dans l'image d'une jupe, d'un short, ou d'un baiser sur un tableau célèbre.
- Notre sous-développement ne provient pas du fait que nous nous sommes éloignés de la religion, puisqu'il y a des nations athées qui sont avancées alors qu'elles n'ont pas de religion. Notre échec est dû à notre propre corruption, et à celle de nos dirigeants, et parce que nous sommes trop loin de la science et des sciences. Notre état est encore plus pitoyable puisque nous sommes une nation qui est persuadée que Dieu n'a guidé qu'elle.
- Si un croyant, et un non-croyant tombent à la mer, seul celui des deux qui sait nager en sortira indemne. Car Dieu n'aime pas les imbéciles. L'hypocrisie, c'est d'avoir peur de dire la vérité, et de tolérer le mal.
Ces quelques vérités que l'on se dit souvent en cercle restreint montrent l'étendue du chemin qu'il nous faut parcourir après avoir réglé la question du moment, pour ne pas dire de la transition. Ce qui reste à réaliser est de loin le plus important après l'échéance qui se dresse à nos portes, mais ce n'est pas en reculant qu'on dissuadera l'adversité.
A. H.
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