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Rubrique Kiosque arabe

Le Nobel de la Paix, fauteur de guerre

Qui a dit que le chemin de l'enfer était pavé de bonnes intentions? Qu'importe, puisque Google a toutes les réponses, mais je connais au moins deux personnes qui ne croient pas à la justesse de cette sentence, deux hommes d'État, deux politiciens. Le premier s'appelle Barack Obama, l’ex-Président des États-Unis, et premier impétrant du Prix Nobel de la Paix, décerné à un homme sur ses bonnes intentions, parce qu'il a parlé de paix. Bien sûr, de nombreux Présidents américains avant lui ont parlé de paix au Proche-Orient, et ont même essayé, mais en ménageant la chèvre vorace israélienne, plutôt que le chou palestinien. Obama a fait mieux parce qu'il a fait appel aux sentiments des dirigeants arabes qui ont du cœur à en revendre, malgré les apparences et les imprécations de leurs «peuples immatures». C'était le 4 juin, date de l'opération «Un nouveau départ», lancée au Caire devant un parterre de dirigeants arabes, rois, empileurs de mandats, despotes, etc., suspendus aux lèvres d'Obama. Que leur a-t-il dit en substance ? D'abord qu'il regrettait que ses prédécesseurs à la Maison-Blanche, et notamment les Bush, n'aient pas été justes et équitables avec les Arabes, mais que lui, Obama, ferait autre chose. Il promettait une amitié éternelle non seulement aux Arabes, mais aussi à tous les musulmans, ce qui a doublement ravi son auditoire. 
Pour accompagner ses promesses de paix, il avait bien pris soin de tirer légèrement sur la laisse de la chèvre pour donner un répit au chou, et du consistant au new deal qu'il proposait. Six mois plus tard, Obama recevait son Prix Nobel à Oslo, et le comité d'attribution reconnaissait que sa décision avait été influencée par le contenu et les promesses du discours du Caire. Bien sûr, la paix attend toujours son prophète, et la chèvre continue à dévorer le chou, malgré les appels de son berger américain, et les murmures de protestation de quelques Arabes. Il a bien fallu se rendre à l'évidence chez ces derniers: le fait d'avoir eu un grand-père musulman ne faisait pas pour autant d'Obama un musulman, et encore moins un ami des Arabes. Depuis, l'hypnotiseur du Caire a passé le relais, après avoir échoué à préparer un candidat d'envergure à sa succession et nivelé le terrain pour la victoire de l'indécrottable Trump. Mais n'accablons pas trop ce brave Obama qui a suivi l'exemple de tous les anciens Présidents, et qui a fini par devenir un ami(1) des Arabes après les avoir grugés durant ses deux mandats. Mais ne l'accablons pas trop d'avoir préféré l'allégeance à l'Amérique, et à ses citoyens, plutôt que la fidélité à ses ancêtres africains, et/ou musulmans, un exemple à suivre pour nous.
Oui, n'accablons pas Obama qui a quand même un bilan positif pour son pays, même s'il en est resté aux bonnes intentions concernant les autres, et saluons plutôt la performance qui a suivi. Il s'agit bien, en effet, d'une performance unique en son genre que celle réalisée à Oslo, dix ans jour pour jour, après l'exploit d'Obama, par le Premier ministre d'Éthiopie, Abye Ahmed. Non, ce monsieur n'est pas un musulman comme pourrait le suggérer son nom, Abye Ahmed est né d'un père musulman, Ahmed Ali, et d'une mère chrétienne orthodoxe, Tezta Wolde. Dans cette Éthiopie millénaire qui peine à devenir une nation, être pentecôtiste,(2) avoir un père d'ethnie oromo et musulman et une mère amhara chrétienne devrait être un gage d'espoir. Jusqu'ici, le Prix Nobel 2019 incarnait, en effet, les espoirs d'une Éthiopie pacifiée, puisque ce brillant informaticien, formé aux États-Unis, a mis fin d'entrée à la guerre avec l'Érythrée. L'accord de paix conclu avec l'Érythrée,  qui lui a valu le Nobel de la Paix, devait être la récompense de ses efforts de paix, commencés comme officier des Casques bleus de l'ONU. Seulement, une fois armé, si j'ose dire, de ce label de pacifisme, Abye Ahmed s'est lancé, en novembre 2020, moins d'un an après sa «nobélisation», dans une nouvelle guerre civile au Tigré.
Une guerre sanglante qui pourrait même déborder sur l'Érythrée voisine vers laquelle convergent des dizaines de milliers de réfugiés fuyant les exactions de l'armée éthiopienne. Et ce n'est pas tout, une autre guerre se profile à l'horizon, celle de l'eau avec la mise en service du «Barrage de la renaissance» que l'Éthiopie a édifié à l'embouchure des deux bras du Nil. L'Égypte est un don du Nil, a écrit l'historien Hérodote, et cette affirmation n'a jamais été aussi vraie, et aussi péremptoire, que depuis la construction de ce barrage, trop près du Soudan. Des statistiques singulières chiffrent à 97% la dépendance de l'Égypte des eaux du Nil, et c'est le cas du Soudan, qui a perdu sa partie sud, d'où les menaces d'aller jusqu'à la guerre. L'Égypte et le Soudan ont d'autant plus de raisons d'être inquiets que l'Éthiopie vient de procéder au second remplissage du barrage controversé, sans en avertir au préalable les deux pays. Saisi de ces inquiétudes, le Conseil de sécurité de l'ONU, qui s'est réuni jeudi dernier, a préféré jouer les Ponce Pilate, et a chargé l'Union africaine de rechercher un nouvel accord. Et si vous croyez, enfin, que j'ai suivi tout ce cheminement pour vous entraîner jusqu'à cette satanée Égypte, vous n'avez pas tort !
A. H.

 

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