Placeholder

Rubrique Kiosque arabe

Le pauvre Irak, à titre de comparaison

Pour conjurer l’amertume des lendemains de pantalonnades de nos politiciens, et de leurs séances de reptations collectives, il faut regarder, et lire ailleurs, là où tout devrait être pire. Au Soudan, par exemple, un pays dirigé d’une main de fer par le général Omar el-Béchir, sous le coup d’un mandat d’arrêt international inexécutable, les flagorneurs y sont moins nombreux. On peut aussi chercher des raisons de moins désespérer du côté de l’Irak, en s’apitoyant sur le berceau des civilisations, miné par les guerres, la corruption, et les querelles internes. Trois fléaux qui sont aussi les nôtres, et que nos gouvernants respectifs affirment vouloir effacer de nos sinistres paysages, mais sans y croire eux-mêmes, tout comme nous, depuis le temps. Un confrère irakien, Sherza Shekhani, a lancé une plus vaste recherche, étendue au monde entier, à travers les titres d’actualité du magazine Elaph, où il écrit régulièrement. Les titres qu’il a trouvés, et qui auraient dû, selon toute vraisemblance, le faire figurer au palmarès du pessimisme : «Des Etats européens s’emploient à détruire des viandes bovines importées de Pologne. Poutine annonce la suspension de la participation russe à l’accord sur les missiles. Nouvelle crise au Koweït, entre un député et une ministre, cette dernière ayant falsifié des données et des informations, lors de son intervention au Parlement. Washington invite le Liban à s’assurer que le Hezbollah ne bénéficie pas d’un financement de l’Etat. L’Iran pirate Facebook, au Maroc, et crée des centaines de pages avec de fausses identités. L’actrice Mirihane Hussein s’est présentée à la prison pour y purger sa condamnation à 14 jours de détention, dans l’affaire dite de ‘’L’embuscade de la pyramide’’. Aides émiraties pour plus d’un million de Yéménites, depuis sept mois, en raison de la guerre interarabe. Les autorités irakiennes pourchassent un poète populaire qui a fait l’éloge de Saddam Hussein». On remarque que six sur huit des informations rapportées concernent des pays arabes. «Pouvez-vous lire ces nouvelles, dit-il, et savourer votre café du matin, l’esprit tranquille ? Réexaminez bien ces titres pour savoir dans quelle région en crise nous vivons, en tant que Moyen-Orientaux ! Comment nous vivons notre quotidien avec les évènements politiques, et où en sont arrivées nos populations avec leurs régimes politiques dictatoriaux, et oppresseurs. Mais face à cette quantité énorme d’informations dramatiques, et horribles, qui s’abattent sur nous matin et soir, j’ai trouvé ce titre : ‘’Un ours protège un enfant égaré, deux jours, dans la forêt’’. ‘’Voyez ! Même leurs animaux sauvages sont devenus plus miséricordieux que nous moudjahidine islamistes qui se font exploser au milieu des enfants, et des femmes, dans les rues de nos villes. Quand donc en finirons-nous avec ce mode de vie éprouvant, et pourrons-nous vivre, au moins pour un instant, comme tous les êtres humains ? Que celui qui détient la réponse vienne à notre secours !’’», conclut le chroniqueur. Et peut-on en déduire qu’ailleurs c’est pire que mieux, si j’ose dire ?
Revenons au pays auquel nous ressemblons le mieux, si l’expression est de mise, et si elle paraît acceptable à tous ! Dans la titraille de samedi dernier, citée par Sherza Shekhani, on notera cette information relatant le cas de ce poète populaire, recherché activement par les autorités. Il s’appelle Salah El-Harbaoui, et un mandat d’arrêt a été lancé contre lui en raison de certains poèmes, dans lesquels le poète qui s’exprime en langage populaire, a fait l’éloge de Saddam. La Constitution irakienne, élaborée après la chute de Saddam en 2003, interdit, en effet, toute référence élogieuse au parti Baath qui dirigeait l’Irak, avant l’intervention américaine. En exécution du mandat d’arrêt lancé contre Salah El-Harbaoui, la police irakienne a investi son domicile, dans la ville de Souk-Al-Chouyoukh, au sud du pays, mais le poète n’y était plus. Lors d’un rassemblement funéraire, il a renouvelé ses attaques contre les partis politiques, et le gouvernement, irakiens, régulièrement accusés d’être responsables de la pauvreté, et de la corruption. A propos des partis, il a eu ce jugement cinglant : le monde entier craindrait l’Irak, si ses partis avaient une quelconque valeur. Il a également critiqué la visite de Trump aux soldats américains stationnés en Irak, en décembre dernier, affirmant que le Président américain faisait comme s’il était chez lui en Irak. 
Accusé de faire l’apologie du Baath dans ses poèmes, il a affirmé qu’il avait eu 16 martyrs dans son entourage, au temps du parti déchu. Salah El-Harbaoui a, semble-t-il, commis la provocation de trop avec cette adresse à Saddam : «Ô Abou-Ouddaï (prénom du fils aîné de l’ancien Président), je te déteste, mais je t’aime aussi beaucoup, parce que tu sais reconduire l’agresseur chez lui». Écrivain satirique, et critique virulent des autorités politiques, et religieuses, en Irak, Ala Mejdoub n’a pas eu le même destin, puisqu’il a été tout simplement assassiné samedi dernier à Kerbala. Alors qu’il regagnait son domicile, un groupe armé dissimulé dans l’encoignure d’un magasin proche a fait feu à plusieurs reprises sur l’écrivain qui a été criblé de 17 balles, selon les médias. Malgré ce drame, et le système gangréné qui dirige l’Irak, je ne suis toujours pas convaincu que l’Irak est le plus mal loti des pays apparentés. C’est vrai que l’Irak a une présence américaine plus importante, et plus visible, comme celle en uniforme, et dans les bases militaires que constituent autant de morceaux de territoire américain. Mais il est vrai aussi que si le régime Saddam Hussein a été impitoyablement tyrannique, l’Irak n’a pas été détruit de l’intérieur, mais par une invasion militaire étrangère.
On pourra toujours épiloguer sur la puissance perdue de l’Irak, et invoquer sans risque de faire rire la main de l’étranger dans les évènements qui l’on relégué au rang de pays enlisé dans la pauvreté. L’Irak a enterré Saddam sans parvenir à renouer avec le progrès, et à redémarrer la machine du développement et de la modernité que différents dirigeants irakiens ont mise en route. 
Aujourd’hui, l’Irak ne fait plus envie, ni même pitié, mais ses édentés, et ses déjantés, n’investissent pas les médias, et n’accaparent pas les pouvoirs, juste pour devenir la risée du monde entier. Ce que nous sommes devenus, avec nos mascarades électorales, notre cache-sexe démocratique, et notre pluralisme de pacotille.
A. M.

 

Placeholder

Multimédia

Plus

Les + populaires de la semaine

(*) Période 7 derniers jours

  1. Affaire USM Alger - RS Berkane La décision de la CAF tombe !

  2. Coupe du monde de gymnastique L'Algérienne Kaylia Nemour s'offre l'or à Doha

  3. Demi-finale aller de la Coupe de la CAF Le match USM Alger - RS Berkane compromis, Lekdjaâ principal instigateur

  4. Le stade Hocine-Aït-Ahmed de Tizi-Ouzou pourrait abriter le rendez-vous La finale se jouera le 4 mai

  5. Coupe de la CAF, le match USMA-RS Berkane ne s’est pas joué Les Usmistes n’ont pas cédé au chantage

  6. Temps d’arrêt Lekdjaâ, la provocation de trop !

Placeholder