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Rubrique Kiosque arabe

Le vrai combat, selon Hassan Nasrallah

Erdogan qui souffle le chaud et le froid à nos frontières, mais annonçant plus sûrement un énorme incendie, plus conforme à sa vocation tyrannique et à son rêve ottoman démesuré. Si le rêve est sans commune mesure avec les capacités à le réaliser, l'approche et la méthode en revanche sont empreintes du réalisme et de la méthode pratiqués naguère par les Ottomans. Ce qui consiste à utiliser la «main-d'œuvre» locale ou ramenée d'autres pays dominés contre les résistances des régions réfractaires et pour asseoir la domination de la «Sublime Porte». Que ce soit en Syrie, avant et après la chute du califat de Mossoul, ou en Libye, demain, si ce n'est déjà fait, Erdogan n'envoie pas des soldats turcs d'origine mais de futurs citoyens turcs. Si jamais ils en reviennent vivants, bien sûr, parce que le Président turc ne fait pas de tels calculs en vain, et c'est à se demander si ces mercenaires ne seraient pas kurdes en majorité. Car, en plus d'avoir neutralisé une partie des Kurdes de Turquie en les intégrant dans la vie politique et dans le système de redistribution de la rente, Erdogan a fait de même en Syrie. Il a créé des milices à sa dévotion et sans doute récupéré des combattants de Daesh, appelés à combattre pour un nouveau califat. Sans compter les dizaines de milliers de réfugiés syriens en Turquie, à qui il a donné le droit de voter pour lui.
Guerre des mots entre l'Iran et les États-Unis, mais qui peut dégénérer puisqu'il est prouvé aujourd'hui qu'aucun des deux pays qui s'invectivent n'est dirigé par un homme assez sage.
Khamenei, qui a des mots qui giflent, qui cinglent au visage de Trump qui en a reçu d'autres, mais qui se sent aussi blessé que la dizaine de ses soldats qui ont tardé à évacuer leur base en Irak. Il a été démontré, cependant, et de la manière tragique que l'on sait sur un avion civil ukrainien, abattu avec ses 176 passagers, que les missiles iraniens pouvaient aussi tuer des civils. Dans ce décompte macabre, chaque pays concerné y est allé de son bilan, et tout le monde semble avoir oublié que près de la moitié des victimes étaient des passagers iraniens. D'ailleurs, et à moins que je ne me trompe, je n'ai trouvé nulle part la trace d'excuses de l'ayatollah ou des officiels iraniens au peuple d'Iran, le plus touché par le drame de l'avion. Mais qui se soucie du sort du peuple iranien et des autres peuples, qui vivent sous les plus impitoyables des dictatures et dont le sort n'émeut personne, tant que des intérêts sont en jeu ? On en sait quelque chose. Tout comme la Turquie, l'Iran est aussi présent en Syrie aux côtés de Bachar Al Assad, et sans doute en Libye, on ne sait jamais, mais il est omniprésent au Liban où il a acquis droit de cité.
Sous prétexte de combattre Israël, le Hezbollah iranien, naturalisé libanais, a pris en otage un pays jadis prospère et il a contribué à sa ruine en y faisant et défaisant les gouvernements. Plus récemment encore, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui prétend se battre pour les classes indigentes, n'a pas accompagné le Hirak libanais, mais il l'a combattu, au contraire. Il vient d'ailleurs de révéler ses priorités, au nombre desquelles la libération de la Palestine ne figure plus, et dont la plus importante à ses yeux est d'instaurer la domination du chiisme. Certes, il a énoncé certaines absurdités, comme celle de faire remonter les origines de son allié Michel Aoun, le Président libanais, au calife bien guidé, Ali Ibn Abi-Taleb. Pour lui, Djezzine, la ville natale de Michel Aoun, était chiite dans l'ancien temps, puis elle s'est christianisée, tout comme Tripoli, chiite il y a un siècle, est devenue sunnite. Il ne préconise pas de solution à la crise, en dehors du projet chiite, mais il affirme que pour lui la «guidance du théologien» (wilayat alfaqih) a la primauté sur la Constitution libanaise. Nasrallah affirme aussi sans ambages que sans le Hezbollah, la Syrie serait déjà tombée, ce qui n'est pas totalement vrai. Il souligne, cependant, que son organisation n'est pas allée en Syrie pour sauver Bachar Al Assad, mais pour y renforcer la présence du chiisme.
Tout ceci peut porter à croire qu'il y a une vraie guerre entre le chiisme et le sunnisme, mais ce sont des signaux qui sont surtout reçus par les bons peuples, pieux et naïfs, du monde arabe. Le réalisme, dicté par les intérêts nationaux et/ou de clans au pouvoir, autorise les alliances les plus inattendues, y compris celles que l'on dit communément contre nature ou diaboliques. Quant à la supposée guerre entre le chiisme et le sunnisme, censée raffermir le sentiment d'appartenance religieuse, les hostilités s'étaient estompées avant d'être ravivées au vingtième siècle. Côté sunnite, on situe généralement la montée en puissance de l'Islam politique, avec son idéologie wahhabite, après la défaite des armées arabes, principalement l'égyptienne, en 1967. Chez les chiites, et c'est incontestable, le point de départ d'un chiisme guerrier et revanchard, ravivé par le conflit meurtrier avec l'Irak, a été la «révolution islamique» en 1979. Depuis, tout comme les sunnites, les chiites se sont mis à prier dans les rues et à boire en cachette chez eux, alors qu'ils faisaient l'inverse du temps du régime impérial des Pahlevi. Dans les deux camps, les seuls progrès réalisés ont été dans la construction des lieux de culte et leur fréquentation, avec le retour en grâce de tous les tartuffes, à la piété plus que visible. Ce sont ces musulmans au front tamponné qui tiennent pour l'instant le haut du pavé, mais pour ce qui nous concerne, l'attitude actuelle de notre jeunesse est un précieux gage d'espoir.
A. H.  
 

HOMMAGE
Mon oraison pour Krimo Hammada

Le voilà donc parti pour Alger, la ville où il est né, dans ce quartier de Sidi-Abderrahmane où il allait de temps en temps retrouver les voix, les bruits, et les sensations de son enfance. Il aurait tant voulu, appréhendant, pour la première fois, une fin si proche, arpenter à nouveau les rues et les ruelles de La Casbah, monter et descendre ses escaliers, jusqu'à en avoir le vertige. J'espère que Hamza Hedroug, son neveu affectueux et dévoué, comme on ne l'est plus, aura exaucé son dernier vœu, en lui permettant de faire un ultime pèlerinage au sanctuaire de sa ville. Sa ville, sa famille, ses amis, son chemin de croix, son tiercé pas forcément dans cet ordre, mais dans l'ordre qu'il leur attribuait, sans que l'une ou l'un des trois se sente exclu. En redescendant de Sidi Abderrahmane par la rampe Louni-Arezki, et en longeant le jardin Marengo, cher à Ammar Ezzahi et à son ami Hamid Moushafi, on peut voir Notre-Dame. «Madame l'Afrique», qui était devenue le second rivage pour Krimo, son havre depuis qu'il avait épousé une Hedroug, la sœur de notre ami Sadek, et où il s'était fait de nombreux amis. Moi qui connais un peu du quartier de Notre-Dame-d'Afrique, j'avoue avoir été estomaqué par la rapidité avec laquelle Hammada s'est fait admettre et adopter par tout le monde. C'est d'ailleurs un peu grâce à lui que j'ai pu retrouver au fil des ans et de nos retrouvailles, au Café Tlemçani, ou quelque part en ville, de vieux camarades et amis perdus de vue. C'est vous dire à quel point il était attachant et rassembleur, et c'était une donnée permanente chez lui, que ce soit dans sa vie professionnelle ou dans ses relations avec autrui. C'est un don. Je l'ai connu d'abord en tant que journaliste, puis j'ai appris, de fil en aiguille, qu'il avait failli faire une carrière militaire, dans l'aviation précisément, mais qu'il avait renoncé. Quoique j'ai peine à l'imaginer sanglé dans un uniforme, surtout après avoir découvert en lui un syndicaliste convaincu et combatif qui m'a un jour ébahi par la manière dont il parvenait à ses fins. Alors qu'on avait échoué à convaincre quelques confrères réticents de donner un peu d'argent pour aider une consœur qui venait d'être licenciée, j'ai appelé Krimo Hammada à la rescousse. Le lendemain, ou le surlendemain, il est venu devant le siège d'El-Moudjahid, et en moins d'une heure, il avait réussi à ramasser une somme assez conséquente, issue de poches réputées hermétiques. Au demeurant, en évoquant les amis de Krimo Hammada, on ne devrait pas parler de ses nombreux amis, mais de ses amis innombrables, parce qu'ils l'étaient, effectivement. Ils sont innombrables ! Comment se résigner, maintenant, à utiliser l'imparfait, en parlant d'un homme qui était plus que parfait, précisément sur ce chapitre de l'amitié où il excellait par pur magnétisme, un don du ciel. Présentez un ami à Krimo, même très rapidement, disons entre l'hôtel Albert 1er et le kiosque de Zideddine Zebar, en face, et en moins de temps qu'il en faut pour le dire, vous êtes largués. Je veux dire que, mine de rien, vous vous retrouverez distancés par Krimo, qui passe illico du statut de parfait inconnu à celui d'ami indispensable, voire de meilleur ami, tout naturellement. Si je devais le résumer en me référant à cette capacité qu'il avait de susciter la sympathie et la bonne humeur autour de lui, je dirais que c'était un «voleur» d'amis, mais qui partageait son butin.
A. H.

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