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Rubrique Kiosque arabe

Les incontestables experts en divisions

Ce samedi 30 janvier, de la nouvelle année, je suis tombé sur un sondage étonnant du journal électronique Elaph, dans le cycle des sondages réguliers sur l'actualité qu'il propose à ses lecteurs. Avant-hier, la question portait sur la procédure de destitution enclenchée contre Donald Trump, qui continue malgré tout, et qui pourrait aboutir à l'inéligibilité de l'ancien Président. En fait, ce n'est pas le sondage en lui-même qui est étonnant, mais plutôt ses résultats, jugez-en : 48,18% des lecteurs sondés soutiennent la poursuite de la procédure, mais 51,82% ne sont pas d'accord. En extrapolant un peu, et c'est dans l'air du temps, cela veut dire que la majorité des Arabes ne sont pas d'accord pour que Trump soit destitué, after mandat, et devienne ainsi inéligible à vie. Il y a, en effet, de quoi s'étonner, ou devrais-je dire m'étonner, sachant qu'il s'agit de lecteurs arabes, d'un magazine arabe, et qui n'ont pas de raisons particulières d'être contents de Trump. C'est quand même extraordinaire que le Président américain le plus raciste, le plus ouvertement anti-arabe, sauf là où il y a du pétrole et de l'argent, suscite une telle réaction. Quelles auraient été les réponses si à la place de cette question sur la procédure d'impeachment on avait demandé aux sondés de répondre par oui ou non à ces questions directes: 
Approuvez-vous la reconnaissance d'Israël par le Maroc, en échange de la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental par Donald Trump au nom des Etats-Unis ? 
Autre question : êtes-vous d'accord avec le processus actuel de normalisation des relations entre des pays arabes et Israël, initié par Donald Trump, ainsi que le transfert de l'ambassade US à Al-Qods? Vous et moi connaissons déjà les réponses à ce sondage et leur pourcentage, car nous savons qu'à l'instar des Algériens, les citoyens des pays arabes sont plus vrais que les Palestiniens. Il n'y a qu'à lire les médias publics et privés ou naviguer sur les réseaux sociaux pour vérifier, une fois de plus, que plus on est éloigné du champ de bataille, plus on veut faire la guerre. Puisque nous voilà tous édifiés, convenons qu'un tel sondage, ou son équivalent réactualisé, n'est pas près de voir le jour sur Elaph, pour une raison très simple : on ne scie pas la branche sur laquelle on est assis. Or, comme nous le savons aussi, ce magazine est la propriété d'un éditeur saoudien, qui a aussi investi dans la presse au Maroc et qui ne brille pas, ces dernières années, par son objectivité. On l'a vu mener campagne contre l'Iran et monter au créneau avec l'intervention au Yémen de la coalition menée par l'Arabie Saoudite, ainsi que depuis la crise diplomatique avec le Qatar. 
On voit d'ailleurs de moins en moins d'articles négatifs sur l'émirat depuis que le dégel, si j'ose dire, s'est amorcé dans cette région, mais ne nous trompons pas de cortège nuptial. L'expérience nous a appris que lorsque les monarchies du Golfe se réconcilient, surtout dans un tel contexte, ce n'est sûrement pas pour notre bien ni pour celui de la Palestine, d'ailleurs. La Ligue arabe sera sans doute la seule à se réjouir de ces réconciliations quasi miraculeuses, après de longues brouilles et des «mésalliances» de circonstance qui seront aussitôt dénoncées. Pour l'heure, l'ennemi principal reste, aux yeux de l'Arabie Saoudite, non pas l'Iran, dirigé par des religieux aussi bornés que ceux que le royaume wahhabite veut réduire, mais l'Iran chiite. De surcroît, un Iran, puissance militaire et économique en dépit de l'embargo américain et qui a des visées certaines sur les lieux saints de l'Islam, contrairement à Israël, qui se contente d'Al-Qods. En attendant le feu vert américain à une offensive militaire israélienne, avec des fantassins et des fatwas arabes, qui ferait de l'Iran un second Irak, voire une seconde Syrie, il y a Elaph. Longtemps considérés comme un obstacle à la cohésion des rangs et à l'unité de la nation arabe, les Kurdes suscitent un élan de sympathie chez ce magazine un autre sujet d'étonnement. 
Il ne s'agit pas, évidemment, des Kurdes de Syrie, utilisés tantôt par Béchar, tantôt par Trump, pour la bataille contre Daesh, ni des Kurdes d'Irak qui sont autonomes, mais ne savent pas quoi faire de cette autonomie. On ne parle plus des Arabes de l'Ahwaz qui sont passés de mode et à qui on conseille sans doute de prendre leur mal en patience, en attendant que les alliés israéliens attaquent. Non, le nouveau sujet de préoccupation et d'inquiétude pour les Arabes du futur, c'est le triste sort des Kurdes d'Iran, qui vivent quotidiennement dans la crainte d'être jetés en prison. Pour la seule journée de samedi, on a dénombré pas moins de quatre articles contre l'Iran, accompagnant celui qui se plaint de la répression des ayatollahs et dénonce la coalition anti-kurde, formée avec Baghdad. C'est à peine si on ne précise pas que les chiites d'Iran et ceux d'Irak, dominants et au pouvoir, se sont alliés contre le Kurdistan sunnite et contre ses forces démocratiques. Et pas une ligne sur la Turquie d'Erdogan à qui les Américains ont laissé les mains libres en Syrie, comme pour récompenser les Peshmergas kurdes d'avoir contribué à détruire le califat d’El-Baghdadi. Ce n'est pas le moment de contrarier ce cher Erdogan, engagé sur plusieurs fronts et qui est confronté de surcroît à une contestation populaire croissante, susceptible de troubler ses projets. 
Et puis n'oublions pas que celui qui rêve de redessiner un nouvel empire ottoman est aussi un allié d'Israël, même s'il construit des immeubles branlants à Ghaza et qu'il a montré la voie à suivre. Ceux qui sont devenus, à la longue, des incontestables experts en divisions ne pourront qu'obtempérer. 
A. H.

 

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