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Rubrique Kiosque arabe

L'intrigante histoire du consulat américain

Un nouvel épisode de plus dans l'opération judaïsation d'Al-Quds, et annexion de tout ce qui est encore bon à prendre en Palestine, le simulacre de polémique autour du consulat palestinien. Car, mes chers amis, il n'est plus question de Tel-Aviv, comme capitale d'Israël, et encore moins d'Al-Quds, parties est et ouest, comme capitales du futur État palestinien et d'Israël. Nous sommes bien loin du rêve longtemps caressé publiquement et pudiquement par Yasser Arafat, pour faire passer ce qui restait de pilules amères dans le flacon prescrit aux siens. Il s'est passé que les États-Unis savent très bien où ils vont et où ils comptent mener ce qui reste des Palestiniens dans un proche et lointain avenir dont les contours se dessinent déjà pour tous. Après que Washington eut rappelé, il y a quelques jours, les obligations américaines envers l'État sioniste, puisqu'il faudra bien continuer à l'appeler ainsi, il fallait aussi faire état d'un différend. Or, on sait, par expérience et par ricochet, que divergences et difficultés jalonnent le chemin tracé pour les deux indéfectibles alliances sans jamais en détourner le tracé. Cette fois-ci, la crise, ou la tempête dans un verre d'eau, aurait pour cause le futur siège du consulat palestinien, selon les accords d'Oslo (ou devrait-on dire la malédiction d'Oslo) que les Israéliens réactivent en fonction des étapes.
La divergence, ou ce qui en tient lieu, aurait pour origine la suggestion américaine de placer, c'est le cas de le dire, le consulat palestinien à Al-Quds-Ouest, capitale d'Israël rêvée par Arafat. Dans une dépêche datée de Beyrouth, et citant le journal israélien Israël aujourd'hui, le magazine saoudien Elaph, qui a élu domicile au Maroc, affirme même qu'on est loin de la suggestion. Il s'agit même d'imposer à Israël l'ouverture de ce consulat dont l'adresse est déjà trouvée puisqu'il est question de la rue Agron dans un quartier résidentiel situé à Al-Quds-Ouest. Or, c'est dans la rue Agron qu'était situé l'ancien consulat des États-Unis, qui servait de relais diplomatique avec les Palestiniens, et c'est précisément là qu'est située l'ambassade des États-Unis. Et ce n'est pas fini ! En mai dernier, la nouvelle administration américaine a fait part aux Israéliens de son projet de rouvrir l'ancien consulat américain à Al-Quds pour renouer avec les Palestiniens. Ce que les Israéliens, à l'époque le gouvernement Benyamin Nathanyahou, avaient refusé avec véhémence, arguant que l'ambassade américaine située dans le même bâtiment suffisait. Ce qui est intrigant, c'est ce changement tactique qui substitue à l'objectif de réouverture du consulat américain un projet tout à fait différent de création d'un consulat palestinien.
Projet que les Israéliens ont refusé, bien entendu, et il n'y a pas de précédent dans l'histoire des relations entre les deux partenaires stratégiques d'un danger de grave crise dans ce genre de cas. Comme les rôles sont bien partagés et les répliques apprises par cœur, le cabinet de Naftali Bennet a fait savoir à l'appui de son refus que Washington cherchait à faire passer un partage d'Al-Quds. Ce qui créerait un précédent et ouvrirait la voie à une éventuelle reconnaissance de la partie est de la ville comme capitale du nouvel État palestinien. En fait, il s'agirait simplement, par ce biais, de faire passer la réouverture du consulat américain initialement rejetée par les Israéliens qui préféreraient voir ce consulat ailleurs. C’est-à-dire dans ce qui reste du territoire palestinien, non encore consommé par l'État sioniste qui a fait savoir, au début de ce mois, qu'il ne s'opposerait pas à l'initiative américaine. Le revirement, ou l'évolution planifiée dans ce jeu à deux qu'il faut suivre comme une partie de ping-pong au risque de se tordre le cou, se voudrait être une concession d'Israël. Le journal israélien croit savoir d'ailleurs que le futur consul des États-Unis à Al-Quds-Ouest serait déjà connu, et il n'attendrait que sa nomination officielle pour occuper son poste. 
De cet échange aigre-doux émerge une ligne constante de la politique américaine au Proche-Orien, à savoir ne jamais remettre en question le soutien à Israël, comme cela vient d'être réaffirmé. Et comme si besoin était de rappeler qu'il y a une continuité de la politique américaine, Biden s'emploie à son tour à neutraliser toutes les hostilités, même velléitaires, à l'encontre d'Israël. Ce n'est pas un hasard si la frange la plus islamiste des partis arabes israéliens s'est ralliée au nouveau gouvernement, même si c'est en obtenant plus de strapontins que de portefeuilles. Le nouveau Président américain suit avec entrain et résolution l'application des «Accords d'Abraham» qui visent à donner de nouveaux alliés arabes à Israël, de Bahreïn à Rabat. L'adhésion d'Israël à la Ligue arabe n'est plus un tabou, et même le football est de la partie, avec le projet, très médiatisé, d'organiser ensemble une très prochaine Coupe du monde. Pour la première fois, je suis obligé d'admettre, même si ça me navre, que les patriotards qui crient au loup et lancent des alertes au danger à nos frontières, du fait de ces dangereuses alliances. Ce qui ne m'empêche pas de rester très méfiant à l'égard de certains chauffe-bendirs en quête de prébendes et/ou de notoriété, qui cherchent à nous enrôler dans un jeu déjà vu et malsain. 
J'ai une méfiance instinctive et durablement enracinée à l'égard des va-t-en-guerre et des opportunistes qui caracolent sur la crête des vagues. Et s'il en était besoin, les vingt ans de Bouteflika et consorts nous ont infligé un rappel de vaccination douloureux, mais salutaire. C'est de ses courtisans qui sont encore là qu'il faut avant tout se garder tout en se préparant à affronter les dangers extérieurs, qui sont tout aussi réels que leur existence de prédateurs. Ils sont capables à l'avenir de tourner casaque et de préconiser, qui sait, la nomination du joueur de bendir comme premier ambassadeur en Israël, avec résidence à Rabat. Les paris sont ouverts.
A. H.

 

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