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Rubrique Kiosque arabe

L'urgence d'un vaccin contre l'intégrisme

Si j'avais à organiser la sélection des imams algériens appelés à exercer leur sacerdoce durant quatre années en France, je poserais aux candidats cette seule et unique question : «Pensez-vous que les séismes soient des phénomènes naturels, scientifiquement explicables, ou bien sont-ils le résultat de colères divines, secouant la terre comme un père secouerait son enfant ?» C'est une opinion personnelle, mais je suis à peu près certain que neuf imams sur dix répondraient que c'est la providence divine qui agit ainsi à coups de semonces, pour inciter à la piété. On ne demande pas uniquement à un policier de faire traverser les Algériens au passage clouté, ce qui peut s'apparenter à une mission impossible, sinon on ne lui aurait pas donné un bâton. Les choses vont ainsi dans la majorité des pays du monde, encore perfectibles, et c'est ajouter du désordre que de forcer le policier et le piéton à agir contrairement à ce qu'ils ont appris. C'est encore plus vrai pour les imams, théoriquement formés à dissiper les «mystères» de la religion, selon des clefs forgées et façonnées au sein de cette même religion et par ses clercs. On ne va donc pas exiger de l'imam d'agir en scientifique et de parler aux fidèles de la tectonique des plaques et de l'Afrique qui fonce bille en tête sur l'Europe colonialiste, par soif de revanche. 
Plutôt que d'attendre une improbable génération spontanée d'imams laïques, si tant est qu'une religion puisse en produire, il serait sans doute plus rationnel de former ceux qui les écoutent. Ce n'est qu'à ce prix que les croyants auront assez de capacités de discernement pour pouvoir dire stop aux religieux qui veulent fonder un clergé ou veulent asseoir la prédominance du leur. Ce sera possible le jour où le croyant, musulman par exemple, sera en situation de faire de sa religion une question personnelle et non un bien en indivision autour duquel on se dispute. Car, en définitive, les religions et ce qu'elles engendrent en civilisations ou en calamités, ce sont leurs pratiquants qui les instrumentalisent pour le bien ou pour le mal, selon leur cœur. Faute d'école pour éveiller les cerveaux au lieu de les anesthésier, on verra toujours ces troupes de fidèles se précipitant vers les mosquées à la première bourrasque à la moindre secousse. C'est comme si les croyants étaient mus par deux cerveaux interdépendants, mais ayant chacun son autonome : l'un impulsé uniquement par la foi et l'autre s'occupant du smartphone. Il va de soi qu'étant donné la configuration des deux organes et en cas de divergences, voire de conflit, entre la foi et le smartphone, c'est à la foi que reviendra le dernier mot. 
Un confrère du Moyen-Orient a eu l'intuition de l'existence de ce conflit et a posé cette question: «Et si le vaccin contre le Corona était fabriqué à partir du sang et d'organes de porc, d'où allons-nous ramener un vaccin halal?» Postée sur l'un des réseaux sociaux, cette question a reçu un nombre impressionnant de réponses, sous la forme d'une avalanche d'insultes et de rares propositions de solutions rationnelles. Il est évident que les insultes qui constituent l'écrasante majorité proviennent de cette partie du cerveau qui met le smartphone en silencieux et fait parler la foi aveugle. Mais pour ce journaliste, Ghassan Mouflih, ce n'est pas la politique qui a investi la religion et l'a instrumentalisée, mais c'est plutôt l'inverse, puisque c'est la religion qui fait de la politique. Autrement dit, les dirigeants arabes qui freinent l'évolution de leurs pays vers la démocratie n'utilisent pas la religion pour durer, mais ils sont sous l'emprise de la religion, envoûtés. Dans un régime démocratique, ajoute notre confrère, les religions arrivent à trouver des réponses aux interrogations qui se posent, même en cas de divergences de vues entre les théologiens. Quant à la gestion de la pandémie, le journaliste, qui ne porte pas l'Iran dans son cœur, observe que les autorités de ce pays n'ont donné encore aucune information plausible sur ce sujet.
Sur le même sujet, à savoir la gestion de la pandémie et de sa médication, le Saoudien Ahmed Matroudi croit savoir d'où vient la source de tous nos maux actuels : faux médecins, charlatans, guérisseurs, etc. Il endosse la responsabilité au psychanalyste suisse Carl Gustav Jung, élève de Sigmund Freud (1875-1961), et inventeur de la psychologie analytique, qui a utilisé la religion en thérapie. Il considérait que la foi et la pratique religieuse pouvaient constituer un soubassement psychologique, susceptible d'apporter aux âmes humaines la paix, la sérénité, et l'abandon. Les fondamentalismes religieux se sont alors emparés de cette théorie pour développer ce qu'on a appelé la médecine religieuse, jusqu'à en faire une thérapie magique dans nos pays. À commencer par la roqya, en passant par la médecine prophétique et la thérapie par le Coran, et à finir par l'expulsion du djinn du corps de l'être humain et son engagement à ne plus y revenir. Cependant, souligne le chroniqueur, les religions n'ont toujours pas contribué efficacement à réaliser la paix et la sérénité, bien au contraire, puisque les conflits religieux ont été plus virulents. Mais qui attise les conflits religieux, le bon peuple pieux et naïf ou ceux qui sont chargés d'assurer le salut des âmes, par leur piété et leur savoir? Ce n'est pas une question ! Un vaccin contre ce type de pandémie est une urgence humanitaire.   
A. H.

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