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Rubrique Kiosque arabe

Quand El-Béchir crie au despotisme !

Il y a quelques semaines se posait ici et ailleurs la question de la course à la sortie de crise engagée entre l'Algérie et le Soudan, avec un net avantage au premier, pour deux raisons. L'armée et son porte-parole affirmaient vouloir accompagner le mouvement populaire, ce qui signifiait un refus d'intervenir contre les manifestants et ne pas avoir d'ambition politique. Ce qui a été hâtivement assimilé à une alliance de fait entre le peuple et son armée et donné lieu à des slogans vite démentis par la réalité. Mais l'essentiel n'était-il pas de conserver le caractère pacifique des marches, en dépit des interventions policières de moins en moins pacifiques et des restrictions successives. Au Soudan, en revanche, l'armée a étalé son jeu d'entrée : répression souvent sanglante des manifestations, et refus d'un partage du pouvoir, avec promesse de le restituer aux civils. En Algérie, l'armée, qui détient la réalité du pouvoir, ne veut pas être l'interlocuteur et préfère s'abriter derrière des paravents constitutionnels et institutionnels, totalement discrédités. Au Soudan, où les manifestations sont organisées et encadrées, les négociations n'ont jamais cessé, mais le Hirak algérien ne veut pas de représentants, ou c'est le pouvoir qui les lui choisit. Les tribulations dernières du panel Karim Younès, avec son barda trop lourd, en sont la parfaite illustration.
D'où la question ainsi reformulée : les Soudanais ont-ils repris l'avantage, et ont-ils réalisé la primauté du civil sur le militaire après laquelle nous courons depuis le Congrès de la Soummam ? Samedi dernier, le représentant de l'Union africaine à Khartoum a annoncé que l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC) et les militaires avaient enfin conclu un accord de transition. Il s'agit d'une déclaration constitutionnelle qui définit les pouvoirs du Conseil de souveraineté et des autres institutions relevant de ses prérogatives, au cours de la période transitoire. Le Conseil militaire de transition et l'ALC avaient signé le 17 juillet dernier une déclaration prévoyant la mise en place d'un Conseil de souveraineté composé de 11 membres. Le Conseil sera composé de 5 civils et de 5 militaires, auxquels sera ajouté un représentant civil supplémentaire qui sera désigné par consultation mutuelle, portant ainsi à 6 le nombre de civils. Le document a été paraphé solennellement hier dimanche, mais d'ores et déjà, des responsables de l'opposition en ont divulgué quelques points, notamment une enquête sur la tuerie du 3 juin. Ce jour-là les manifestants soudanais, qui campaient en face du siège de l'état-major de l'armée, avaient été violemment dispersés au petit matin par des milices relevant de l'armée.
La répression avait fait plus de 140 morts selon l'organisation des médecins soudanais, et l'exigence d'une enquête et du jugement des auteurs figurait en tête de liste des négociations. Ce souci de juger les responsables des massacres a été confirmé par Ibtissem Senhouri, l'une des dirigeantes de l'opposition, qui a annoncé aussi des poursuites contre les figures de l'ancien régime. S'agissant de l'avenir politique du Soudan, la porte-parole de l'ALC a affirmé que la déclaration constitutionnelle prévoyait la mise en place d'un régime parlementaire au Soudan. Elle a aussi précisé que les services de sécurité et de renseignements seront rattachés au Conseil de souveraineté, tandis que la police sera sous la supervision du gouvernement. Ce dernier, qui ne comptera pas plus d'une vingtaine de ministres, selon Ibtissem Senhouri, devrait être constitué par un Premier ministre désigné et approuvé par le Conseil de souveraineté. En attendant l'installation de ce Conseil, prévue pour le 18 août prochain et la désignation d'un Premier ministre, on sait déjà que la période de transition sera de trois années. Voilà donc le Soudan, en plus piteux état que nous et englué dans des guerres civiles à répétition, qui s'engage dans une période de transition qui ne sera pas fatalement synonyme de chaos.
Surtout si on prend en compte le fait que des milices armées qui se sont ralliées à l'Alliance pour la liberté et le changement sont signataires de la Déclaration constitutionnelle. L'accord de transition qui a été accueilli avec allégresse au Soudan a suscité un seul bémol, comme on pouvait s'y attendre, et c'est celui du «Congrès national soudanais», le parti d'Omar El-Béchir. Qualifiant l'accord de «bilatéral» et n'engageant donc que le Conseil militaire de transition et l'ALC, l'ancien parti au pouvoir, le «Congrès national», déplore le non-respect de la Constitution de 2005. Pourquoi ? Simplement parce que la Constitution de 2005, concoctée par El-Béchir pour ses propres besoins, faisait état de la Charia comme source de législation, alors que la Déclaration l'ignore. En agissant ainsi, les signataires de l'accord laissent le champ libre « devant des courants laïques, présents sur le champ politique, mais très éloignés de l'âme du peuple et de sa morale ». Le reste est encore plus hilarant quand on sait que ça vient des partisans d'Omar El-Béchir : «L'accord a pris l'initiative de changer le type de régime qui était présidentiel en régime parlementaire, sans mandat populaire, par le biais d'un Parlement élu. Ce qui annonce l'ampleur des violations attendues en matière de libertés publiques et d'action politique et conduira le pays à un régime dictatorial et despotique .»
Ce qu'était effectivement le règne d'El-Béchir, mais l'amnésie chez les islamistes est pratiquement une seconde nature.
A. H.

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