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Rubrique Kiosque arabe

Rester voilée, en toutes circonstances

Etre regardé comme celui ou celle par qui le scandale arrive n’est plus affaire de circonstances ou de milieu, mais une affaire de sexe, selon que vous apparteniez à l’un ou à l’autre. Ainsi, lorsque Tarik Ramadan avoue, contre toute attente, avoir eu des relations sexuelles consenties avec ses supposées victimes, il reconnaît être en état de péché vis-à-vis de l’islam. Il est surtout en faute à l’égard de l’islam politique et de ses règles qui interdisent de se faire attraper. Mais ces règles ne sont pas trop rigides pour les ténors de l’islamisme, puisqu’ils ont une possibilité de repli derrière un nouveau système de défense, comme l’a fait «frère» Tarik. Sauf que pour ce dernier, faute avouée n’est pas seulement pardonnée à moitié, elle a droit à l’absolution immédiate et spontanée de ses fidèles, certes porteurs d’œillères mais très flexibles. Au demeurant, l’argument suprême est tout trouvé : Tarik Ramadan est victime d’un complot des ennemis de l’islam, ils est donc innocent par vocation, puisqu’il est quasiment au rang des prophètes. Or, tout bon musulman qui ne verse pas dans la compromission avec le sionisme et autres maux universels sait les avantages, commodités et privilèges que Dieu accorde aux prophètes et assimilés. Et Dieu sait de quelle manière la race des assimilés s’est multipliée et a rempli la terre.
Le scandale étant a priori le propre de l’homme, à l’exclusion de l’autre sexe, il n’est donc pas question de tolérer en milieux modérément musulmans qu’une femme en soit sujet ou objet. Comme vous le savez mieux que moi, si le Seigneur a comblé la femme de ses bienfaits, il les a aussi sévèrement encadrés, en lui interdisant notamment de se faire trop voir ou trop entendre. Qu’a donc fait Amina Malaïnine, cadre et députée islamiste du Parti de la justice et du développement pour mériter les foudres qui se sont abattues sur elle ces jours-ci ? Elle s’est simplement photographiée ou laissée photographier, dans le quartier réputé de Pigalle à Paris, sans hidjab et cheveux au vent, en tenue «non pudique», au regard de la loi islamiste. Outre les attaques qu’elle a subies sur les réseaux sociaux, où la photo d’une Amina pas si austère qu’elle paraissait au Maroc a fait le buzz, la contrevenante a reçu un autre camouflet de son parti. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, la formation islamiste n’avait pas été choquée outre mesure par le scandale d’un couple de cadres, surpris à forniquer dans une voiture, en bord de mer. Le 20 août 2016, la police surprenait Moulay Amar Benhamad et Fatma Nedjar en train de s’ébattre à l’intérieur d’une voiture mercedes qui arborait les signes d’une piété sans défauts. 
Côté pare-brise, le véhicule et ses occupants invitaient les passants à «ne pas oublier d’invoquer Dieu» et sur la lunette arrière on pouvait aussi lire «ceci est un privilège de Dieu». Ce qui est le moindre des remerciements s’agissant d’une voiture aussi chère, aussi confortable, et aussi spacieuse, pour les couples en mal de nids d’amour indisponibles ou déjà occupés. Le P-V de police ayant fait état de preuves matérielles saisies, la dame a expliqué pour sa défense qu’«elle avait seulement aidé son partenaire à éjaculer». Elle aurait pu ajouter, circonstance largement atténuante, que pendant cette opération d’assistance, elle avait quand même gardé son voile. Quant à l’infortunée députée Amina Malaïnine, elle a joué un peu le rôle de l’âne de la fable qui a brouté du chardon au bord de la route et qui a été puni pour ce crime abominable. Dès l’ouverture du conseil national du PLJD, l’instance dirigeante de son parti, le secrétaire général, Sadeddine Osmani, a critiqué la députée, sans s’adresser à elle, ni même la citer nommément. Du coup, Amina Malaïnine, pressentant un lynchage en règle, a quitté précipitamment la réunion du conseil, accompagnée par une dernière salve, émanant de l’ancien dirigeant Abdallah Benkirane. Il a affirmé que sa collègue avait très mal géré cette affaire du voile.
L’ancien SG du parti islamiste a profité de l’affaire Malaïnine pour se replacer dans le débat et faire part de ses réserves à l’égard du comportement de la députée, qu’il refusait de soutenir. Il a justifié cela en arguant qu’il n’avait pas l’habitude de soutenir les membres du parti qui avaient commis, selon lui, une infraction, ce qui range dans cette catégorie le fait de retirer son voile. Toutefois, il a estimé que porter le voile ou le retirer relevait de la liberté personnelle et qu’il avait toujours été contre la réduction de l’image de son parti au voile féminin et à la barbe masculine. Mais c’est justement en conformité avec cette image que son successeur Sadeddine Osmani a jugé et condamné Amina Malaïnine lors de l’ouverture du conseil national du parti. En décembre dernier, le même responsable a pourtant soutenu un autre député du parti, Abdelali Hamidine, poursuivi pour le meurtre de l’étudiant de gauche, Aïssa Aït-Eldjid. Le député islamiste avait été condamné en avril 1994 pour avoir participé, une année auparavant, à une bagarre qui avait causé la mort de l’étudiant, assimilée à un décès accidentel. En décembre dernier, le procureur de Fès, où les faits s’étaient déroulés, a engagé de nouvelles poursuites, pour complicité de meurtre contre Abdelali Hamidine, sur la foi de nouveaux éléments. 
Ça ne vous rappelle rien cette histoire d’étudiant assassiné ? 
A. H.

 

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