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Rubrique Kiosque arabe

S’il faut pousser avec eux, on poussera !

Du jamais vu, comme tout ce qui est algérien, mais aucune raison de s’en féliciter dans ce cas d’espèce : sur les chaînes de la télévision publique on diffuse ce dimanche matin les programmes normaux. Il ne se passe rien, tout comme sur les autres chaînes dites privées, alors que deux d’entre elles, Echourouk News et Al-Bilad sont en état d’alerte depuis samedi soir, et parlent d’un complot contre l’armée. On précise bien dans les urgents et les importants qu’on déroule sous nos yeux qu’«il ne s’agit pas d’une tentative de coup d’État manquée ». Pourtant le communiqué « urgent » du ministère de la Défense, à l’origine de ce branle-bas de combat, en dit plus que ce qu’il donne à lire et promet de donner l’identité des « comploteurs ». Sitôt dit, sitôt fait, nos deux chaînes, en première ligne du front, donnent des noms, que nous ne reproduirons pas ici, faute d’avoir des informations sûres et vérifiées sur cette conspiration. On y apprend juste avec étonnement qu’un illustrissime haut gradé de l’armée, présenté d’abord comme ayant allumé la mèche du mouvement du 22 février, s’est rallié aux Bouteflika. Si la chaîne Al-Bilad se la joue modeste et avance prudemment dans ce dédale d’informations, au compte-gouttes, Echourouk fonce hardiment derrière son champion, promu héraut.
Évidemment, le camp d’en face ne dit rien, comme le veut la tradition commune à tous les conjurés, qu’ils soient du samedi et du dimanche, et qu’ils soient ou non en position de force. Au moment où paraîtront ces lignes, si Dieu leur prête vie, le sort des conspirateurs, regroupés au sein du clan Bouteflika bis, se sera sans douter joué et toute résistance aura cessé dans le donjon. Pour ce qui est des chaînes publiques, regroupées au sein de l’EPTV, on sait depuis longtemps quelle feuille de route est assignée à ses patrons, dès qu’ils sont nommés à ce fragile perchoir. Rien n’a changé au boulevard des Martyrs, et surtout dans le protocole d’installation, puisque le ministre de la Communication s’est déplacé en personne pour présider la cérémonie. Comme de coutume, le DG sortant ou sorti est remercié pour le travail accompli, ce qui est vrai puisqu’il n’avait fait que ce qu’on lui demandait, c’est-à-dire veiller au grain. On lui a quand même entrouvert une porte de sortie, puisqu’il n’est pas vidé avec pertes et fracas, comme l’ont été d’autres avant lui, mais qu’il est « appelé à d’autres fonctions ». On attendra le Journal officiel pour savoir si le cachet présidentiel « subtilisé », selon Echourouk, a servi pour le nouveau DG, et s’il a donc eu raison de remercier Bouteflika pour sa confiance.
Sans vouloir jouer les rabat-joie, un reproche qu’on me fait souvent, il me semble que le clan familial, plus deux pelés et un tondu, ne pouvait tenir longtemps sans médias et sans chars blindés. Puisqu’il est encore question de la France et de ses services qui auraient supervisé le complot, d’après Echourouk, le clan assiégé rappelle cette image de féodaux retranchés dans leur donjon. La fratrie s’est néanmoins autorisée une dernière pirouette avec cette info, en forme de défi, du genre « pousse avec eux », annonçant que Bouteflika envoyait Bensalah au Sommet arabe. Cette invitation à « pousser avec eux » a bien été entendue des manifestants qui ont répondu vendredi dernier «puisqu'il faut pousser avec eux, on poussera, mais toujours contre vous!». Au reste, on peut essayer d’imaginer quelle réponse il aura donnée au Président soudanais Omar Al-Bachir, qui sera certainement présent à Tunis, comme le veut la solidarité arabe, s’il demandait des nouvelles. Bouteflika et lui ont déjà eu l’occasion d’échanger ses serments d’amitié éternelle avec plus ou moins de sincérité et certainement beaucoup d’arrière-pensées. La dernière fois qu’ils se sont vus, les deux étaient en bonne santé, assurés de durer et de perdurer, mais cette fois-ci les données ont changé, et Bensalah aura parlé de tout, sauf du Golan. Quand on parle du Soudan, on évoque instantanément l’Égypte, dont le Président n’assistera pas au sommet de Tunis, trop occupé par ailleurs à suivre les préparatifs de son mandat à vie.
Sur ce chapitre, il a trouvé en Bouteflika un excellent modèle, mais à suivre uniquement jusqu’à l’orée du quatrième, en matière de mobilisation populaire autour de sa personne. Le maréchal Sissi vient d’annoncer une série d’augmentations des salaires, aussi bien des ouvriers que des fonctionnaires, ainsi que les pensions de retraite, en prélude au futur référendum. Choix de date heureux et symbolique : toutes ces augmentations entreront en vigueur le 30 juin prochain, qui coïncide avec le 6e anniversaire du sursaut populaire qui a mis fin au pouvoir des Frères musulmans. Comme il s’exprimait devant un parterre féminin, à l’occasion de la Fête de la femme, en Égypte, il a aussi promis de fournir plus d’efforts pour éradiquer les violences faites aux femmes. On sait ce que valent ces promesses qui se répètent régulièrement de Président en Président, et qui sont aussi régulièrement démenties par la réalité et les statistiques. Ces annonces ont au moins le mérite d’épargner aux éditorialistes égyptiens le pénible effort de parler de ce qui se passe en Algérie, justement pour éviter des comparaisons dangereuses. A lire les rares chroniqueurs qui se hasardent à évoquer l’Algérie, la crainte de l’arrivée des islamistes au pouvoir est palpable, comme ce fut le cas de l’Égypte, après la chute de Moubarak.
On fait mine de mettre de côté l’éviction du Président intégriste Morsi et son remplacement par Sissi, mais la crainte d’une dictature mi-islamiste, mi-civile est là, omniprésente en filigrane. Faute de trouver mieux, on encense donc Sissi à longueur de colonnes, tout comme Echourouk l’a fait pour Bouteflika, il n’y a pas longtemps, et on en trouve même qui nous imitent. En témoigne la dernière sortie de Khaled Al-Djoundi, le prêcheur égyptien, idole de nos foules islamistes, qui vient lui aussi d’adresser une prière au Ciel, afin de mourir en même temps que Sissi. Seulement, Khaled Al-Djoundi est beaucoup plus malin que ce flagorneur de Hamraoui Habib Chawki, il sait qu’en misant sur Sissi, il s’assure un maximum d’espérance de vie. Nous ne voulons pas assez de mal à Sissi, pour souhaiter que le vœu du prêcheur soit rapidement exaucé, mais la divine providence a de la ressource et pourrait trouver une solution médiane.
A. H.

 

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