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Rubrique Kiosque arabe

Tous égaux devant le coronavirus !

Les Saoudiens et autres convertisseurs wahhabites du Machrek nous ont tout réappris de l’Islam, de ses obligations et de ses rituels, jusqu’à nous formater à leur image, Dieu le veut, disaient-ils. On y a cru, naïfs que nous étions et que nous sommes toujours, ils nous ont persuadés, avec le concours des quelques intercesseurs du cru, que le colonialisme avait perverti nos valeurs sacrées. Nous nous devions donc de revenir à cet Islam des origines, en regardant désormais vers la lointaine Yatrib, enfermant le 1er Novembre et ses héros entre les pages des manuels scolaires. Ils ont réussi, au-delà de toutes leurs espérances, et ils sont arrivés, en recourant le plus souvent au nerf de la guerre, enrichissant certains, au plan matériel s’entend, à faire de nous des parodies. Ils nous ont fait déclasser Dieu et son message coranique et érigé les faits et dits de son Prophète en unique référence de notre quotidien, autant que la justification des crimes terroristes. C’est ainsi que nous avons participé volontairement ou non à l’âge d’or du wahhabisme, toujours en quête de bons points à échanger contre une place au paradis et jamais préparés aux coups durs. Nous étions frères jusqu’à ce funeste été 1962, où le pays et ses citoyens, à peine libérés du joug colonial, se sont engagés dans une nouvelle fraternité, celle des frères en Dieu, à l’ombre des derricks.
On a vu ces temps-ci comment la fraternité en Dieu, qui a supplanté celle de sang et de sol profite encore et toujours à ceux qui ont déjà bradé la Palestine et font peu de cas de l’Algérie. Bon, ne parlons plus de ces processions funèbres où l’on enterre les défunts sans leur laisser le temps de refroidir et sans donner une chance de revenir aux éventuelles victimes de catalepsie. Il semblerait d’ailleurs que les Algériens aient adhéré au système d’enterrement immédiat, avec beaucoup de spontanéité, puisqu’ils ne se souviennent plus avoir agi autrement, il y a longtemps. Autre illustration de l’influence wahhabite, l’attitude du corps, plus précisément des bras, durant la prière. Notre confrère Mohamed Zaoui a relancé récemment le débat sur ce sujet avec une photo montrant
M. Tebboune en train de prier en compagnie d’officiels algériens et saoudiens. Sur cette photographie prise lors de la visite officielle en Arabie Saoudite, on voit le Président prier les bras allongés le long du corps, alors que les membres de sa délégation ont les bras croisés. Mohamed Zaoui rappelle opportunément que la tradition en Algérie est la prière « seddle » (bras le long du corps) mais l’attitude « qabdh » (bras croisés au-dessus de l’abdomen) est importée. Notre confrère rappelle qu’il est fils d’imam et qu’il sait donc de quoi il parle, mais il a vu un certain anachronisme dans cette image.
Personnellement, je ne vois pas d’autres personnes à blâmer que les officiels des deux pays qui auraient dû, par respect dû au Président d’un pays musulman, copier leur attitude sur la sienne. Mais comme demander à des Saoudiens de déroger à l’étiquette wahhabite est une mission impossible, puisqu’ils ont tout fait pour imposer leur pratique, la faute incombe donc aux nôtres. A la suite de ce message publié par Zaoui, sur Facebook, et sans avoir la prétention de jouer les conseilleurs, j’ai posté ceci : « Si j’étais président, je virerais tout de suite un ministre qui ne prie pas comme moi .» Je n’espère pas être suivi, parce que dans ce pays, on peut savoir ce que l’on perd, avec le départ d’un ministre ou d’un haut fonctionnaire, mais on ne sait jamais ce qu’on va avoir à la place. Arrive alors le coronavirus contre lequel les autorités viennent de prendre les mesures que l’on sait, tout en conseillant aux Algériens d’éviter de se rassembler en grand nombre dans les espaces publics. Les mosquées étant apparemment exclues de cette notion et exonérées de l’interdiction de rassemblements dans des espaces clos, comme dans certains pays musulmans ou non, les Algériens sont passés outre. On peut dire qu’avec le temps et la montée des nouvelles générations, la mosquée est considérée comme le refuge idéal contre les coups du sort et en cas de malheurs.
Ce comportement n’est pas seulement dicté par la piété, mais aussi par la perte des quelques repères scientifiques acquis à l’école, mais trop vite remplacés par des craintes superstitieuses. On sait de quelle manière les mosquées se remplissent lors des éclipses ou dès le moindre tremblement de terre et comment les séismes contribuent de façon décisive au regain de la foi. Que le réflexe de recours à la piété ait été déclenché par des peurs primales ou la crainte du châtiment divin que l’on inculque aux Algériens dès la première enfance, l’ignorance est là aussi. Au lendemain des mesures annoncées par le gouvernement, des internautes ont mis en ligne un appel à la prière, émanant d’une mosquée qui peut se situer à Alger, à Tunis, ou à Rabat. Faute de précisions concernant la ville ou le quartier, contentons-nous du message de cet adhan et des réactions spontanées qu’il a suscitées sur les réseaux sociaux, sur Facebook, précisément. Le muezzin a, en effet, introduit un élément nouveau dans son appel, à savoir qu’il exhortait les croyants à chercher le salut dans la prière, mais en leur conseillant de prier chez eux. Évidemment, des internautes habitués à considérer que toute prière, hors de la mosquée, est sous-payée en termes de gratifications divines, se sont insurgés contre les innovations proscrites par les imams.
Heureusement que la toile n’est pas entièrement soumise à l’ignorance sacrée et que des internautes ont tôt fait d’expliquer que ce genre d’appel fait partie de la Sunna du Prophète. A la fin de son appel et en cas de pluie et de grand froid, le muezzin est fondé à demander aux gens de rester chez eux et de ne pas aller prier dans la mosquée. A fortiori quand il y a une pandémie et que les risques de contagion sont plus élevés dans des lieux de promiscuité comme les mosquées. Mais alors que les maîtres wahhabites adaptent leur doctrine et leurs rituels religieux aux nécessités présentes, les wahhabites complexés crient encore que leur foi les prémunit contre le coronavirus. En priant tout bas, tout en espérant être entendus là-haut, que ces Occidentaux mécréants, ennemis de Dieu, qu’ils supplient d’exterminer, trouvent au plus vite le vrai remède à la maladie. Ils savent au fond d’eux-mêmes que le coronavirus ne fait pas de distinction et s’attaque aussi bien aux églises et aux synagogues qu’aux mosquées.
A. H.

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