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Rubrique Le Soir Auto

Importations de véhicules en Algérie Voilà pourquoi les prix ne baisseront pas

La situation du marché automobile en Algérie prend, au fil des années et des frustrations, les allures d’une véritable pièce kafkaïenne. Une équation à deux inconnues, l’une liée à l’incertitude pesante sur l’échéance de reprise des importations, l’autre se rapportant à une grille tarifaire inscrite dans une tendance haussière inexorable.
Concernant le premier volet de cette problématique aux conséquences de plus en plus visibles sur le parc automobile national, sa solution relève d’une décision politique, dès lors qu’elle reste tributaire de l’état des réserves nationales en devises. Elle transcende les prérogatives d’un ministre et encore plus celles de ces responsables centraux qui se relayaient sur les plateaux télé pour faire de fausses promesses sur un hypothétique dénouement.
Et c’est le président de la République qui avait décidé de mettre un terme à ce suspense, en ordonnant, lors d’un Conseil des ministres tenu  au cours du mois de décembre écoulé, «la révision immédiate du cahier des charges fixant les conditions d’importation des véhicules et l’accélération de l’annonce des concessionnaires agréés». 
Une décision qui a de nouveau permis l’espoir pour des milliers de citoyens en quête de voiture pour leur mobilité professionnelle et familiale.

C’est le cahier des charges qui manque le plus
Presque deux mois après, on est toujours en attente de la fumée blanche au-dessus du bâtiment du ministère de l’Industrie, annonçant le début du dénouement. La refonte du cahier des charges semble encore au stade d’étude, le processus d’examen des dossiers de candidature pour le métier de concessionnaire suspendu et les responsables se sont, soudainement, murés dans un silence assourdissant.
Annoncé tantôt pour le mois de mars, tantôt pour la fin janvier, c’est précisément ce fameux texte réglementaire qui déterminera la suite des évènements. Mais, d’ores et déjà, les pronostics les plus optimistes prévoient une reprise éventuelle des importations de véhicules vers le milieu du second semestre 2022.
La seconde inconnue de la crise automobile en Algérie, c’est l’envolée historique des prix des produits importés d’une manière générale et ceux du véhicule en particulier. Cette hausse exponentielle est, en réalité, la résultante du glissement progressif de certains paramètres définissant la structure des prix et la convergence de facteurs exogènes ayant influé négativement sur l’activité économique mondiale, notamment la pandémie de Covid-19.
        
Les raisons d’une augmentation
D’emblée, une certitude s’impose, un retour aux prix d’avant 2017 (année où a été acté l’arrêt des importations) est définitivement à écarter. Le dinar a fortement perdu de sa valeur face aux monnaies fortes (dollar et euro), les prix des véhicules ont sensiblement grimpé à la sortie d’usine en raison de la revalorisation de certains composants et l’intégration de technologies innovantes et les coûts de transport se sont multipliés par deux, voire trois. Pendant ce temps, des véhicules, autrefois considérés comme low cost, ont gagné en qualité et leur prix ont sérieusement progressé, y compris ceux qui nous venaient de la Chine lointaine et qui étaient proposés aux clients algériens à des prix défiant, à l’époque, toute concurrence.
En 2017, les cours de change étaient de l’ordre de 109 pour le dollar et 124 pour l’euro. En 2022, ils sont de 113 pour le dollar et 159 pour l’euro.
          
Les prix pour deux modèles différents
1/ Concrètement, un véhicule entrée de gamme d’un prix moyen de 10 000 euros débarquerait en Algérie au tarif ci-après,
- Prix sortie usine : 1 590 000 DA
- Droit de douane (taux moyen de 10%) : 159 000 DA
- Coût de transport (prix moyen 1 000 euros): 159 000 DA
- TAP (1,5%) : 23 800 DA
- TVA (19%) : 302 000 DA
- Taxe véhicule neuf : 100 000 DA
Soit un prix final approximatif de l’ordre de : 2 333 800 DA TTC.
2/ Pour un véhicule de moyenne gamme d’une cylindrée de 1,6l et dont le prix moyen serait de 16 000 euros, on aura la structure tarifaire suivante,
Prix sortie usine : 2 544 000 DA
Droit de douane (taux moyen de 10%) : 254 400 DA
Coût de transport (prix moyen de 1 500 euros) : 238 500 DA
TAP (1,5%) : 38 160 DA
TVA (19%) : 483 360 DA
Taxe véhicule neuf : 250 000 DA
Soit un prix approximatif de l’ordre de : 3 808 000 DA.
        
Une crise qui va durer encore
A l’évidence, cette simulation ne prend en compte que des modèles à la dotation en équipement minimale telle qu’exigée par la réglementation en vigueur. Naturellement, il en est autrement pour les modèles et les finitions supérieures.
Plus globalement, les prix des véhicules qui seront importés par les futurs concessionnaires ne connaîtront pas de baisse importante par rapport à ceux pratiqués actuellement par les revendeurs multimarques. A cela s’ajoutera une contrainte imprévue, celle de la crise de certains composants comme les semi-conducteurs qui a impacté la production automobile mondiale avec des délais de livraison de plus en plus longs, atteignant, même, les 12 mois pour certains modèles à succès.
Autant dire que la crise automobile en Algérie semble avoir de beaux jours devant elle et que l’année 2022 serait déjà en ballottage défavorable.
B. Bellil

 

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