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Rubrique Le Soirmagazine

ATTITUDES Détermination

«J’ai sauté du lit à l’annonce de la désignation  du nouveau président de la République. J’ai à peine avalé mon café et je suis sortie exprimer ma colère.» Chaussée de souliers de sport, vêtue de  jeans, une parka beige, la tête couverte d’un foulard, une écharpe aux couleurs de l’emblème national autour du cou, cette dame, les 70 ans bien entamés, peste contre le système qui continue de mépriser son peuple. «Mais ils n’ont aucun scrupule. Regardez toute cette armada de policiers, on a l’impression qu’ils ont vidé les casernes. Ils arrosent les jeunes de gaz lacrymogènes et d’eau, mais nos enfants, dignes et courageux, ripostent par leurs slogans.  Silmiya ! La rue nous appartient !  Ils disent leur révolte. Nous ne voulons pas de ce système. Et bien nous sortirons tous les jours jusqu’à ce qu’ils abdiquent. 
Mes enfants, depuis ce matin, me harcèlent au téléphone, ils ont peur pour moi depuis qu’ils ont su que les gaz asphyxient les manifestants. 
D’ailleurs, des jeunes m’ont donné du vinaigre, j’en ai imbibé mon châle et, pour ne pas étouffer, je me couvre le nez avec. Un policier a osé me crier dessus en me demandant de rentrer chez moi, que je suis vieille et que je n’ai rien à faire dehors, c’est dangereux. Mais c’est fou comme ils peuvent être aussi formatés.
Un groupe s’amasse autour d’un homme, 35 ans, venu de l’intérieur du pays, qui déverse sa rage contre une ligne de bleus interdisant l’accès aux marches de la Grande-Poste. Il jure de mettre fin à ses jours avant le mois de Ramadhan. Une façon à lui de quitter ce pays comme le faisaient les  harragas quand ils affrontaient la mer. Il s’effondre et fut vite secouru par les manifestants qui l’entraînent dans le hall d’un immeuble  pour le calmer.
«Regardez ce qu’ils ont fait à nos étudiants et vous voulez que l’on se taise? Ils  ne connaissent pas le peuple. Tous ces jeunes, nos enfants qui sont bousculés, qui reçoivent l’eau, les gaz et qui restent stoïques, scandant  slogans et chansons contre le système politique, à tue-tête,  sont déterminés. Ils le disent. Le Ramadhan, ils sont prêts à le passer dans la rue. Moi je serai la première à les suivre. Rien ne nous arrêtera.»
- Circulez, circulez, laissez le passage, crie un policier en civil à l’endroit des manifestants qui formaient un grand cercle le long du trottoir et débattaient des derniers soubresauts de la révolution.
- Mais on ne gêne personne, on est en train de nous exprimer, vous ne pouvez plus nous bâillonner, s’indigne un  homme posé, les cheveux blancs, mais à l’allure jeune.
- Vous, je ne vous parle pas, il n’y a que vous à qui je ne m’adresserai pas.
Avant le coucher du soleil, où la rue Didouche-Mourad n’a pas désempli, les forces de l’ordre, toujours aux aguets, refoulent sans cesse la foule. Vraisemblablement à court d’arguments, un officier en civil sort le prétexte qu’à cette heure-ci, «les ennemis s’infiltrent». «Pour notre sécurité, il faut que l’on se disperse.»
Peine perdue, les débats animés par un étudiant oranais drainant une assemblée de femmes et d’hommes, tous âges confondus, se poursuivront jusqu’à tard dans la soirée, aux environs de la Grande-Poste, sous l’œil vigilant des policiers.

 

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