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Rubrique Les choses de la vie

2019... (2e partie)

Suite de notre rétrospective de l'année 2019 à travers les chroniques du jeudi.

*23 mai 2019 : « Le mouvement du 22 février n'a pas consenti tant d'efforts et de sacrifices pour déboucher sur une nouvelle farce électorale qui, dans les conditions décrites plus haut, sera probablement pire que les «comédies-plébiscites» précédentes. Par conséquent, il n'y a plus qu'à intensifier les marches en veillant à unifier les slogans afin que l'armée ne soit pas une cible mais la destinataire d'un message clair : c'est le vote du 4 juillet qui est un danger et non la courte période de transition devant permettre de changer la Constitution et préparer convenablement la prochaine échéance présidentielle.»

*2 juin 2019 : « L'ANP n'est pas exempte de critiques, loin de là, mais cet acharnement contre elle n'est pas un signe qui rassure quant à l'avenir immédiat. Déjà ciblée par les services marocains via les mouches électroniques visant une guerre civile et la presse française et turque notamment, l'armée algérienne, qui reste, jusqu'au moment où j'écris ces lignes, aux côtés du peuple, a besoin de notre soutien pour aller, ensemble, plus loin sur la voie voulue par les masses. Que cette armée retrouve encore un peu de cet esprit révolutionnaire qui a toujours guidé ses pas et tout redeviendra clair. Car cet esprit n'est pas absent : n'est-ce pas lui qui a présidé à la décision historique et capitale de ne pas réprimer le mouvement populaire et de s'aligner sur les positions du peuple ? C'est Novembre qui a parlé ce jour-là, c'est l'armée du peuple qui a tourné le dos au clan prédateur pour soutenir le camp de la liberté.»

9 juin 2019 : « Si le Soudan clignote en rouge, faisons attention au syndrome jaune français : les gilets de cette couleur inscrivent les dernières pages de leur épopée. Faute d'organisation interne, faute de représentation, faute d'un minimum d'unité idéologique et surtout, choix mortel de tourner en rond sans perspective. Faisons gaffe ! Ça suffit avec un petit tour hebdomadaire et puis s'en vont ! Organisons-nous, donnons-nous les moyens d'imposer nos solutions sans l'aide de qui que ce soit, rendons à la politique et à la citoyenneté leurs lettres de noblesse !»

13 juin 2019 : « Je discutais récemment avec un journaliste du Soir qui n'était pas d'accord avec moi. Je lui expliquais que ce sont des jeunes comme lui, aussi patriotes et compétents que lui, qui composent le gros des instances militaires qui agissent dans l'ombre pour faire aboutir les revendications de la rue, protéger les marches, proposer des solutions, veiller à la liberté des juges, faire respecter les droits fondamentaux des citoyens à tous les niveaux de la vie politique, économique et sociale, tout en continuant à faire face à leurs obligations professionnelles habituelles. Cette cuvée de l'Algérie indépendante, encadrée par les anciens, veut changer les choses et participer d'une manière efficace mais discrète à la naissance d'une république réellement démocratique basée sur la justice et l'égalité.»

*20 août 2019 : « L'intervention du militaire et sa suprématie sur le civil ne sont pas une fatalité. Sans remonter à ces dirigeants et héros antiques qui furent tous des guerriers intrépides, Novembre porte la marque indélébile de la suprématie du militaire, au prix d'un douloureux «parricide» qui fit tomber de son piédestal le père de l'indépendance, partisan d'un processus de décolonisation «civil» ou, à tout le moins, préférant retarder la révolte armée !
C'est, justement, l'échec des civils qui a toujours conduit les militaires à intervenir dans des arbitrages pas toujours sans reproches. Les civils ne sont pas arrivés à s'entendre en 1963 dans un pays déchiré d'emblée par les soulèvements et les scissions. L'ANP, marquée par son caractère révolutionnaire, n'avait qu'un seul choix : mettre un terme aux rébellions et asseoir l'ordre et la paix. 1965 : le choix porté sur le candidat Ben Bella s'est avéré catastrophique. Pas d'hésitation : la correction entre dans l'Histoire sous le nom de «réajustement révolutionnaire». S'ensuit une longue période de stabilité et de développement stoppée par l'Infitah des années 80 qui déboucha sur les dérives d'une décennie certes noire mais rehaussée par la lutte héroïque et les sacrifices de nos forces armées, des services de sécurité et des patriotes de tout le pays. Le clin d'œil du chef d'état-major, dans son discours de mardi, à cette mobilisation historique de l'ANP et du peuple contre le terrorisme, est venu à point pour faire taire les revenants de l'histoire macabre qui surfent sur les vagues du Hirak pour se refaire une virginité. Enfin, dernier épisode et non des moindres : alors que tous les observateurs s'attendaient à ce que les militaires répriment le peuple dans les rues, on a assisté en février/mars 2019 à une formidable jonction entre les masses populaires et leur armée, dans un généreux élan de fraternité ayant débouché sur l'éviction de Bouteflika et ses acolytes.»

*20 août 2019 : « Notre longue histoire est intimement liée à celle de nos forces armées et pour sortir de la suprématie du militaire, en vue de bâtir un ordre réellement démocratique, il faut que la classe politique et la société civile s'élèvent au niveau d'une nouvelle et haute responsabilité conforme à la grandeur, la pureté et l'union sacrée qui caractérisent le soulèvement populaire pacifique. Les forces politiques et citoyennes doivent s'unir autour d'un programme minimum reflétant l'essentiel des aspirations des masses ; elles doivent se retrouver en un front uni débarrassé des querelles de clocher. Cette unité ne veut pas dire unanimisme mais choix de nouvelles stratégies où l'égoïsme et l'irréductibilité laisseront la place à la pondération, l'apaisement, l'écoute de l'autre, la recherche de ce qui fait consensus et le gommage de tout ce qui est obstacle à l'entente et la cohésion. C'est d'une construction démocratique nouvelle et sérieuse dont a besoin notre cheminement politique futur et c'est cette construction aboutie qui donnera, enfin, la suprématie du civil sur le militaire ! Il ne faut surtout pas confondre vitesse et précipitation. N'est-ce pas M. Saâdani ? Où est votre État ‘’civil’’ ?»

*5 septembre 2019 : « Ceux qui crient aujourd'hui à la mainmise de l'armée ont tout fait inconsciemment pour que cette dernière soit la seule force organisée qui imprime son rythme au mouvement populaire. En empêchant le Hirak de se doter de sa propre direction, ils l'ont empêché de porter sa voix au niveau national, d'un ton ferme et déterminé, pour que les revendications portées par la rue soient écoutées ! Personne n'aurait pu parler à sa place: ni l'armée, ni la présidence ni le Panel de dialogue ! Sans représentation, le mouvement du 22 février est sans voix. Certains lui font dire exactement le contraire de ce qu'il veut. D'autres lui prêtent des idées contradictoires, confuses, dans le but de le décrédibiliser. Le peuple ne parle que quelques heures le vendredi puis laisse les autres parler à sa place. Et ce qu'il dit est sujet à toutes sortes d'interprétation !
Il est quand même paradoxal que le Hirak arrive à libérer l'armée, les partis, la société civile, certains médias complices de la bande (encore que la tendance est au retour du béni-oui-ouisme !) mais ne libère pas le peuple !»

* 12 septembre 2019 : «Alors que le peuple algérien est sorti pour que les Bouteflika et consorts ne reviennent plus, pour que le président de la République ne soit plus cet être «supérieur» au-dessus des lois et afin que les moyens et méthodes ayant conduit à l'émergence d'une oligarchie dominante de la pire espèce soient bannis à jamais, nous assistons à une mobilisation étatique — mais pas seulement, voir par exemple les télés «indépendantes» — pour des élections sans retouches de la Constitution. Présentées comme la solution la moins coûteuse sur le plan des risques potentiels, ces élections laissent, pourtant, la porte ouverte à l'arrivée d'un Président qui peut être un second Bouteflika ! 
Quelles garanties avons-nous pour que les partis de l'Alliance et d'autres encore ne se comportent pas exactement comme avant ? Comment éviter que des portraits géants du nouveau leader ne soient déployés au-dessus des immeubles à inaugurer ? Comment savoir que des «élites» éclairées de certaines wilayas n'offriront pas des chevaux à des cadres en bois quand l'honorable Président ne pourra pas se déplacer pour les recevoir en personne ? Qui pourra remettre en cause les nominations de proches et des gens de son patelin quand il sera tenté d'asseoir son pouvoir sur une base régionaliste, etc. ? Seule la loi peut l'empêcher de faire ce qu'a fait Bouteflika, seul un changement de ses prérogatives et un contrôle strict de la part des élus de la Nation peuvent empêcher ces dérives que nous payons chèrement et qui font sortir le peuple dans la rue.»

*19 septembre 2019 : «Sortis pour chasser le tyran et améliorer leurs conditions de vie, beaucoup de Tunisiens se rendent compte qu'ils vivaient mieux du temps de la dictature! Et certains me l'ont dit d'une manière très directe : «Fallait-il la faire cette révolution ?» La question paraît saugrenue, mais que gagne le quidam de Gaâfour quand le Palais de Carthage reçoit enfin le locataire élu "démocratiquement" et quel avantage pour lui lorsque plusieurs partis occupent le Parlement au lieu d'un seul ? A comment éviter que des portraits géants du nouveau leader ne soient déployés autrement dit, cette démocratie occidentale qui fait sortir les Gilets jaunes, crée le désespoir des classes moyennes américaines et appauvrit les Grecs, est-elle vraiment la solution pour nos pays ? Ne faut-il pas l'accompagner par une obligation de résultat sur le plan de la juste répartition des richesses, l'égalité des chances, l'équilibre régional et du développement économique et social ? Certes, il n'y a pas d'autre alternative et cette forme d'organisation démocratique est un passage obligé pour nos pays ; mais, telle qu'elle se présente, n'est-elle pas aussi faite sur mesure pour ces beaux parleurs aisés qui, dans des Parlements ressemblant à des théâtres, jouent une pièce bien apprise ? Derrière leurs masques, ils plaident pour faire voter des lois qui servent le capital, qui enrichissent les plus riches. Pendant ce temps-là, l'urgence pour une famille de chômeurs à Gafsa est le pain de midi.»
(A suivre)
M. F.

P. S. : bonne et heureuse année 2020 à nos amis lecteurs. Fidèles à nos idées, constants dans nos écrits depuis...1968, nous continuerons de lutter pour la révolution et le socialisme; c'est cela, nous semble-t-il, l'idéal du novembrisme.

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