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Rubrique Les choses de la vie

C'est comme s'il était toujours derrière la porte !

Mais qui a donc dit que le pouvoir du clan est ébranlé ? En ce 11 avril 2019, il est plus fort que jamais, soudé, imposé à quarante millions d'Algériens qui n'en veulent plus! Oui, qu'est-ce qui a changé depuis ce vendredi 22 février, début des grandes manifestations populaires ? Les entrepreneurs véreux, corrompus et corrupteurs sont toujours là, les administrateurs habitués à la fraude électorale n'ont pas bougé de leurs postes; les chefs de daïra et les présidents d'APC impliqués dans ces opérations douteuses gardent le contrôle des urnes, les députés mal élus, ceux de la «chkara» siègent et poursuivent tranquillement leurs séances de levée des mains comme si de rien n'était, les cadres des ministères continuent de recevoir les mêmes ordres et les policiers reviennent à leurs — mauvaise — habitudes!
Oui, qu'est-ce qui a changé ? La télévision nationale fait les mêmes journaux télévisés sans Bouteflika. Mais ses hommes sont là, tous! Il n'en manque que quelques affairistes décriés qu'on va cacher quelque temps avant de les libérer ! Pourtant, il y a une trentaine d'années, cette même télévision s'était métamorphosée pour répondre au besoin de changement exprimé par les jeunes d'Octobre 88, une métamorphose qui avait réconcilié les Algériens avec leurs chaînes publiques, les éloignant momentanément des programmes français par satellite, grande nouveauté de l'époque ! Grâce au génie d'un homme que nous oublions souvent d'honorer —Abdou B. — et au professionnalisme et dévouement des jeunes journalistes et animateurs, l'ENTV gagna ses lettres de noblesse en quelques semaines, se mettant au service exclusif de la démocratie naissante. Abdou B. eut le courage de déplacer les audiences présidentielles en fin de journal et de supprimer même celles qui n'avaient qu'un simple caractère protocolaire ! Faites la comparaison avec les JT actuels! N'est-ce pas, à quelques détails près, le journal conçu et présenté par les journalistes et présentateurs de Saïd Bouteflika ?
Oui, qu'est-ce qui a changé au fond ? Rien! Sept semaines à battre le pavé pour que les béni-oui-oui reviennent pavoiser au Parlement et que les trois B, «dégagés» pourtant par des millions d'Algériens, s'accrochent si pitoyablement au pouvoir! Je ne sais pas s'ils se bouchent les oreilles ou s'ils évitent de regarder la télé ou surfer sur internet, mais j'ai beau tourner la question, je ne pense pas qu'ils ignorent qu'ils sont indésirables, totalement rejetés par des millions d'Algériens.
C'est ce que j'entends autour de moi. Dans les petits cafés de la place du 1er-Mai, il y a quelques jours et, ce matin, sur la terrasse ensoleillée de cette cafétéria située à 600 kilomètres de la capitale. J'entends les jeunes, les vieux, les femmes, les hommes, les enfants, vous dire «dégagez tous !» Un langage clair pourtant. Dans quelle autre langue faut-il vous le dire ? Évidemment, et nous nous y attendions, vous nous sortez le respect de la Constitution ! Une Constitution que vous refusez de changer pour nous fabriquer rapidement un autre dictateur ! Oui, cette loi fondamentale est faite pour un monarque absolu, pas pour la démocratie ! La garder est un crime que  l'Histoire vous rappellera un jour !
Cette Constitution, tripotée, malaxée, souillée, changée et rechangée, taillée sur mesure pour votre roi ; cette Constitution bafouée dans ses grands principes de liberté et de dignité et qui ne vous intéressait que pour prolonger les indus mandats, la voilà qui devient la prunelle de vos yeux, l'objet de votre adoration ! Quand cela vous arrangeait, vous nous disiez : «Ce n'est pas le Coran !» Et aujourd'hui que l'avenir du pays ne peut se dessiner sans actes extra-constitutionnels, aujourd'hui que la voie de l'article 102 est clairement celle du suicide collectif, vous refusez de voir la réalité en face et cette réalité passe par d'autres mesures politiques acceptées par tous. Cet entêtement n'est pas nouveau chez les systèmes dictatoriaux. Le départ de Bouteflika ne veut pas dire que la démocratie est tombée du ciel subitement ! Les hommes de Bouteflika et tout son clan sont toujours là, bien accrochés au pouvoir grâce à un stratagème machiavélique. Le peuple sait qu'il va falloir tout recommencer : le chemin de la liberté est encore long et le départ du chef ne veut rien dire tant que les leviers politiques et économiques sont aux mains de ses hommes.
La solution d'un changement avec des instances transitoires dirigées par des hommes compétents et intègres hors ceux du clan est, pourtant, la meilleure issue pour le pays. Ainsi, le chemin pris par le mouvement du 22 février ne semble avoir aucun résultat palpable sur le cours des événements politiques. C'est comme si, une fois Bouteflika parti, son frère Saïd continuait à diriger le pays avec ses hommes et ses méthodes. Supposons qu'en démissionnant, Bouteflika «oublie» son frère au palais de Zéralda. Saïd, toujours roi d'Algérie par intérim, commencerait par réfléchir à un plan pour rester au pouvoir sans le montrer.
Il nommerait un proche à la télévision. Il chargerait son ami de toujours, Bedoui, de former le gouvernement. Quelques jours avant les changements au Palais, il organiserait une cérémonie à la va-vite en présence de son frère, pour installer un autre homme du clan à la tête du Conseil constitutionnel. Saïd serait tranquille parce que le Conseil de la nation est dirigé par l'un des plus fidèles hommes de Bouteflika, celui qui prendrait les rênes de l'Algérie dans quelques jours. Et Ali Haddad ? Ah oui, celui-là, on allait l'oublier ! Serait-ce le nouveau dindon de la farce, un peu comme Khalifa qui a payé à la place des ministres et du chef de l'UGTA impliqués dans le scandale? Et Haddad, il paye à la place de qui ?
M. F.

P. S. 1 : dédicace de mon livre Les Mots du jeudi, tome 2, publié en 2005 : 
«Au quotidien Le Matin, 
Porte-drapeau des sans-espoir 
Enterré vivant et qui repoussera comme une fleur de printemps 
Dans le terreau de nos convictions Sous le soleil éternel de l'Algérie.» 
Ce journal, poignardé par la «bande» et son directeur incarcéré, reviendra. J'en étais sûr. J'en suis certain !

P. S. 2 : en écrivant ces chroniques du jeudi, j'ai l'impression de faire du surplace. Même ligne, même style et, toujours, Bouteflika en ligne de mire. Je le fais presque automatiquement depuis 2000 et ça devient lassant ! J'espérais un changement pour que je puisse me débarrasser de cette obsession! Hélas, ce plaisir est réservé à ceux qui, à peine sortis de l'idolâtrie de Bouteflika, se sont mis à le descendre en flammes ! Ça, c'est du changement, ya baba ! Incapable de m'y mettre, je demande pardon aux lecteurs de leur servir la même sauce ! 

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