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Rubrique Les choses de la vie

Le grand désarroi des lécheurs de bottes

Finalement, il n'aura pas fallu beaucoup de temps pour que les opportunistes sans foi, ni loi, se démasquent eux-mêmes. Nous connaissions leurs prédécesseurs! Ils étaient avec Ben Bella mais, sans hésiter, se sont mis sous les ordres de Boumediène. Ils n'avaient aucun complexe à se transformer successivement en fervents défenseurs de Chadli, Boudiaf, Ali Kafi et Zeroual. Mais ces anciens brosseurs professionnels gardaient une certaine réserve et disposaient d'une capacité d'adaptation remarquable qui pouvait prêter à confusion et laisser penser qu'ils «changeaient» pour la bonne cause. D'ailleurs, souvent, ce n'était ni pour le fric, ni pour les postes. C'était pour rester dans le wagon de tête à des époques où le pouvoir avait une seule tête! 
Mais que dire des nouveaux adeptes de la courbette ? J'en suis malade, dégoûté ! Oui, vraiment! Au point où, pour le troisième jeudi, j'allais encore republier une vieille chronique. Oui, je me sentais incapable de sortir la moindre phrase pour produire un nouveau texte tant le comportement de cette vermine me pesait sur l'estomac ! Je comprends que l'on veuille changer de camp dans le style de «le roi est mort, vive le roi !» Mais de là à abandonner le navire, à sauter le premier dans le canot de sauvetage en abandonnant femmes, enfants et personnes âgées; de là à se retourner aussi brutalement contre la main qui vous nourrissait, c'est ahurissant !
Oui, nous pensons tous que la condition humaine n'est pas toujours faite d'héroïsme et de don de soi et qu'il y a eu, il y a et il y aura des changements et des «mises à niveau» sans lesquels ce bas monde serait un paradis idéalisé. Mais ce que ces journées de crise politique aiguë nous ont montré dépasse tout ce que nous avons connu en matière de trahison et de coups de poignard dans le dos des despotes déchus. Des collaborateurs très proches s'alignent...  «Même toi, Brutus !» Encore que Bouteflika est toujours le président de la République présenté et soutenu par ces mêmes renégats. Que dire ? J'ai honte à leur place ! Et vous savez quoi ? Maintenant qu'ils montrent leur véritable visage ; maintenant qu'ils rament dans la bonne direction pour atteindre le rivage de la survie, abandonnant l'homme qui les a faits, ce vieillard affaibli par la maladie et qui ne sort de son lit que pour s'affaler dans son fauteuil roulant, j'ai bien envie de renier mes vingt années de journalisme anti-bouteflikien et de courir vers l'homme esseulé de Zéralda pour lui dire haut et fort : «Tu as tant vu dans ta vie qu'il ne faut pas faire attention à ces girouettes ! Nous avons combattu tes programmes politiques intérieurs parce que nous  savions que l'Algérie méritait mieux. Mais maintenant que le rideau se ferme sur ton règne, nous ne t'abandonnerons pas ! Tu sortiras dans la dignité. Malgré tout, ce peuple ne connaît pas la haine; il n'est pas revanchard.»
Je lui dirai que ce peuple sait pardonner mais n'oublie pas. L'oubli lui rendrait de mauvais services car, demain ou après- demain, et s'il ne retient pas la leçon, il sera encore gouverné par des forces extraconstitutionnelles, des frères, des épouses, des cercles qui parleront au nom du Président élu, rédigeront des lettres en son nom, privatiseront en son nom ! J'ajouterai : «Et ces gens qui ont mangé dans ta main et qui se retournent brutalement contre toi savaient que tu ne gouvernait plus !» Pourquoi n'ont-ils pas parlé ? Pourquoi ont-ils attendu que son excellence le peuple s'étale majestueusement dans les artères de nos villes et villages pour commencer à susurrer de petites vérités qui disaient déjà leur futur changement de veste !
Et s'il nous a semblé un moment, que, dans les rangs de ces applaudisseurs professionnels, il y avait des retardataires, nous donnant l'espoir de déceler peut-être parmi eux de vrais supporters de Bouteflika, le dernier discours de Gaïd Salah sonne comme un rappel des troupes. En attendant de connaître l'identité du nouveau maître, ils se tournent vers la force du moment : l'armée. Tiens, en voilà un qui sort des rangs ! Sidhoum Saïd, le chef du syndicat qui a confondu la défense des travailleurs et celle des patrons, choisissant la position la plus confortable et la plus... rémunératrice ! Ils sont comme ça! Incapables de prendre des décisions par eux-mêmes !
L'article 102, oui bien sûr, c'est une voie de sortie comme une autre qui attendra d'être plébiscitée par les millions; mais vous, pourquoi vous vous excitez subitement ? Le Président inapte ? Vous le saviez, et depuis longtemps et vous n'avez rien dit, rien fait ! Gaïd Salah le savait aussi. Certains lui reprochent aussi de n'avoir rien dit, rien fait. Etait-ce son rôle dans une «démocratie» où nous disait-on d'une seule voix que les institutions, des plus basses aux plus hautes, sont l'émanation de la volonté populaire ? Quant à l'armée, il faut savoir ce que l'on attend exactement d'elle! Il y a quelque temps, des voix parmi les démocrates demandaient... un coup d'Etat ! Ils avaient leurs arguments et nous avions les nôtres pour nous opposer fermement à ces demandes. Tout en renouvelant notre reconnaissance à l'ANP d'avoir épargné au pays des conflits majeurs et même une guerre civile à large échelle au lendemain de l'indépendance ; tout en réaffirmant notre fidélité au réajustement révolutionnaire de juin 1965 qui a arrêté le flou idéologique et les errements despotiques de Ben Bella, mettant le pays sur les rails de la stabilité et du développement ; tout en rappelant le rôle positif de l'armée en 1991/92 pour mettre un terme à d'autres errements et pour sa lutte exemplaire contre le terrorisme et tout en redisant notre fierté pour le rôle de l'ANP dans le retour de la sécurité à Ghardaïa où le pouvoir «civil» prôné par le Drabki a montré ses limites, nous nous opposons avec force à une nouvelle intervention de l'armée dans les affaires politiques ! D'abord parce que ce serait prouver que le peuple est incapable d'agir pour corriger les erreurs des gouvernants — Dieu merci, il vient de prouver le contraire d'une manière sublissime ! —. Ensuite parce que ce serait un danger pour l'armée elle-même dont le rôle est ailleurs en ces temps de risques réels à nos frontières.
L'ANP a donné son avis. Ce n'est pas un ordre mais c'est le point de vue de la principale force organisée du pays. Le débat est lancé. Qu'il soit sage et serein! Car la sérénité est la clé de la réussite. Surtout du côté de certains cercles de l'opposition surexcités et ne sachant plus quoi faire pour prendre la bonne place dans le train en marche du peuple ! Je dis bien «certains»...
M. F.

P. S. 1 : dégoûté par les hommes politiques opportunistes mais aussi par des journalistes qui ont élevé Bouteflika au rang de Dieu vivant et qui n'osent plus publier ses photos en première page. Quant aux télévisions créées par la présidence pour soutenir le 4ème mandat, elles doivent changer de statut et se conformer à la législation nationale ou disparaître. L'autorité de régulation, marginalisée et souvent humiliée par les puissants patrons de ces chaînes à pub, doit intervenir dans les plus brefs délais pour jouer pleinement son rôle. Nous n'oublierons jamais que des gendarmes ont investi les studios d'Atlas TV qui a été stoppée par la force! Ni Dzaïr TV, ni Echourouk, ni Ennahar n'ont subi ce sort...
P. S. 2 : bien qu'étant personnellement favorable à une transition qui mettra de côté tous les symboles du règne finissant, je me dois de rappeler à tous ceux qui m'écrivent à propos de M. Bensalah, président du Sénat, qu'il est algérien comme signalé dans notre article du 28 février 2015 : «Selon l'état civil de la commune mixte de Nedroma, les Bensalah appartiennent aux aarchs des Béni Meshel, les plus anciens de la région des Gaadi de la commune de Filaoucène, appelée aujourd'hui Mahraz. Le père et le grand-père de Bensalah Abdelkader reposent au mausolée de Sidi Benamar.»

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