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Rubrique Les choses de la vie

Ouvriers, à droite toute !

Parcourant l'autoroute Est-Ouest, on tombe sur des chantiers de postes de péage dont les travaux semblent s'accélérer. Et dire qu'il y a quelque temps, en face, les gilets jaunes brûlaient ces postes de péage et laissaient passer gracieusement les camionneurs et les automobilistes. Ce geste n'était pas fortuit. Il signifie que les gens en ont marre de payer des services qui devraient être gratuits ! Et c'est justement cette tendance exagérée de l'ultralibéralisme à vider les poches des citoyens qui est violemment dénoncée par les citoyens. D'autant plus que l'argent pris au peuple ne va pas aux projets d'utilité publique mais sert à gonfler les fortunes de quelques familles qui se partagent toutes les richesses du pays. Elles sont à la tête des sociétés d'autoroutes, des banques, des grands groupes audiovisuels, des compagnies de téléphone fixe et mobile, des industries d'armement, des travaux publics, des médias audiovisuels, de la presse écrite et de tout ce qui fait rentrer de l'argent ! Les Français et tous les peuples n'en peuvent plus de ce vol organisé ! Alors que leur pouvoir d'achat fond comme du beurre au soleil, les grosses fortunes ne s'arrêtent pas de grossir, affichant des chiffres faramineux qui insultent quotidiennement les petites bourses, les ménagères et les exclus de la marche forcée du capitalisme.
Le mouvement des gilets jaunes ne fut pas une jacquerie de plus dans ces pays habitués aux mouvements sociaux et à une forte présence des syndicats dans les luttes ouvrières. Ce mouvement échappait justement à l'emprise des syndicats et prenait, peu à peu, les contours d'une véritable révolution citoyenne partie de la base et déterminée à poser les véritables problèmes sociaux à un État qui use et abuse de stratagèmes pour étouffer toute forme de revendication sérieuse. N'appartenant à aucun parti, ne se reconnaissant dans aucune confédération de travailleurs, échappant aux débats philosophiques d'une élite cathodique démodée, cette lame de fond qui secoua les profondeurs de la société française ne s'est arrêtée que parce que la pandémie de Covid-19 devenait périlleuse pour tous. Dommage car les changements profonds attendus dans la vie politique, économique, sociale et culturelle n'auront pas lieu, encore une fois.
Ce que veulent les pauvres, les ouvriers exploités, les paysans écrasés par les politiques agricoles décidées à Bruxelles, les ménagères en butte aux difficiles fins de mois, les chômeurs et les exclus, ce n'est pas 100 euros pour les smicards, ni quelques aménagements des taxes marginales. C'est une autre société qu'ils veulent. Pari impossible ? Évidemment, ce mouvement désorganisé, sans structures, sans chefs, sans feuille de route claire, semble bien faible face à l'organisation martiale du système capitaliste lié aux forces internationales de l'argent. Faible aussi devant les médias manipulateurs qui appartiennent justement aux pires ennemis de la classe ouvrière. Faible face aux forces militaires et paramilitaires qui défendent l'ordre des riches et les intérêts du capitalisme et de l'impérialisme. Faible enfin et surtout parce qu'il reste miné par les différends politiques et le danger d'un virage dangereux vers l'extrême-droite. Oui, cela semble ahurissant mais pas pour celui qui observe bien les votes des ouvriers et des retraités depuis une ou deux décennies. D'ailleurs, les réactions face à la question de l'immigration renseignent sur le caractère anti-internationaliste de ce mouvement.
Nous sommes en présence d'un soulèvement généralisé contre le capitalisme mais sans ancrage évident dans la gauche et c'est cela qui inquiète ! En fait, les classes ouvrières des pays occidentaux s'enferment dans une vision nationaliste aux souvenirs douloureux. Laminée par tant d'années de matraquage, exsangue par des décennies d'exploitation et d'appauvrissement, désorientée par un discours politique qui stigmatise l'étranger «voleur de pain», la classe ouvrière européenne veut rompre avec le capitalisme exploiteur mais sans lui proposer une alternative crédible en termes d'orientation politique progressiste et d'organisation économique solidaire. Ainsi, perdant sa sève nourricière, la gauche périclite et ne rassemblé plus que des intellectuels et des marginaux !
L'ordre impérialiste mondial s'est attelé tout au long de ce début de siècle à mobiliser les peuples autour de sujets subalternes qui ne peuvent en aucun cas constituer des questions vitales. Pendant que les travailleurs s'appauvrissent tout en perdant en quantité et en qualité les services publics, on leur faisait croire que la liberté et le droit, c'est d'autoriser deux hommes à se marier légalement entre eux ! Les rues se remplissaient de foules pour ou contre cette option étrangère à la réalité du vécu quotidien et de ses problèmes inextricables. Et pourtant, la première liberté de l'homme, son premier droit, c'est d'abord de vivre ! Ce que l'on refuse à des peuples pas très lointains, englués dans les guerres provoquées par l'acharnement impérialiste. Les droits fondamentaux de l'homme sont de bénéficier de soins gratuits, d'enseignement gratuit, de logements, de transports et de moyens de loisirs à sa portée. Autant de questions occultées et remplacées par des préoccupations façonnées dans les laboratoires de la manipulation.
L'autre grande question qui a détourné manu militari les citoyens ordinaires des revendications fondamentales pour une vie meilleure conforme au statut financier de ces pays est la question identitaire qui a transformé tant d'anciennes nations socialistes d'Europe de l'Est en bastions de l'ordre brun ! La lutte antiterroriste, censée défendre le pays contre l'ennemi musulman envahissant et menaçant l'héritage culturel judéo-chrétien, a servi de toile de fond à un vote massif de lois limitant les libertés individuelles et renforçant les moyens de répression.
Pour maintenir cette flamme antiterroriste, il faut qu'il y ait des actes... terroristes. Lapalisse n'aurait pas dit mieux. Si la majorité des attaques viennent de véritables mouvements terroristes autonomes, il reste que d'autres soulèvent des questions et pas seulement chez les «complotistes» que nous sommes. Comment, et par quel miracle, l'attentat se fait oublier des mois, voire des années durant, pour ne surgir que lorsque l'ordre social est perturbé et que le système est mis à mal ? Cela est arrivé sous Sarkozy et Hollande. Cela vient d'arriver sous Macron. La technique est une spécialité du Mossad. Soudain et contre toute attente, un homme ou deux abattent des citoyens dans un lieu public. Quand ils ne sont pas tués sur place, ils réussissent à s'échapper. On les identifie très rapidement (carte d'identité et passeports «oubliés» et même un Coran abandonné sur les Champs-Élysées !). Et aussi vite, ils sont tués à leur tour. Et ça marche à chaque fois, grâce à la collaboration plus qu'active des télévisions d'information continue et... bêtifiante. Merah, Kouachi, Chekatt... Grosse ficelle qui n'a pas totalement marché la dernière fois puisque un grand nombre de gilets jaunes avaient affirmé que l'attaque de Strasbourg fut une grosse manipulation visant directement à contrecarrer la poursuite de leur mouvement.
Quant à nos postes de péage sur l'autoroute Est-Ouest, il serait plus équitable de laisser les Algériens circuler librement et ne pas copier aveuglément ce qui se fait en face. Parce que nous voyons où cela mène. Et au cas où il faudra demain casquer coûte que coûte, pourvu que l'argent n'aille pas dans les poches d'un quelconque privé.
M. F.
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