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Rubrique Les choses de la vie

RADP : une démocratie... populaire !

L'Algérie se réveille sans Bouteflika mais avec tout le reste; c'est-à-dire les mêmes hommes et les mêmes institutions qu'il va bien falloir changer pour instaurer un système démocratique empreint de justice, de liberté et d'égalité. En ce mercredi matin, peu de signes d'un grand débordement de joie dans les rues de la capitale, hormis quelques poches de fêtards çà et là. La veille déjà, la grande foule des marches impressionnantes ne semble pas avoir jugé utile de remplir les rues pour célébrer ce qui s'apparente à une victoire mais qui n'est en fait que le  premier tout petit pas d'un long et difficile chemin.
Il y a de la dignité à revendre dans ce comportement en parfaite harmonie avec la philosophie de ce mouvement populaire pacifique et festif qui rejette la violence, la haine et tout esprit revanchard. Le peuple algérien a montré plus de présence joyeuse lors des victoires sportives ! Cette réserve peut aussi s'expliquer par l'incertitude des lendemains. Rien n'est joué, rien n'est gagné.
Au fond, l'excès d'exubérance vient curieusement de ceux qui ont le plus applaudi un simple cadre en bois et qui veulent se donner aujourd'hui une autre image. Ceux qui crient le plus sont ces mêmes rats qui mangeaient dans la main de Bouteflika et qui, comme ces télés en roue libre et ces hommes de paille sans scrupules, endossent de nouveaux habits taillés sur mesure pour l'étape qui commence. La transition qui s'ouvre aiguise à nouveau leurs sentiments de soumission mais ils doivent  attendre encore un peu pour savoir dans quelle direction va souffler le vent. Au moment de l'émergence du nouveau maître, ils seront encore là pour célébrer son culte sur des airs déjà connus. Les uns en manipulant les images et les gens, les autres en transformant la politique en art de la courbette. Pas d'illusions donc et nécessité absolue de maintenir la forte mobilisation du peuple pour un changement radical des hommes et des mœurs. Cette voie exigera davantage de vigilance mais aussi et surtout des objectifs rassembleurs et précis selon un ordre de priorité clair :
1. Il faut absolument refuser que la période transitoire se transforme en tranquille continuité du régime honni. Pour cela, des hommes nouveaux doivent diriger cette transition, des jeunes issus du mouvement populaire et encadrés par des partisans et militants libres ainsi que des représentants issus des syndicats et de la société civile. L'erreur mortelle serait de ne pas créer des comités populaires et de compter sur un personnel politique corrompu qui reproduira rapidement les mêmes tares.
2. Le mouvement populaire a tout intérêt à privilégier la désignation d'un maximum d'hommes de loi dans sa structure dirigeante. Il a besoin de ces compétences pour juger sereinement et équitablement l'oligarchie qui a volé le peuple mais aussi pour rédiger rapidement une nouvelle Constitution. Ce serait une véritable catastrophe que d'aller à l'élection présidentielle avec l'ancienne loi fondamentale. 
3. C'est le tripotage répété de la Constitution qui a ouvert la porte à tous les dépassements. Pour s'être opposés en temps voulu à ces changements intempestifs d'articles importants, nous mesurons toute l'étendue du désastre quand la majorité du peuple et de la classe politique se tait devant de telles pratiques. A ce titre, et outre quelques rédactions conscientes du danger — dont la nôtre —, nous ne pouvons oublier le geste historique de 11 députés du RCD qui ont voté — SEULS ! — contre l'abrogation de l'article limitant les mandats présidentiels. En ces temps de confusion où tout le monde s'habille d'héroïsme, il fallait le signaler : aucun parti, parmi ceux présents à l'APN, n'avait jugé utile de s'opposer à une manipulation qui allait ouvrir la voie au despotisme et aux dépassements de toutes sortes dont le plus important est l'émergence d'une oligarchie qui va prendre toutes nos richesses en otage!
4. Cette nouvelle Constitution doit corriger les erreurs qui ont instauré l'illégalité, l'injustice et l'oppression. Et la première mesure est d'éviter de plagier encore une fois la Constitution française ! En donnant trop de pouvoir à un seul homme, elle crée des situations semblables à celles que nous voyons en France ou que nous avons vécues ici. Ce statut pseudo-monarchique est à bannir définitivement afin de parvenir à un exercice plus équitable du pouvoir. Il y a tant d'autres exemples dans le monde !
5. La démocratie de type occidental suffira-t-elle, à elle seule, à répondre à l'attente des millions d'Algériens qui sortent pour un avenir meilleur ? Assurément non, car on voit bien que les travailleurs et les classes exploitées sont les dindons de la farce dans les pays libéraux où gronde la révolte. L'Algérie a deux référents qui devraient l'orienter vers un système moins fermé, moins élitiste et plus ouvert sur le peuple. Il s'agit de réfléchir à la notion de démocratie populaire qui continue de distinguer l'appellation officielle de notre République. Comme il s'agit de donner un contenu à cet aspect «social» énoncé dans la déclaration du 1er Novembre et qui ne saurait se limiter aux subventions des produits de première nécessité, à la médecine gratuite et à la distribution de logements sociaux. C'est aux juristes de tracer le chemin d'un renouveau constitutionnel respectant ces valeurs.
6. Une justice libre et non téléguidée par le pouvoir exécutif est à même d'assurer l'égalité de tous devant la loi. Nous sommes trop nombreux à avoir subi les excès de la justice de la nuit ainsi que les humiliations des juges corrompus ou agissant sur injonction pour nous taire encore ! 
7. L'ANP vient, encore une fois, d'intervenir dans les affaires politiques pour épargner au pays de dangereuses dérives. Cela n'est pas nouveau. Quand ça va mal en Algérie, la grande muette parle! Mais la nouveauté, cette fois-ci, est que l'ANP refuse de s'investir entièrement comme elle a l'habitude de le faire. Jusqu'au bout, elle tient à agir en respect absolu de la légalité constitutionnelle. Mais, pour cette transition qui s'annonce et devant les agissements non constitutionnels de ce qu'elle appelle la «bande», l'armée devrait se mettre totalement au diapason du peuple pour dégager des solutions à même de réaliser ses vœux. Quitte à prendre quelques libertés avec la légalité constitutionnelle car, on le voit bien, ses horizons semblent bouchés. 
Enfin, les questions techniques d'ordre juridique ne doivent pas occulter l'aspect éminemment politique de la crise. Le peuple veut plus de liberté et cette quête passe par l'émergence de nouveaux dirigeants compétents et intègres et la mise à l'écart d'un personnel politique compromis et rejeté.  
M. F.

P. S. 1 : sur certaines chaînes françaises, quand on ne parle pas crûment de «coup d'État militaire», on laisse planer un doute sur la légalité des appels de l'armée répondant aux désirs des manifestants. Ces «merdias» affiliés à la grosse finance oligarchique reflètent la peur de ces milieux quant à la perte de leurs privilèges en Algérie. D'une manière plus générale, l'ancienne puissance coloniale semble redouter l'émergence de véritables démocraties en Afrique, ce qui signifiera la fin de son hégémonie à l'heure de la seconde et vraie libération de nos peuples après leur première émancipation du colonialisme.

P. S. 2 : les fake news ne sont plus l'apanage des réseaux sociaux. Maintenant, ce sont des chaînes TV qui s'en abreuvent, dans le but de servir tel ou tel clan. Ce sont des chaînes pirates qui n'ont aucune existence légale en Algérie, hormis des «représentations» rédactionnelles agréées pour services rendus. Créées par la présidence pour soutenir le 4e mandat, elles ont convenablement rempli leur mission au profit de la «bande». Maintenant, elles doivent rentrer dans la légalité en respectant — enfin ! —le cahier des charges établi par l'Arav.

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