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Rubrique Lettre de province

1er Novembre : le jour de la promesse et de la suspicion

Premier Novembre le matin. Alors que s’écrit laborieusement cette « lettre de province », les rescapés de l’ancienne nomenklatura seront certainement invités à la célébration de la fête nationale. Et comme il est de tradition de marquer cette date par un fastueux raout où les mondanités cimentent l’esprit du clan, il est clair qu’aucune personnalité n’oserait s’absenter. Parallèlement, mais au plus bas de l’échelle sociale, le peuple-marcheur s’apprête à rejoindre les lieux des rendez-vous mais cette fois avec la crispation en plus. Car la manifestation de ce jour devra être historique en ce sens qu’elle visera surtout à rappeler que le despotisme politique demeure à ce jour la marque de fabrique des décideurs.
A l’heure donc où les vanités de l’apparat se déploieront à l’abri des regards de la plèbe, ailleurs la colère ne pourra que grandir en volume jusqu’à devenir un immense grondement se répercutant de rue en rue pour imiter les historiques rassemblements de Décembre 1960 et même d’août 1962. Les uns comme les autres ne furent-ils pas, en effet, des ultimatums destinés respectivement à un de Gaulle et aux dirigeants de la révolution dont les appétits de pouvoir étaient insupportables pour le peuple d’alors.
Ceci dit, ces considérations de journalistes ne sont que pures spéculations dès l’instant où elles anticipent sur le déroulement des évènements de ce vendredi que l’on prédit comme décisif. Au risque donc d’être contredit par la tournure de la confrontation, il n’en demeure pas moins que, dans son ensemble, l’Algérie a connu plus d’une fois ce genre de dérives ayant mis en péril la stabilité de l’Etat et cela par la seule intransigeance des pouvoirs obtus. Il est vrai que parmi la cohorte des nations martyrisées par le passé, l’Algérie est certainement celle qui a le plus besoin de connaître toutes les vérités sur les évènements qui ont ponctué le demi-siècle de son existence. Autant, par conséquent, rappeler que sa fragilité actuelle ne l’autorise guère à faire l’impasse sur le passé au prétexte qu’il est sans importance. Faute de n’avoir pas su ou pas voulu être rigoureux dans l’interprétation de l’histoire du mouvement national, cela a certainement permis l’émergence de thèses contestables que certains cercles politiques s’approprièrent pour s’octroyer une notoriété historique alors qu’ils n’étaient, au mieux, que des seconds couteaux. Dès lors, rien ne pouvait échapper à ce révisionnisme rampant car même les dates, dont on disait qu’elles étaient gravées dans le marbre, furent démonétisées. C’est ce qui advint pour le 5 Juillet et le 1er Novembre. Deux repères clés de l’identité de la Nation mais avec lesquels les pouvoirs ont souvent fait « joujou » au nom de certaines valeurs historiques de substitution à l’exemple du 19 Juin 1965. Comme quoi, à certains tournants de l’Histoire, la sacralisation de ces dates prit fin pour ne devenir que des rituels protocolaires que l’on expédie avec une gerbe de fleurs. C’est ce à quoi furent réduits les anniversaires primordiaux de la Nation et cela prouve que dans le registre de la tiédeur patriotique, ce n’est jamais du côté du petit peuple qu’il faut tisonner pour activer la fibre sensible de l’algérianité mais plutôt chez les élites politiques dont l’étrange insensibilité confine au mépris. Jugée à ce propos comme une « trahison » morale, la société a cessé, à son tour, de croire en la probité de ses dirigeants au point de s’autoproclamer comme la seule dépositaire de la mémoire nationale. En clair, puisqu’il n’existe guère de nation sans symboles, un Etat ne saurait prétendre à son intangibilité sans une véritable traçabilité historique. Or, si le 1er Novembre, décrété fête nationale à partir de 1963, conserve une certaine charge émotionnelle, en revanche, la fête de l’Indépendance a été injustement vidée de toute signification. Pour des raisons de basses politiques destinées à doter le militarisme des frontières d’une factice légitimité révolutionnaire, le 5 Juillet fut sacrifié au profit d’un vulgaire putsch que l’on s’empressa vite de qualifier de « redressement révolutionnaire ». A la suite de cette mystification, l’amputation de l’Histoire allait coûter très cher au devoir narratif qu’exigeait la transmission de la véritable geste à l’origine de la renaissance. Opportunément, c’est à Mostefa Lachref que ce pays est redevable, lui qui, dans les années 1980, avait posé la question du rapport de la jeunesse à leur Histoire. Suggérant d’en finir avec « la démesure pseudo-héroïque et les seuls mythes avantageux » qui, justement, agacent l’entendement des générations postindépendance, il mettait en garde les dirigeants contre les immenses falsifications et les détournements des faits historiques à l’origine de nombreuses impostures. Hélas, ce constat, établi dès la fin des années 1980, n’a jamais suscité un quelconque intérêt auprès des princes qui ont gouverné. Bien au contraire, en haut lieu, l’on s’accommoda plutôt des momifications historiques de faux leaders attribuant, par exemple, à l’ex-Président destitué le statut de « guide suprême » et d’acteur héroïque de la guerre d’Indépendance. Une double contrevérité qui a fini par convaincre la génération du 21e siècle de ne plus accorder de crédit à ceux qui les gouvernent. Forte de l’adage insistant sur « la duperie des promesses qui n’engagent que ceux qui les reçoivent », elle semble déjà disposée à balayer par la contestation tous les beaux discours qui mettent en exergue les vocables de « loyauté et de sincérité ». Deux qualificatifs dont elle se méfie depuis plus de 8 mois.
B. H.

 

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