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Rubrique Lettre de province

20 Août : une Soummam utopique ou l’oubli du «sermon sur la montagne»(1)

C’est à travers une photographie, objective par définition, qu’il faut parfois songer à déterminer la nature réelle des régimes qui se sont succédé entre 1962 et la récente destitution de Bouteflika. Au cours des 58 années de souveraineté nationale, cinq chefs d’État ont contribué à des remodelages successifs de la plupart des institutions du pays et, de fait, l’on peut leur imputer dorénavant les redoutables responsabilités d’une reconfiguration de l’État, discutable malgré tout.
Héritiers de plein exercice, les Ben Bella (1962-1965), Boumediène (1965-1978), Bendjedid (1978-1991), Zeroual (1996-1998) et Bouteflika (1999-2019), sont d’ores et déjà considérés comme les comptables devant l’Histoire de ce qui est communément appelé « l’inaptitude de l’Algérie à se réformer ».
Illustrant à la perfection le fameux paradoxe décrétant « le changement dans la continuité », ces présidents incarnent bien leur impuissance face aux influences décisives de l’armée, voire la fonction grandissante de celle-ci lorsqu’il s’agit d’autres options. De Ben Bella, premier cheval de Troie de l’armée des frontières, et jusqu’à Bouteflika, alors appelé à sa rescousse dès septembre 1998 ; c’est-à-dire au moment où la hiérarchie militaire commençait à se diviser sur de nombreux sujets, aucun des présidents ne fut en mesure de faire prévaloir des choix en conformité avec les options constitutionnelles (Parlement entre autres). Comme quoi la fameuse règle de la contestable primauté du militaire sur le civil s’était très tôt affirmée et de surcroît elle devint le paramètre idoine imposant, disait la caserne, la stabilité et le consensus, paraît-il. Admise comme le référentiel normatif de la bonne marche de l’État, celle-ci continue à s’inscrire en tant que telle, tant il est vrai que même le discours actuel prétend avoir donné naissance à une « nouvelle Algérie », alors qu’il est clair que les avis au sujet de cette renaissance divergent.
Certes, les différentes séquences de l’histoire récente sont-elles parvenues à atténuer sa pesante présence sous l’ère de Bouteflika, néanmoins, sa prépondérance est demeurée intacte dans les grands arbitrages. Moins acharnée que par le passé, elle a quand même gardé une certaine prérogative de censeur face au Hirak au point qu’elle fut à l’origine du virage politique qui disqualifia, comme on le sait, la solution d’une constituante. Ce fut donc en sa qualité « légitime » de partenaire dans la révolution du 22 février qu’elle se façonna une nouvelle image à travers une présence politique. Sauf qu’à présent, elle est perçue par l’opinion sous l’angle de ses pesanteurs médiatiques (la télé notamment).
C’est probablement de la sorte que les Tagarins se sont appliqués à des mutations allant de pair avec les exigences sociales qu’ils souhaitent satisfaire formellement. Ainsi, d’un système franchement militaire dont le maître d’œuvre fut Boumediène, l’Algérie n’est parvenue actuellement qu’à une étrange hybridation des modalités qui encadrent toujours son autorité politique en faisant d’elle une quasi « institution » du même palier que les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ! C’est pourquoi la même question resurgit chaque 20 août et avec elle le credo de Abane Ramdane et des congressistes de la Soummam en 1956. En 1962, c’était, par conséquent, dans le fracas des armes que le destin de l’Algérie fut tranché, puisque le primat du soldat était plus évident que l’option du militant du GPRA. Une sorte d’inachèvement patriotique qui met dans l’embarras des strates entières de citoyens au-dessus de tous les soupçons d’hostilité à l’encontre de l’armée. Sauf que ces derniers se sentent floués une fois de trop alors que la promesse s’offrait à la Nation deux années plus tôt.
Et puisque ce désamour a trop duré et qu’en ligne de mire l’ANP fêtera ses soixante années (1963-2023), pourquoi gâcher une telle opportunité en ne célébrant pas un anniversaire politiquement canonique en lui offrant des ovations citoyennes à condition qu’un manifeste fasse son autocritique et s’engage à travers un édit éthique de résilier l’insupportable tutorat qui était le sien au nom de l’arbitraire règle du « primat militaire sur le civil » ?
En enterrant dans la foulée la triste identité de la « RADP », ils sauront alors que cette République n’avait eu pour faux mérite que celui de verrouiller le pays au profit du clanisme « générationnel » lequel a, hélas, fini par envoyer l’Algérie au cabanon des peuples désespérés.
B. H.

(1) Le prêche en question appartient à la Bible.

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