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Rubrique Lettre de province

FLN, RND, MSP : survivront-ils à l’impopularité ?

Survivant difficilement après le passage du tsunami populaire du 22 février, les mandarins pilotant les partis du système sont en train de refaire surface afin de reprendre la main sur le premier cercle du nouveau locataire d’El-Mouradia. Il s’agit, en fait, de coteries reconnaissables à travers la troïka dont Bouteflika avait fait son armure au Parlement et qui ont pour enseignes le FLN, le RND et le MSP. Pour une même raison, ces appareils-là viennent de décider de lancer une campagne de justifications autour d’une thématique commune. Celle qui dénoncerait, d’une part, le calvaire de la clandestinité imposée par les mots d’ordre de la rue mais n’épargnerait guère les auteurs de ce conditionnement de l’opinion dont l’œuvre appartient en partie à la presse. Insistant sur cette dernière, ils laissent entendre que celle-ci fut violemment sectaire en établissant un distinguo inexact entre des partis politiques supposés respectables et ceux qui contribuèrent à l’effondrement de l’Etat. Ce serait donc pour contrer cette conjuration que leurs porte-parole s’essayent à réactiver la litanie classique de la victime, mais pas que cela ! Car en faisant d’une pierre deux coups, ils s’efforceraient à faire l’impasse sur leur insupportable complicité à l’origine des viols de la Constitution, du truquage de deux référendums validant l’amnistie des terroristes et d’un véritable stock de projet de lois infâmes qu’ils adoptèrent. Malgré cette disponibilité synonyme d’une offre de service, ils demeurent tout de même contraints par l’inquiétude face à la difficulté de se réinstaller dans le paysage politique. Or, la normalisation de leur rapport avec le pouvoir ne saurait être possible que si le président de la République décide de les consulter. Sans le feu vert du palais, c’est effectivement leur existence qui continua à battre de l’aile quand bien même l’idée fantasmatique de Mihoubi qui consiste à débaptiser le RND porte en elle le vœu de renouer avec le sommet de l’Etat. Pitoyable conception du militantisme qui ne se conçoit plus par les légitimités conquises par les urnes, mais seulement par l’adoubement du prince. Tout cela montre bien qu’au sein de ce triumvirat, l’on ne désespère toujours pas de retrouver la prééminence politique d’antan quitte à ce que celle-ci soit de nouveau entachée de quelques arrangements antidémocratiques. Car, dans les faits, les trois partis ne se différencient guère entre eux. Autant l’historicité du FLN n’est rien d’autre qu’un avatar du complot fondateur du système en 1963, le novembrisme du RND n’est qu’une usurpation imaginée par la caserne lorsqu’elle était aux ordres de Zeroual. Enfin, le Hamas de Nahnah n’avait de l’islamité que la fausse dévotion et l’entrisme pour dénoncer les alliés de circonstance. L’un dans l’autre, à eux trois, ils ne sont que les reliquats de la culture du parti unique dont ils ont gardé intactes les procédures pour accéder aux quotas de sièges au Parlement ou encore de contrôler les mairies importantes. En effet, malgré le formalisme pluraliste de la Constitution, la majorité siégeant au Parlement n’a exercé aucun magistère dans ce sens. Ce fut d’ailleurs la législature de 2007 qui donnera le coup de grâce à l’indépendance de l’Assemblée. Car au cours de ce mandat, ce furent les députés du FLN, du RND et du MSP qui, solidairement, amenderont la loi fondamentale selon les vœux de l’exécutif. Grâce au FLN notamment, l’ère de la présidence à vie était entamée, faisant de ce parti l’appareil officiel de concertation auprès du gouvernement. Exerçant le magistère de la censure sur toute la classe politique, le FLN parrainera tous les confettis que sont les petits partis et leur imposa la dévotion du régime en contrepartie d’avantages de toute nature. Coupable de manipulation, il parviendra même à se transformer en observatoire du champ partisan et même de laboratoire d’expérimentation des coups tordus. Police politique d’un côté et sous-traitant dans l’autre, il exercera une influence nocive au sein même de l’alliance composée autour de lui au point de devenir en quelque sorte le marchepied de la nomenklatura à telle enseigne qu’il fut désigné, par ironie, « agence de recrutement du palais ». Il est vrai qu’au lendemain de la réélection d’avril 2009, le FLN fut agréé comme le parti du Président. Une distinction qui appelait à d’autres privilèges. Et faute de pouvoir rembobiner l’histoire politique du pays et remonter à l’époque où il fut qualifié de parti-nation, il versera dans une mégalomanie sans précédent en s’associant aux puissance de l’argent auxquelles il cèdera des mandats de députés en échange de certaines largesses. Ce fut l’ultime dérive de ce système politique qui allait connaître une chute sans précédent en impliquant dans sa suite une bonne partie de la classe politique fascinée par cette douteuse réussite et attirée par le miroir aux alouettes que représentait un FLN définitivement disqualifié.
B. H.

 

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