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Rubrique Lettre de province

FLN : une humiliante "quarantaine" politique

Au bord d’une crise des nerfs réellement existentielle, le FLN se prépare à commettre un putsch de plus dans les annales de son histoire. Sauf que celui-ci se présente différemment, en ce sens qu’il ne sera pas actionné par un quelconque parrain incarné par le pouvoir en place. Il est vrai que la révolution du 22 février est passée par là faisant table rase de l’aristocratie des tuteurs avec laquelle ce parti avait des atomes crochus. Même si en secret un rapprochement avec Tebboune est devenu en quelque sorte un objectif pour le dernier carré de cet FLN sans ressorts, ce qui, par contre, met en colère certains militants est que leurs dirigeants sont littéralement tétanisés pour revendiquer une visibilité politique qui leur manque.
 A ce propos, il est effectivement exact que, de tous les partis de l’ancienne alliance (FLN, RND, MPA, TAJ), il est celui qui a le plus gravement intériorisé son échec au point d’envisager son autodissolution. Une impression de fin de vie politique que la plupart de ses militants expliquent ou plutôt justifient non pas parce qu’ils ne furent pas en mesure de faire barrage à la supposée « conjuration »(el issaba) qui fut à l’origine de la destitution de celui qui était le président honorifique du parti. Au contraire, ils reconnaissent qu’ils ne surent pas virer de bord à temps et s’inscrire dans la tendance lourde du changement à l’exemple d’un RND qui fit sienne, opportunément, la contestable solution de la présidentielle quitte à recevoir en retour un camouflet des urnes. Or, la présence de ce dernier lui avait tout de même permis d’accéder à une certaine visibilité dans l’espace politique quand, au même moment, le FLN fut condamné au confinement et privé de la moindre consultation politique. C’est ce sentiment de pestiférés qui, à présent, ronge les militants du FLN et les incite à recourir au procès d’intention au sein de la maison mère. Rien d’étonnant à cela puisque la culture des règlements de comptes illustre parfaitement la pratique qui a toujours sévi en son sein. 
En somme, la pépinière formatée par les aînés y a rajouté une dose d’arrogance et de vulgarité dans la relation avec les autres partis. Au nom du sigle, ils se déclarèrent dépositaires exclusifs de la primauté transpartisane et qu’il ne saurait y avoir de régime à la tête de l’État que celui qui aurait reçu préalablement l’onction de leur appareil. En rappelant ce singulier aspect d’un pluralisme algérien dans lequel est inséré un FLN non seulement nostalgique de l’unicité de son passé et en même temps hostile à tous les compétiteurs de circonstance, l’on comprend comment il a été aisé à l’ex-Président de mettre au pas toute la classe politique en pratiquant la théorie des quotas pour l’accession aux fonctions électives. 
Considéré déjà comme la pierre angulaire au lendemain de l’indépendance, le FLN s’est en effet organisé en redoutable machine à ratifier jusqu’au choix du président de la République. De cette autorité date son ascendant sur l’ensemble du personnel politique. Bref, il fut le meilleur dans l’exercice du formatage. C’est-à-dire le régent exclusif de la pensée politique et le second parrain de toutes les institutions. Un demi-siècle plus tard, on l’avait retrouvé à l’identique avec le même arsenal des imprécations qu’il présente comme des contradictions politiques aux avis de ses alliés. Exemplaire dans ce rôle-là, l’on se souvient surtout de l’exercice d’un secrétaire général qui, en 2013, devint le censeur universel de la vie politique. S’emparant du rôle de vigie, Ammar Saâdani allait multiplier les excommunications urbi et orbi comme disent les papes. C’est ainsi qu’à travers sa rudesse langagière et la rusticité de ses arguments, il parvint à réinstaller le FLN au centre des préoccupations nationales. Homme des procès ad hominem qu’il instruisit à l’encontre de tous ceux qui pensaient différemment de lui, il était également un fieffé comploteur manœuvrant au sein même de la « maison FLN ». C’est pourquoi, ce qui semble faire l’actualité de ces derniers jours n’est pas une nouveauté que l’on doit seulement attribuer aux militants critiquant leurs dirigeants. En fait, toutes ces scènes de ménage ne sont que la récurrence des vieux règlements de comptes dont le parti lui-même a fini par faire sa marque de fabrique. D’ailleurs, les spécialistes de la sociologie politique avaient déjà insisté sur le cas atypique que représente cet FLN réfractaire aussi bien aux compromis tactiques qu’aux consensus stratégiques. 
Enclins à l’affrontement toutes les fois que ses dirigeants ressentent le besoin de tenir les premiers rôles, ils transgressent toutes les règles en recourant à la stigmatisation du vis-à-vis. Cultivant une injustifiable paranoïa à l’encontre du multipartisme, ils justifieront leur scepticisme par leur primauté historique aux dépens du « tout-venant » que sont les partis issus du soulèvement populaire d’Octobre 1988. N’ayant jamais cessé de ferrailler dans ce sens-là, même lorsqu’ils changeront de tête, passant du maffieux Saâdani au ridicule faussaire de Ould Abbès, ils ne voulaient rien d’autre que de gouverner seuls et n’être que les interlocuteurs de référence du palais. Sauf que, de nos jours, toutes ces ambitions-là s’avèrent désuètes. En s’accrochant à ce fantasme qui a servi par le passé à réussir un putsch, il restera tout de même une case vide dans ce scénario : à savoir comment s’offrir un nouveau parrain tant il est vrai que ce parti a toujours été inapte à l’exercice de l’opposition. 
En effet, avec un FLN atteint à mort par la vox populi du 22 février, comment peut-on le ressusciter politiquement en décidant d’appliquer la règle des chaises musicales : c’est-à-dire remplacer simplement les dirigeants ? 
B. H.

 

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