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Rubrique Lettre de province

La pluralité syndicale et le mammouth UGTA

Jusqu’à quand nos gouvernants persisteront-ils dans la maladive pratique consistant à n’avoir pour partenaire social dans les négociations des travailleurs que l’unique mammouth qu’est l’UGTA ? Alors que le procédé est non seulement discriminatoire mais surtout anticonstitutionnel, depuis une trentaine d’années, rien n’aurait dû justifier aussi bien la marginalité de ce partenariat que son exclusion au nom des imaginaires « illégalités » ! Et pour cause, il existe de drôles de dispositions, sans valeurs constitutionnelles d’ailleurs, qui avaient largement suffi à des tripartites de n’avoir pour « vis-à-vis » que l’UGTA quand, autour de la table ronde, siégeaient plusieurs partis politiques ! Or, n’est-ce pas là, dans des cas d’espèce, des actes de gestion, présidés pourtant par l’État qui se permet de faire « joujou » avec des textes de loi au point de commettre des délits au détriment de la loi fondamentale ? En effet, pourquoi a-t-on décidé que le texte de 1989 et sa reconduction sur ce sujet ne devaient concerner que le pluralisme politique et pas la pluralité syndicale alors que cette « société civile » aurait dû être l’incarnation  idéale  de  la  démocratie ?
Mais alors, dans l’actuel contexte qui se veut être le moment idéal pour corriger de telles monstruosités politiques, pourquoi ne devrait-on pas rompre de pareilles injustices ? Autrement dit, l’opportunité s’y prête pour faire en sorte que la grande question du pluralisme syndical revînt sur le tapis des légitimes revendications politiques et qu’elle bénéficiât d’un traitement la mettant, une fois pour toutes, à l’abri des perverses récupérations comme il en a été avec l’historique institution.
Formellement légalisée par la réforme constitutionnelle de 1989 et dans les mêmes termes que le multipartisme, la liberté ouvrière a pourtant constitué un nœud gordien à la mesure des enjeux qu’elle risquait d’induire à cette époque précise. Au sujet de celle-ci, il s’agissait, entre autres, du dangereux SIT (Syndicat islamique du travail) lequel était non seulement une force de frappe politique du FIS et surtout parvenait à disqualifier une UGTA orpheline d’un FLN totalement déstabilisé en octobre 1988. C’était, par conséquent, cette expérience qui imposa à la « maison du 1er-Mai » une réflexion destinée à trouver la parade à l’effritement du front social lequel était, à son tour, livré à des manipulations islamistes.
Certes, la tentation monopoliste imposée par le syndicalisme unique a été critiquée dans la classe ouvrière mais, en réalité, elle ne fut qu’une forme de contre-offensive face au dévoiement de l’appareil d’État qui agissait par « renoncements » successifs à la machine du FIS. En décidant à son tour de couper court avec le pesant cordon ombilical de l’ex-parti unique, les militants syndiqués allaient retrouver une autre capacité pour s’affirmer différemment. Cependant, son contrôle sur l’espace syndical en même temps que le réinvestissement sincère dans la mobilisation ne pouvait pas effacer et pour longtemps le fait que même si les libertés politiques sont parvenues à survivre, il n’en était pas de même de la liberté syndicale laquelle a tardé à sécréter d’autres pôles d’intérêts. À ce propos, les arguments mettant en accusation le vieux sigle se multiplièrent d’autant plus qu’ils l’accusèrent, au milieu de la décennie 90, de redevenir une institution sans ressort, bureaucratisée et surtout aspirée par le jeu des appareils politiques au point que le pouvoir en a fait sa caisse de résonance.
Ce réquisitoire-là ne manqua pas de clouer au pilori l’UGTA à la suite d’une énorme bévue politique qui l’impliqua dans l’élection présidentielle de 1999 et même les suivantes. Appauvrie en termes de taux syndicaux et survivant aux crochets du régime du récent président défunt, elle sera engluée dans la gestion des ses équilibres internes au point de laisser en rade de nombreuses couches ouvrières qui n’eurent d’autres recours que de rejoindre les syndicats autonomes en pleine progression. Ceux-là, dont l’audience sectorielle s’améliorait, profiteront justement de toutes les lourdeurs du dinosaure. C’est ainsi qu’ils réussirent à structurer dans leurs réseaux une bonne majorité de fonctionnaires et d’autres salariés dans plusieurs corps de métier. En d’autres termes, ces syndicats, non reconnus comme partenaires à l’origine, avaient réhabilité d’une certaine façon et même renouvelé un militantisme de combat lorsque, au même moment, l’UGTA entretenait des syndicalistes de carrière plutôt enclins à jouer des rôles de médiation et de pompiers que celui de délégués des colères ouvrières.
Bien plus grave que ses délitements stratégiques se résumant aux garde-fous juridiques, pourtant de moins en moins opératoires, la « Centrale » sombra, au cours de ces dernières années (2013-2018), dans une situation identique à celle de l’après-1988 quand, dans l’amplitude de son discrédit des « organisations de masse », il lui avait fallu renvoyer ses fausses élites afin de leur éviter d’humiliants procès.
Malgré le renouvellement factice, voire de secours pour certains parmi les « nababs », l’UGTA continue de nos jours à traîner une réputation syndicale peu conforme à l’éthique du combat que les luttes ouvrières cultivent en toutes circonstances. En effet, la même culture dans la gestion et les mêmes réflexes des prédécesseurs se retrouvent souvent chez les successeurs. Or, si le personnel du passé récent était rompu à toutes les compromissions au point de réussir parfois à être «excellent dans le pire», il n’est pas exclu que le successeur ne prendrait pas la même posture. Car, dans une ambiance politique et sociale aussi compliquée que celle de nos jours, rien ne présume que la magie du changement de nos mœurs politiques a de réelles chances de frapper aussitôt dans les portes de la République. Même s’il s’agissait humblement de corriger l’injustice qui interdit toujours au syndicalisme d’être… multiple !
B. H.

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