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Rubrique Lettre de province

Multipartisme ou l’éternel cache-misère de la démocratie

Il avait fallu à cette timide « nouvelle République » pas moins de trois rendez-vous électoraux avant de clore le dossier de sa fameuse réforme des institutions constitutionnelles. Une laborieuse opération politique qui révéla surtout que, dans la réalité des attributs des élus, il ne leur restait que les règles rafraîchies de la servitude, lesquelles allaient faire de leur multitude autant de cache-misères de la démocratie. S’interroger donc, en termes d’utilité politique, au sujet de la présence d’une cinquantaine de partis politiques, déjà carbonisés à petit feu au cours des précédentes années, pose irrémédiablement la réponse et même le constat que la reconduction cette fois-ci de tant d’appareils a déjà signifié que l’on s’est plutôt préoccupé de renouveler uniquement la faune « militante » au lieu de dissoudre purement et simplement la plupart de ces officines ayant été à l’origine de l’effondrement de l’État. Car, quels que soient les sigles qui leur servirent de « passe-mission », ils n’étaient globalement « appréciés » que comme des boîtes à outils du système. C’est dire, soit qu’ils aient collaboré — au sens péjoratif de ce vocable — lors des opérations d’allégeance, ou, au contraire, qu’ils aient gardé un strict minimum de réserve politique afin de se prévaloir du nécessaire scrupule pour échapper à la critique. Car, si, dans l’opinion publique, l’idée qui s’était faite des libertés politiques, après tant d’impostures causées par des élus, s’était fortement dégradée, c’est à cause des spectacles auxquels ces derniers s’adonnèrent.
Ceci dit, il eût été plus louable de se tourner vers une autre démarche qui aurait dû empêcher un quasi-folklore et, par voie de conséquence, se doter des possibilités relatives à la capacité de l’État pour déverrouiller le système avant tout. Car, dans son ensemble, le maillage de l’espace partisan est demeuré non seulement intact par ses douteuses pratiques mais de plus, il contribua à la régénération ponctuelle laquelle s’était traduite par les approbations les plus contestables concernant les censures du palais.
Sous le régime précédent, tous les partis, sans exception, ne pouvaient ignorer que la volonté d’El-Mouradia de recadrer le fonctionnement des libertés politiques au prétexte de rendre la « démocratie » plus crédible n’était-elle pas surchargée d’arrière-pensées ? Or, il est à se demander comment a-t-il été possible de prêter à un tel projet cette affirmation qui prétend requalifier dans son sens positif le principe de l’alternance au détriment des présupposées doctrines de l’État, pourtant réputées pour ne gouverner que par la censure ?
À ce propos, l’on se rappelle qu’après la mise en marche de la procédure, celle-ci se révéla tout à fait contraire à l’esprit et à la lettre de ce qu’elle préconisa. Ce qui n’était en définitive qu’une triviale manipulation après s’être donné les moyens légaux de dissoudre aussi bien les courants mais également l’interdiction pure et simple au mouvement associatif de participer aux scrutins locaux et encore moins à se faire élire en se présentant en marge des seuls partis politiques. Autant rappeler que, loin de susciter la moindre nostalgie après la récente abrogation de cette infâme censure, il était attendu que les listes indépendantes prennent le dessus sur les appareils politiques. Or, il n’en fut rien et même mieux avec, cette fois-ci, les performances du FLN et du RND. Deux contestables machines à faire de la politique, depuis un demi-siècle pour l’un, et à propos desquels certains mots d’ordre du Hirak exigeaient leur dissolution.
L’exigence populaire ayant été en phase avec l’organisation officielle de l’ONM quant à son interdiction de revendiquer le sigle du FLN, il était implicitement entendu que ce binôme partisan devra s’effacer d’une manière ou d’une autre. Sauf que l’autorité de l’État s’abstint de prendre la moindre décision et semblait pouvoir le disqualifier par la défaite des urnes. Or, la stratégie des listes vierges sur laquelle tablaient implicitement les néo-analystes fonctionna différemment en termes de scores. Le FLN, moribond la veille du scrutin, reprenait des couleurs grâce à ses « victoires » communales. De même que son secrétaire général décida de se hausser du col en pointant l’index en direction de l’Anie, la soupçonnant de… fraude ! Une drôle d’accusation dont l’auteur a toujours su ce que les bourrages des urnes ont toujours voulu dire. De celles qui rappellent les haines recuites des partisans de cet ex-parti unique (le FLN l’avait été de 1963 à 1989) et qu’un précédent leader se permit de lancer à la cantonade un défi en 2011 et jusque-là vérifié comme un oracle. « Il n’est pas né celui qui mettra le FLN au musée », avait-il tranché en guise de réplique à l’amorce d’une campagne visant à contester sa légalité existentielle.
Par bien des aspects proches de l’accouchement dû au putschiste Ben Bella et certains auteurs exerçant au lendemain de l’indépendance, le FLN était effectivement difficile à disqualifier en tant que tel, quand bien même ce serait le Conseil constitutionnel qui examinerait sa légitimité. De surcroît, il y a plusieurs lustres de cela, il ne venait à l’esprit de personne qu’un parlement virtuel prenne un quelconque risque de donner suite à une démarche de cet ordre. Cette possibilité n’est d’ailleurs pas si nouvelle que cela. Boudiaf, entre autres, eut l’opportunité d’évoquer son existence dès son retour en 1992. Il fit cela en termes qui ne prêtèrent à aucune équivoque ou règlements de comptes avec le personnel politique en place. S’exprimant clairement sur l’impérative nécessité de soustraire de l’usage partisan le sigle de l’Histoire nationale, il estima que le vocable même de « parti » qui lui est rattaché renvoie inéluctablement à un positionnement idéologique (parti pris !). C’est dire que le concept de « Front », en réfutant l’exclusivisme d’une seule ligne politique, ne doit par conséquent signifier que le consensus fédérateur. Autrement dit, sa place ne pouvait être qu’au musée.
Voilà un jugement rationnel pour lequel notre nouvel élu ne serait pas déjà en mesure de se pencher sur le destin de ce sigle mythique. En effet, dès son investiture, n’a-t-il pas tenu à se contenter de l’essentiel à propos de son rapport à la classe politique. Prudent dans ses interventions lorsque les représentants des partis s’efforcèrent d’en apprendre plus sur ses objectifs, il déclara que, pour ce qui le concerne dans l’immédiat, « l’existence des partis ne mérite aucune réflexion dans mon agenda dans l’immédiat ».
Il est vrai que la sordide manœuvre de mai 2014 consistant à inventer ex nihilo 52 nouveaux partis avait définitivement soldé le compte politique de la triste démocratie de cette république.
B. H.

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