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Rubrique Lettre de province

Scolarité : les marchands d’alphabet sans illusion

Disserter sur l’école à deux semaines de la rentrée des classes cela s’appelle, dans le jargon journalistique, commettre un «marronnier», même si celui-ci semble précoce, quand même. Seulement, rien n’est sûr quant à la date exacte concernant la toute prochaine réception dans leurs classes de ces millions de potaches. Et pour cause, la pandémie de la Covid-19 ayant conquis nos territoires, l’enseignement dans tous ses niveaux ne pouvait qu’être perturbé depuis le mois d’avril 2020, risquant par conséquent de connaître à nouveau la même mésaventure.
Bref, en anticipant sur une rentrée sans illusion, l’on se contentera de revisiter les aspects ayant caractérisé la marche cahoteuse des cycles du passé, même si l’exercice n’avait a priori qu’un intérêt relatif : à moins que derrière un semblant de tradition établie ne se profilent quelques signaux originaux. En attendant l’inauguration qui, le mardi 7 septembre, invitera les écoliers à rejoindre leur pupitre, l’on laisse déjà entendre que rien ne différera dans l’immédiat, quand bien même a-t-on rendu publics certains correctifs dans l’administration des établissements. Autant de petits messages qui sont loin des grandes promesses destinées aux futures réformes et auxquelles l’on préféra recourir au registre des «correctifs». C’est-à-dire, le moindre effort permet de placarder les projets majeurs que continue à revendiquer le corps enseignant. C’est que l’école algérienne n’a eu de cesse de reconduire les mêmes tares à l’origine de la dégradation de sa qualité. En un quart de siècle, n’est-elle pas passée, au pas de charge, du statut du savoir à celui de l’endoctrinement ? Aux ravages occasionnés par les procédés du conditionnement se sont, en effet, greffées les cultures de la revendication corporatiste lesquelles ont achevé son délitement éthique et déontologique avec l’émergence du brigandage lors des examens et notamment la triche «industrielle» au baccalauréat.
D’une année à l’autre et de reconduction en reconduction des fausses thérapies, la crise de l’école n’avait fait que s’amplifier au lieu d’être traitée, voire soumise à une refondation des objectifs pédagogiques et de la méthodologie qui consolide sa diffusion. Hélas, c’était le contraire qui l’acheva dans son contenu. À ce sujet, ce qu’attendent toujours les parents d’élèves et qu’exigent les pédagogues tient en une seule interrogation : quelle école pour l’Algérie du XXIe siècle ? C’est que, de conférences en états généraux et de conclaves mobilisant l’élite de praticiens, près de 20 années se sont écoulées sans que le système éducatif ait pu se bonifier.
Bien que l’enjeu fût maintes fois mis en exergue dans les allées du pouvoir, les blocages se révélèrent «insolubles» à ce niveau ! C’est ainsi que l’école publique devint l’otage des chocs idéologiques dont les islamistes officiels n’étaient pas en reste. Autrement dit, l’on navigua entre subterfuges sémantiques et dosage entre les concepts jusqu’à en faire un pot-pourri où la rationalité «bégaye» face à la scolastique religieuse, haussant le ton. En effet, le recours permanent aux demi-mesures infligées à l’enseignement de base n’a-t-il pas fini par altérer les critères de sélection dont aucune université ne peut se passer.
En se défaussant chaque fois et en insistant lourdement sur les aménagements techniques, l’on a prétendu, de temps à autre, que l’école s’améliorait dans le domaine de la transmission du savoir. Sauf que celui-ci n’est jamais précisé quant à sa nature et la possibilité de doper l’éveil de l’enfant ! En effet, lorsque les spécialistes éclairés ripostent en exigeant qu’il faille aller vers la rupture avec le «système» dans toutes ses combinaisons et qu’ils en appellent à l’arbitrage du gouvernement, que répond ce dernier ? Rien, sinon en jonglant avec les agendas afin d’envoyer aux calendes grecques les propositions des pédagogues !
Au-delà donc d’un fantomatique «système» éducatif tributaire des enjeux politiques, quelle autre voie de sortie restera-t-il à l’école, désormais, alors qu’elle bute face à l’énorme problème démographique ? En passe de devenir une école symbole mais sans «lettres de noblesse» au sens imagé de la formule, ne constitue-t-elle pas une préoccupation primordiale pour la tutelle politique ? C’est que l’indétermination des centres de décision vis-à-vis de ce problème majeur du pays ne peut s’expliquer évidemment que par le trou noir laissé en héritage par le précédent régime. La cause ayant été imputée chaque fois à l’exercice des ministres, l’on a fait en sorte que ceux-là soient réduits au «statut» de fusibles en cas de crise. Là où, hélas, il eût fallu que leurs missions soient sanctuarisées afin que le lobbyisme islamo-politique ne puisse s’impliquer. Seulement, ce genre de promotion d’une «nouvelle école algérienne» a vite disparu avec le départ d’une manager au-dessus de tout soupçon. Comme quoi, pour bien gouverner, paraît-il, il faut recourir au turn-over pour récompenser les larrons de la politique !
B. H.

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