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Rubrique Lettre de province

Triste campagne et fiévreux «Hirak»

À peine entamée, la campagne patine déjà dans la semoule faute de tribuns capables de susciter de l’intérêt par leurs meetings ou, du moins, par la curiosité grâce à l’originalité de leurs critiques. En versant, dès leur entrée en scène, dans les folkloriques promesses et l’énumération de leurs catalogues de projets, les cinq prétendants furent vite perçus comme des hâbleurs de la politique. A l’exception peut-être de deux ou trois d’entre eux dont la notoriété suscite toutefois de l’intérêt, il est d’ores et déjà clair que le binôme qui reste est, par avance, disqualifié par le peu de badauds qui, par désœuvrement, se rendent à tous les tristes shows. 
En un mot comme en cent, l’on peut écrire sans risque de se tromper que tout le travail de conditionnement psychologique, avec notamment sa part de mise en garde, n’a pas eu d’effet notoire sur la majorité de l’opinion. Même la télévision d’État, dont on sait qu’elle a toujours été la principale machine à promouvoir les votes truqués du système, éprouve cette-fois-ci de la peine à maquiller le désastre des salles vides. C’est dire qu’avant même d’évoquer la probabilité d’une vaste abstention le jour du vote, l’on constate, dès maintenant, le désintérêt de la population vis-à-vis de ce préambule à la présidentielle. Celle qui constitue bien plus qu’une pomme de discorde entre le vaste mouvement social n’ayant de cesse de contester son opportunité faute d’une nouvelle Constitution et le pouvoir intérimaire plaidant le contraire au nom d’un prétendu « vide constitutionnel ».
Face donc à ce grand ratage dans l’animation, l’on imagine mal comment les organisateurs vont s’y prendre pour doper la présence dans les salles à moins de remettre au goût du jour le recours aux cortèges si caractéristiques de la praxis du parti unique, celle qui consistait à faire « voyager » d’un site à un autre le « petit peuple de la claque ». Seulement, le Hirak du 22 février est passé par là qui est parvenu à déniaiser politiquement l’électeur sans attache et sans passion. Celui qui, auparavant, appréciait mal les enjeux de la classe dirigeante en se condamnant de fait à voter selon les « vœux » de la télé. Autrement dit, une sorte de menace maquillée destinée à quiconque ne mettait pas son enveloppe dans l’urne. Bref, face à ce nouveau citoyen ayant émergé grâce au Hirak, il y a neuf mois de cela, il sera dorénavant sûrement difficile de lui dicter « ses » choix en lui prescrivant d’une manière absolue la méthode de voter. 
Pourtant, en dépit de toutes les mutations sociétales et l’amplification de la contestation, les vieux réflexes du système sont toujours à l’œuvre. C’est ainsi que la traditionnelle prééminence du tutorat du pouvoir, au moment où les revendications politiques sont clairement abordées, montre bien que la seule concession faite au contre-pouvoir de la rue ne doit se limiter qu’à l’épuration des prédateurs. Et qu’en aucun cas donc les fondamentaux idéologiques ne doivent être remis en question. Cela s’appelle l’alternative par le sacrifice. Or, depuis le temps que ce genre de passe-passe se répétait et que la même désillusion fut au rendez-vous, il s’était hélas trouvé quelques ambitieuses personnalités prêtes à assumer les rôles de faire-valoir dans le cyclique théâtre d’ombres des présidentielles. Certes, quelques-unes d’entre elles étaient réellement nourries par l’improbable fantasme d’un renoncement de l’homme du palais. C’était sûrement sur ce genre d’impondérable qu’avait misé le candidat Benflis (seconde version) en 2014. Mais alors que penser du reste de ce panel (Tebboune, Mihoubi, Bengrina et Belaïd) dont les castings du Conseil constitutionnel prêtent à certains doutes ? Ceux-là assumeront les deux semaines qui restent de la campagne dans une totale décontraction avec pour seule certitude de bénéficier de quelques retours d’ascenseur en contrepartie de la basse besogne que chacun effectuera pour légitimer un scrutin douteux à l’origine de l’immense fracture qui oppose le peuple de la rue à la caserne. 
Cela étant, les histrions que sont les Belaïd et Bengrina ne se sont-ils pas assignés comme « job » que de chauffer les scènes par leurs insensés promesses. Eux qui, au cours des quatre premières journées, multiplièrent les flatteries à des auditoires dubitatifs, ne sont à l’évidence que de pittoresques et peu sérieux candidats à la magistrature suprême. A l’inverse, le fait de considérer comme une exception la participation de Benflis ne se justifie que par son désir réel de gagner cette présidentielle quand les autres ne se préoccupent que de quelque reclassement dans le futur proche.
Comme par le passé, mais dans un contexte national quasi-révolutionnaire, ces derniers ont non seulement fait de leur participation-alibi une opportunité pour leur carrière mais, de surcroît, ont accepté de jouer avec des dés truqués dans une fausse élection dont la conséquence dépassera leurs petites ambitions. Alors que la maison Algérie s’effondre à grands pans, se prêter à la malsaine opération de lièvre dans des circonstances véritablement historiques confine à l’antipatriotisme. Car il est difficile d’évoquer le civisme et en même temps s’en servir pour participer alors que l’on sait que, cette fois-ci, la parodie ou le subterfuge peuvent virer au drame national. Au soir du 12 décembre, ce quintette pontifiant se rendra à l’évidence en découvrant qu’il n’a en vérité tenu que des rôles de supplétifs au service du système qui ne visait que sa perpétuité, quitte à changer le discours pour que rien ne bouge dans sa praxis.
B. H.

 

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