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Rubrique Lettre de province

Un panel et l’hypothèse Hamrouche

Il n’y a, a priori, rien à redire sur la qualité des personnalités proposées par le forum civil pour le changement (FCC). De même que la représentativité qui découle de ce panel est tout à fait à la hauteur des choix opérés en vue d’équilibrer les sensibilités politiques. Seulement, il y a quand même cette énigme qui a trait aux membres qui le composent. Cette option arithmétique difficile à justifier et qui semble, du moins, trop réductrice par sa sélectivité en comparaison à l’immense négociation qui est attendue de ces « élus ». Voici donc une élite choisie sur la base de critères éthiques. C’est-à-dire là où la probité doit être la vertu cardinale notamment lorsqu’on est destiné au délicat exercice politique que le vis-à-vis parsème de ruse et de marchandage. Or, le vocable de panel ne traduit que vaguement leur mission au point de ne le considérer que comme un échantillon destiné à vendre une promesse politique. Par contre, cette liste des « 13 » constitue, d’ores et déjà, la délégation qui sera chargée d’entamer les prochains entretiens. 
En laissant dans le flou total la nature de la feuille de route, ses initiateurs pensaient-ils que cet aspect secondaire ne doit se clarifier qu’au fur et à mesure que les contacts évolueront ? En se défaussant de la sorte, ils laissent entendre qu’on leur instruit un faux procès en mettant injustement en relief et la limitation du nombre et le statut futur de ses médiateurs. En somme, monsieur Arar, porte-parole du forum, est en droit d’arguer qu’elle ne sert pas à grand-chose quand la critique ne se braque que sur des points de détails. En se prévalant de ce bon prétexte, il ignore, cependant, que certains textes n’épargnent pas son forum. En effet, il ne peut ignorer la titraille de presse lorsqu’elle brocarde l’évènement lui-même. « Des noms et des questions », s’interrogeait en « une » le journal Liberté. Un doute relayé le même jour et en écho par le quotidien Le Provincial, lequel barrait également sa vitrine par une explicite formule assassine à travers la lapidaire question suivante : « De quoi et de qui s’agit-il ? » Loin donc de faire l’unanimité, le coup de pub du forum n’a, cependant, pas subi le four attendu et surtout souhaité par les autres cénacles. C’est ainsi qu’en l’absence d’échecs cinglants, l’opinion s’y est intéressée mais en scrutant exclusivement les parcours des personnalités nominées. Un décryptage qui a consisté à donner du sens à de probables négociateurs qui sortiront du lot le moment voulu. Parmi les 13 noms, celui de Hamrouche semble, à lui seul, focaliser de l’intérêt. Une notoriété entretenue depuis des années en référence, à la fois, des jugements que les politologues ont portés sur son bilan de chef de gouvernement et surtout à son refus exemplaire de faire de la politique son « métier » quand les fausses démocraties ne savent promouvoir que des mercenaires. 
Détenteur des droits d’auteur sur le concept « d’élection fermée », il possède une intuition politique rarement démentie par les évènements. De même qu’il est reconnu pour sa capacité intellectuelle à interpréter à la loupe les variations à l’origine des mouvements sociaux. Autant d’appréciations qui avaient suffi à faire de lui une personnalité politique atypique en ce sens qu’elle demeure au-dessus de tout soupçon de carriérisme tout en prenant soin de ne jamais parrainer des mises en scène politiques sans pour autant se priver de donner son avis. La crise majeure du régime perceptible au lendemain de la maladie de Bouteflika ne manqua pas de l’interpeller dès janvier 2014 sur la marge qui restait à celui-ci pour s’amender en optant volontairement pour le départ avant que l’Etat ne tombe en quenouille entre les mains des aventuriers. « Nos constituants sociaux ne peuvent s’accommoder d’un pouvoir souverain sans contre-pouvoir », alertera-t-il au moment où les pratiques maffieuses prenaient le dessus. Une situation de non-droit qui lui fait écrire, une fois de plus, qu’ « il ne peut y avoir d’exercice d’un pouvoir d’autorité ou de mission sans habilitation par la loi et sans un contrôle », visant, sans le nommer, l’effroyable ascension de Saïd Bouteflika. C’était ce double préalable qu’il énonça mais que l’on balaya sans vergogne jusqu’à déboucher sur la mise à sac des finances de l’Etat par la nomenklatura et dont l’illustration se trouve dans le pénitencier d’El-Harrach. 
Déjà en 2005, le même Hamrouche s’insurgeait contre les dérives dont Bouteflika s’était rendu coupable. « Il est temps, disait-il, de faire la différence entre ceux qui veulent sortir le pays de l’impasse et ceux qui veulent discuter dans l’impasse .» En son temps, l’allusion visait la manière dont fut conduit le projet de la Charte de la réconciliation nationale. Etonnamment, la même formule peut s’appliquer à merveille aux tergiversations actuelles qui tentent de convaincre qu’une présidentielle est la seule pierre angulaire « pour sortir le pays de l’impasse ». Toujours présent quand il estimait nécessaire de donner son avis, n’avait-il pas été à l’origine du jugement le plus féroce concernant le césarisme de Bouteflika ? Datant de 2001, alors que le pays était secoué par l’insurrection de Kabylie, il parvint à traduire le désarroi national en opposant au légalisme formel du pouvoir la légitimité du processus historique. « Je ne crois pas que son départ constitue la solution, disait-il, en parlant de Bouteflika, mais toute solution qui va dans le sens de l’Histoire passe par son départ ». Indéniablement, cet ancien chef de gouvernement, qualifié de réformateur par la presse, jouit toujours d’un capital estime aussi bien dans la classe politique qu’au sein de la société lesquelles lui reconnaissent cette humilité de dirigeant mais aussi sa capacité à établir les diagnostics les plus fiables. Au moment donc où la question du pilotage de la Nation doit impérativement être résolue, sa participation ne sera certainement pas superflue, pour peu que toutes les suspicions qui pèsent sur le forum lui-même soient levées en urgence.
B. H.

A nos lecteurs : afin de permettre à son auteur de prendre quelques jours de vacances, « La lettre de province » ne paraîtra pas durant les trois semaines à venir : le 27 juillet et les 3 et 10 août. Cordialement. 

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