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Rubrique Monde

Café turc

La Turquie est à quatre heures de vol, il faut casser sa tirelire pour rallier Istanbul afin d’admirer de visu l’église byzantine Sainte-Sophie, aujourd’hui la Mosquée Bleue. C’est une belle escale pour tout touriste désireux de rentabiliser son voyage, et faire le plein de selfies. Antalya pour le farniente et les plaisirs des vacances… et pour l’album souvenirs. On ne va pas en Turquie comme on va à Palma de Majorque ou à Corfou, dans la lointaine Grèce. Prendre pied dans l’ancien Empire ottoman, ça ressemble presque à un pèlerinage. Outre la brosse à dents et le bermuda de plage, on ne peut faire le déplacement sans, dans la tête, les leçons d’histoire apprises sur la Régence d’Alger, les frères Barberousse, les janissaires et les fameux corsaires. Le fonds culturel, les traditions culinaires, la religion sont les ingrédients d’une intégration sans heurts le temps d’un court séjour. 
Nos vacanciers rentrent, des rêves plein la tête, le cœur léger, jamais blessés par une remarque désobligeante des gens du pays ou une quelconque attitude discriminatoire. Autant de raisons qui font du pays d’Atatürk une destination de choix. Son héritier est parvenu à faire de son pays une place forte de l’économie mondiale. Le chef du PJD (Parti de la justice et du développement) sait que le « miracle turc » sert d’atout pour rayonner au-delà des Dardanelles. Jusqu’en Algérie, où sa réussite ne cesse de susciter l’admiration des islamistes en mal de modèle de développement. Le nouveau sultan d’Ankara le sait et se laisse porter par cet engouement. Il est reçu en grande pompe dans la capitale de la nouvelle Algérie à deux reprises. Un monument prestigieux d’époque, la mosquée Ketchaoua a été restaurée grâce à la logistique turque. La Première dame a voulu s’enquérir de visu de ce qu’on a fait de l’argent mobilisé pour sa restauration. Quant à lui, son mari, le sultan des temps modernes, en homme avisé, était venu flairer les opportunités d’affaires. Ne dira-t-il pas que la majorité des Algériens sont chaussés par les entrepreneurs de son pays ? Du coup, il veut mettre cinq milliards de dollars dans la cagnotte et gagner en même temps les faveurs de l’ancienne Régence d’Alger. Mais cela provoque des frictions avec l’ancienne puissance coloniale française qui considère toujours l’Algérie comme sa chasse-gardée. Sûre de son « bon droit », elle ne rate pas l’occasion de lui rappeler une page noire de l’histoire turque envers les Arméniens, parlant même de génocide. Réponse du berger à la bergère, Erdogan ne mâche pas ses mots, il tance le Président français en termes très peu diplomatiques. Pis, il déclare qu’Emmanuel Macron est un « problème pour la France » qui doit « s’en débarrasser au plus vite ». Il lui jette au visage, à plusieurs reprises, les horreurs de la colonisation française en Algérie. 
Cette pomme de discorde est étalée sur la place publique. Toutefois, cela  n’exclut pas, pour autant, la Turquie de son statut de membre de l’Alliance atlantique (Otan). Bien plus, le sultan donne l’image d’un président trublion, imprévisible, difficile et surtout pragmatique. À l’heure du négationnisme macronien, quant à l’existence de l’État algérien avant 1830, les échanges au vitriol franco-turcs s’invitent avec fracas. Il faut savoir aussi qu’à la fin du XIXe siècle, la Sublime Porte n’avait plus aucun droit de regard sur la Régence d’Alger, désormais considérée comme partenaire souverain, un État reconnu par les capitales du monde. Fin manœuvrier, Erdogan est sur tous les fronts… là où il y a des affaires sentant bon le dollar, parfois aux dépens de ses alliés occidentaux. Quant à nous, allons-nous nous contenter de rêves nostalgiques et de halwa loukoum ?
Brahim Taouchichet

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