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Rubrique Monde

Et «Viva la revolucion»

«El Liberador », c’est ainsi qu’on le surnommait en Amérique du Sud. Général et homme d’État au Venezuela, il a été tantôt Président de la Bolivie, tantôt du Pérou. Panaméricain convaincu, il a échoué à unifier les pays latino-américains, c’était son rêve mais ses idées lui survivront à tel point qu’il est aujourd’hui encore hissé au rang de mythe. Dans la même veine, il y a le Mexicain Emiliano Zapata pour qui il faut « plutôt mourir debout que vivre à genoux ». Le contexte : c’est l’effervescence politique interne et la lutte contre les conquistadors espagnols pour l’indépendance nationale,  combat que menait aussi le futur puissant voisin du Nord. Hollywood s’empare de ces figures de héros et ainsi de nombreux films y seront réalisés sur Zapata dès 1952 avec Marlon Brando et Anthony Quinn, six sur Simon Bolivar, plusieurs adaptations de Pancho Villa, dont un film en 1914 ! C’est dire la fascination qu’exercent ces personnages, hors du commun, sur toute l’Amérique. Mais c’est surtout leur quête permanente dans la lutte pour la liberté qui hantera des générations entières. À ce jour ! Et d’ailleurs, de plus en plus, il sera question de rapports tumultueux et de la volonté hégémonique manifeste de l’Oncle Sam. 
L’Amérique des Yankees est en pleine ascension économique et militaire. S’en tenant à un isolationnisme strict, les parrains de cette politique, cependant, lorgnent les richesses de leurs voisins du sud de Rio Grande. Leur entrée dans la Première Guerre mondiale signera la fin de la non-intervention. Et c’est naturellement que le capitalisme américain, en pleine expansion, fait de l’Amérique centrale et du Sud ainsi que des Caraïbes sa chasse-gardée, ne souffrant aucune concurrence. La corruption des élites politiques les hissera au pouvoir en échange d’une soumission totale. 
L’épisode chilien de l’assassinat du Président élu, Allende, donne une idée de la détermination à étouffer les velléités d’indépendance. La révolution castriste, au-delà de la crise des fusées, est de ce point de vue un chapitre douloureux pour la prééminence de l’Amérique intouchable. « Us go home ! » scandent les militants anti-impérialistes. Mais pour de longues décennies, les forces de gauche latino-américaines subiront, impuissantes, la domination outrancière de leurs ennemis. Il faudra attendre la fin des années soixante-dix pour que les États-Unis desserrent, forcés, quelque peu leur emprise. Un vent de liberté souffle, les « paresseux » mexicains au sombrero sortent de leur « léthargie ». 
Dans le sillage de Fidel Castro, les guérilleros sandinistes prendront les devants et renverseront, dans un grand fracas, la dictature sanguinaire des Somosa, protégée des Américains. Évidemment, cela déclenche, automatiquement, une série de représailles visant à faire rentrer le Nicaragua dans les rangs. Peine perdue, le pouvoir sandiniste est toujours en place. Daniel Ortega, ancien chef des guérilleros, vient d’être réélu Président, ce 7 novembre, avec 75% des voix. Comme il fallait s’y attendre, le puissant voisin du Nord qualifie le scrutin de non-démocratique à l’instar du chaviste, Nicolas Maduro, au Venezuela, riche État pétrolier, qui vient de remporter une victoire écrasante, dans les importantes élections régionales. Aujourd’hui, Maduro fait face à une guerre qui ne dit pas son nom que lui fait une coalition de pays occidentaux menée par les États-Unis.  
Qu’importe pour eux si des dizaines de milliers de Vénézuéliens soient poussés à l’exode pour fuir la faim, les maladies et des lendemains d’incertitudes. Néanmoins, la nouvelle  attitude des forces patriotiques latino-américaines indique clairement une volonté de s’affranchir d’un passé fait de soumission qui n’est pas circonscrite à quelques « États voyous ». Et puis de l’aveu même de Joe Biden, l’Amérique ne veut plus jouer le rôle de gendarme du monde.
Brahim Taouchichet
 

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