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Rubrique Monde

La soif à satiété

Le syndrome du jerrican vient rappeler à notre bon souvenir tout le bien qu’il y a lieu de se préparer à la soif dès l’entrée de l’été. Bonjour le stress. Les restrictions d’eau ont d’ores et déjà commencé, sans préavis aucun. En ces temps de crise sanitaire où il faut se désinfecter en permanence afin de ne laisser aucune porte ouverte à l’entrée par effraction du Covid-19, nos responsables tiennent un discours lénifiant, le même depuis des décennies. Il y aura de l’eau pour tous, disent-ils en implorant toutefois la clémence du ciel. Les 5 millions d’Algérois peuvent dormir tranquilles, car des projets de captage d’eau, en veux-tu en voilà. 
Bonnes vacances d’été ! Si chez nous la question du manque d’eau frise parfois l’anecdote, c’est une vérité qui en cache une autre : tout le pays est exposé à la raréfaction mortelle de cette ressource qui fait l’objet de grandes convoitises, notamment pour ce qui concerne la grande nappe phréatique du grand sud algérien : risque de pollution, surexploitation. Encore heureux que notre pays ne soit pas confronté frontalement à la concurrence d’autres assoiffés. 
Partout au Proche-Orient et dans les régions limitrophes, cette question est au centre de graves enjeux qui peuvent dégénérer. En Afrique de l’Est, le barrage construit sur le Nil alimente la chronique ces derniers mois. C’est la peur pour les uns et l’argument du droit légitime pour l’autre. Pays parmi les plus pauvres au monde, l’Éthiopie se lancent à corps perdu dans un gigantesque projet de retenue d’eau – le grand barrage de la Renaissance (GERD). Les éthiopiens y fondent tous leurs espoirs de faire sortir les 100 millions de leurs compatriotes d’une pauvreté endémique, grâce à son impact sur l’économie en particulier. Pour les Égyptiens et les Soudanais, le barrage peut signer leur arrêt de mort. Une course contre la montre est lancée depuis plusieurs mois pour faire entendre raison à leur voisin de ne pas les étrangler. En vain, Addis-Abbeba tient plus que tout à son grand barrage, qui doit faire renaître le pays. Même le recours à l’arbitrage des États-Unis est resté sans effet. 
Farid El Attrache chantait «Ya Gamil» et les plaisirs de la vie sur les bords du Nil. Mais ça, c’était avant. En Palestine – Ghaza et Cisjordanie — les jours passent et des gens trépassent. La quête lancinante de l’eau est la priorité des priorités. Bien que c’est dans ces parties de la Palestine que se trouvent les réserves d’eau, l’occupant israélien impose son diktat quant à leur distribution. En effet, une loi scélérate de 1959 stipule qu’elle est une propriété de l’État sioniste. En 1967, elle est étendue aux Territoires occupés dont les eaux sont déclarées ressource stratégique sous contrôle militaire. Une arme redoutable dans le conflit israélo-palestinien. La guerre de l’eau à laquelle se livre l’État d’Israël englobe tous les pays de la région y compris le Liban, la Syrie et la Jordanie. Le détournement de l’eau du bassin du Jourdain depuis le lac de Tibériade, s’inscrit dans cette logique surréaliste. Trois autres conflits graves, au Moyen-Orient sont liés au contrôle de l’eau : celui opposant l’Irak, la Syrie et la Turquie à propos des fleuves de l’Euphrate et du Tigre ; celui entre la Syrie, Israël, les Territoires palestiniens et la Jordanie sur le partage des eaux du Jourdain, (en arabe Nahr El Ordon). 
Pour revenir au grand barrage de la Renaissance, l’Éthiopie joue la carte du fait accompli et reste sourde aux diverses sollicitations pour une solution négociée dans l’intérêt de tous. Pour ma part, et pour parer aux risques, je me suis confectionné un jerrican avec robinet, pratique certes, mais qui rappelle la précarité de la situation.
B. T.
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