Placeholder

Rubrique Monde

Boukadoum et Beldjoud en Libye L’Algérie veut accompagner Tripoli dans la reconstruction

Aujourd’hui, 10 ans après l’éclatement de la crise, la Libye se relève progressivement du cauchemar qui a porté un grave coup à son économie et provoqué la paupérisation de tout un peuple.
Sabri Boukadoum, le ministre des Affaires étrangères, est depuis hier  lundi en Libye à la tête d'une importante délégation qui comprend, outre le ministre de l'Intérieur Kamel Beldjoud, de hauts responsables du gouvernement.  
Cette visite s'inscrit « dans le cadre des efforts consentis pour promouvoir les relations entre les deux pays frères, l'Algérie et la Libye, et apporter le soutien aux parties libyennes face aux défis actuels, notamment la mise en œuvre de la feuille de route pour assurer une solution pacifique et inclusive à la crise », indique le communiqué des affaires étrangères. 
Le chef de la diplomatie algérienne rencontrera les représentants  des nouvelles autorités exécutives libyennes au niveau du Conseil présidentiel, le Gouvernement d'union nationale et le Haut Conseil d'État, ajoute la même source.  

La Libye, une place particulière
Pays frontalier certes, la Libye occupe cependant une place toute particulière pour l’Algérie dans le contexte maghrébin d’une part, et d’autre part les liens historiques qui lient les deux pays avec notamment le soutien (en moyens matériels et financiers) ,et l’engagement du peuple libyen à la guerre de Libération nationale. 
Avec l’avènement de l’indépendance, les relations bilatérales sont allées en se renforçant tant en matière économique que dans le domaine de concertations politiques pour tout ce qui a trait à la sécurité. Si la chute du guide libyen, Maâmar Kaddafi, a introduit une nouvelle donne surtout au plan géostratégique, les responsables algériens ont tôt fait de prendre conscience, plus que jamais, d’être aux côtés du voisin libyen qui allait être livré aux affres de la guerre civile, aggravée par de multiples interventions armées étrangères aux dimensions insoupçonnées. 
Dans la foulée des « printemps arabes », les richesses en hydrocarbures font saliver plus d’une puissance étrangère qui allaient se livrer, ouvertement, à une lutte acharnée pour une part du butin. Ainsi, « la Jamahiria » libyenne allait de facto être divisée en deux camps antagonistes, l’un à l’ouest avec pour capitale Tripoli et l’autre à l’est avec pour centre politique et militaire, Benghazi. Cela a pour conséquence l’internationalisation de la crise libyenne. 
Le congrès de Berlin sur la Libye,  en janvier 2020, à l’initiative de la chancelière allemande Angela Merkel, a mis à découvert les acteurs européens qui ont poussé à la crise dans ce pays. Sous le couvert de l’ONU, les initiatives qui allaient être lancées pour sortir le pays voisin de l’impasse politico-militaire allaient s’avérer stériles plusieurs mois durant. Pour la première fois, un « invité surprise », la Turquie de Recep Tayyip Erdogan qui prendra fait et cause pour le chef du gouvernement provisoire de Tripoli, une initiative qui allait exacerber encore plus le conflit. 
En effet, la partie adverse ouvrira le champ à d’autres ingérences, celle des pays arabes du Golfe. Dans ce contexte, d’une rare complexité, l’Algérie anticipait les risques de débordements dans ses frontières comme cela s’est produit avec l’attaque, en janvier 2013 (deux ans après la chute du régime Kaddafi en 2011), du complexe gazier de Tiguentourine. Dès lors, c’est à une course contre la montre à laquelle va se livrer la diplomatie algérienne, nullement intimidée par la coalition d’intérêts des puissances intervenantes. 
C’est donc au Sommet de Berlin auquel l’Algérie a été conviée, que par la voix de son Président Abdelmadjid Tebboune, elle allait se faire le messager de paix pour la Libye. Les axes de sa politique sont la fin des ingérences étrangères ; pas de solution militaire à la crise ; encourager toutes les initiatives tendant à rapprocher les points de vues des belligérants. C’est pourquoi l’escale d’Alger allait devenir incontournable pour les deux camps antagonistes libyens.

L’Algérie s’est impliquée directement dans la recherche de la paix
Et pour donner plus de teneur au soutien de l’Algérie à un processus de paix à mettre en place, Sabri Boukadoum s’est impliqué directement dans la recherche d’une solution à la crise, en se rendant aussi bien à Tripoli qu’à Benghazi. Au Congrès de Berlin et aux différents sommets de l’Union africaine, l’Algérie a réitéré son attachement à la paix. Le 33e Sommet des chefs d’États et de gouvernements a ainsi adopté le slogan : « faire taire les armes ». 
Aujourd’hui, 10 ans après l’éclatement de la crise, la Libye se relève progressivement du cauchemar qui a porté un grave coup à son économie et provoqué la paupérisation de tout un peuple, comparativement à l’époque El Keddafi, de l’aveu des Libyens eux-mêmes. Pour des considérations de géostratégie, un consensus s’est imposé aux principales puissances qui détiennent les clefs de la sortie de crise. C’est donc Genève qui est choisie comme cadre des négociations d’où doit sortir une nouvelle feuille de route pour la paix, d’autant que l’ensemble des factions rivales étaient réunies. En cela, la démarche onusienne conforte la position de l’Algérie qui n’a de cesse d’en appeler au dialogue inter-libyen. 
Les nouvelles autorités de la Libye post-guerre civile apprécieront. C’est dans ce nouveau contexte de réconciliation nationale et de reconstruction d’un pays ravagé par les énormes destructions causées par la guerre, que l’Algérie, de nouveau, tient à apporter son soutien aux nouvelles autorités du pays. Ne dit-on pas que c’est dans les moments difficiles que l’on trouve ses amis. 
Rappelons-nous, à tire d’exemple,  le déplacement d’une équipe de 13 spécialistes de la Sonelgaz en octobre 2020 – la demande faite au Président Abdelmadjid Tebboune par Fayez Al Serraj, chef du gouvernement d’Union nationale – pour remettre en marche la centrale-électrique qui alimente Tripoli. L’esprit de solidarité est donc de mise. 
Par ailleurs, les échanges commerciaux, voire les relations économiques entre les deux pays étaient réguliers. Nul doute que Sabri Boukadoum aura pour cahier de charges de relancer cette coopération (dans les hydrocarbures notamment) comme le démontre la délégation de haut niveau qui l’accompagne. Cette initiative rompt ainsi avec tout attentisme face à des situations exceptionnelles. C’est  le cas ici. Au demeurant, le nouveau chef de la Libye aura fort à faire dans la gestion des multiples sollicitations de pays désireux d’avoir une part de marché dans une Libye en construction. C’est que le marché est estimé à des dizaines de milliards, de quoi attiser les convoitises. En effet, ces derniers mois c’est à un ballet incessant auquel on assiste  entre Tripoli et les capitales européennes. 
La Turquie n’est pas du reste au vu de son rôle dans le soutien à Tripoli durant les affrontements armés. Erdogan voudra bien d’une part du lion, et cela  va le mettre forcément en concurrence avec  les autres prétendants qui ne le portent pas en odeur de sainteté. Abdelhamid Dbeibah a fait le choix de son premier voyage à la Turquie. Nonobstant les capacités commerciales et industrielles de ce pays, il y a lieu de s’interroger sur ses avantages et craindre des conséquences des rivalités susceptibles de dévier la reconstruction future de la Libye.
Brahim Taouchichet

Placeholder

Multimédia

Plus

Les + populaires de la semaine

(*) Période 7 derniers jours

  1. Air Algérie annonce la suspension de ses vols à destination de la Jordanie et du Liban

  2. Trafic de drogue Un réseau tombe à Oran

  3. Sfisef (Sidi-Bel-Abbès) Lumière sur l’assassinat des 3 taxieurs retrouvés enterrés dans une ferme

  4. KFC Algérie ferme deux jours après son ouverture

  5. CNR Les retraités appelés à utiliser la technique de reconnaissance faciale via "Takaoudi"

  6. Justice Trois individus placés en détention pour passation de marché suspect entre «Mobilis » et un consortium algéro-étranger

Placeholder