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Rubrique Monde

Quelques mots pour le dire Le bleu turquoise de la Méditerranée

Ali El Hadj Tahar, journaliste-écrivain et surtout artiste-peintre passionné, aime voir la vie en rose mais dans le bleu de la Méditerranée. Tipasa est son promontoire de prédilection. Les vagues qui finissent en ressac gardent toujours leur couleur originelle. Notre artiste-peintre aime en parler, s’en inspirer pour ses toiles. Il évoque Albert Camus qui faisait de l’ancien comptoir phénicien son lieu de prédilection. Camus aimait sa mère plus que tout. Il avait la passion des ruines romaines qui le fascinaient tant, le port et les effluves de poissons qui se mélangent à la brise marine. Tipasa, les marchands phéniciens, son histoire séculaire résiste à l’usure du temps, aux vandalismes, aux temps modernes. « Mare Nostrum » pour les disciples de César, un lac de paix, diront d’autres.
La Méditerranée ce serait bien un trait d’union entre les diverses cultures sur ses berges nord et sud. Qu’ils soient de teint basané, aux cheveux frisés, ondulés ou raides comme un épi de blé, ses peuples ont de tout temps été là. Rien ne perturbe la quiétude de la Grande Bleue, acquise au prix de résistances et de lutte contre l’envahisseur qui finit, à chaque fois, par rendre les armes, ne pouvant perdurer sur une terre qui n’est pas la sienne. Et si par malheur l’étranger persiste, mobilise son armada, la finalité est la même. Anglais, Français ou aventuriers nordiques ont bien essayé de la domestiquer à coups d’invasions répétées. De leur terrasse, les Algérois de la Casbah, sur le qui-vive, se souviennent de ces milliers de voiliers couvrant de blanc le bleu turquoise de la Méditerranée, à perte de vue.
À la tête de la fantastique armada, un jeune et intrépide chevalier, Charles V, roi d’Espagne. L’expédition punitive tourne à la catastrophe. Il devra la vie à son amiral en chef, Pedro Navaro, qui l’attendait à Tamentfoust d’où il embarqua sans demander son reste. Il faut savoir que la mer s’est soulevée en de gigantesques vagues rejetant l’intrus arrogant. C’était en 1541. Le prince laissera un souvenir, sur les hauteurs de la Casbah, une trace pour la prospérité : fort l’Empereur, encore debout aujourd’hui. Il faut dire que les marins de sa majesté, la très catholique-inquisitrice, Isabelle, n’étaient pas à leur première tentative de débarquement, ils seront accueillis, à chaque fois, par la Grande Bleue en colère. Au large, les raïs imposaient leur loi, contrôlaient la rive nord. Le dernier des Turcs abandonnera la Régence d’Alger, sans gloire, un lâchage qui ternira la présence ottomane de trois siècles.
La Méditerranée sait aussi s’avérer une citadelle imprenable. Jusqu’à cette date fatidique de l’année 1830, en pleine canicule. Puis, c’est devenu trop hasardeux de violer nos frontières maritimes. Cela calme les ardeurs d’éventuels mercenaires et autres aventuriers. Pour l’Espagne (encore elle), il s’agit de s’approprier les terres rares de l’île de la Cabrera. Cette fois-ci, il ne s’agit plus de pourchasser les Andalous honnis. Aux Cortes (Parlement), il s’est bien trouvé quelques grandes gueules d’un parti d’extrême droite cherchant à attenter à nos frontières maritimes.
Gageons que leur venin ne saura déteindre sur le bleu turquoise de la Méditerranée qui risque, cependant, de virer au gris, pollution faisant. Notre ami artiste devra-t-il remiser sa palette ?
B. T.
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