L'épidémie de coronavirus freine grandement les enquêtes judiciaires, suscitant une certaine inquiétude chez ses acteurs.
Le temps pré-épidémique, où l'actualité judiciaire était notamment scandée par des révélations sur des affaires «brûlantes» paraît loin : à cause du confinement, un plan de continuité a restreint l'activité judiciaire au traitement des urgences (vols et violences, notamment conjugales).
Le procureur de Paris, Rémy Heitz, l'a concédé le 24 mars, expliquant que la justice, certes, «continue à fonctionner» mais le fait «a minima». Le chacun chez soi complique la vie des délinquants.
«Pour ça, le confinement a du bon», souligne un magistrat. Mais dans le même temps, les effectifs de la police judiciaire sont réduits. «Nous poursuivons des auditions, des audiences sur des affaires urgentes», expliquait fin mars Jérôme Bonet, directeur central de la police judiciaire, citant l'exemple d'interpellation d'auteurs présumés de vols à main armée à Brest pendant le confinement.
«On reste très mobilisé sur le terrorisme (...). Avec les renseignements, on continue les surveillances», ajoutait-il. Mais le travail des policiers de la PJ a été recentré sur les missions «prioritaires et urgentes» : l'antiterrorisme, les crimes, les flagrants délits, les atteintes à l'intégrité physique des personnes et la criminalité organisée, explique une source policière.
Un cas «urgent» s'est ainsi présenté samedi : le parquet national antiterroriste a ouvert une enquête après une attaque au couteau à Romans-sur-Isère (Drôme) dans laquelle deux personnes sont mortes. Pour le reste, «activité très réduite pour nous», confirme un enquêteur parisien.