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Rubrique Monde

Ni excuses, ni repentance : reconnaître les crimes

L’historien Benjamin Stora, natif de Constantine, a vite fait de sortir de son mutisme et met au défi le Président Macron d’appeler un crime, un crime, à l’occasion de la commémoration de cette funeste journée du 17 Octobre 1961. Au passage, outre les morts, les rafles de la police de Maurice Papon, préfet de police de Paris, ce sont douze mille Algériens, établis en France, qui ont été jetés en prison. Vieux, femmes et enfants (qui ont bravé l’interdiction de leurs parents de sortir aux manifestations) n’ont pas été épargnés. Certes, de nombreux écrits ont été consacrés à cet événement survenu dans le contexte de la revendication pacifique de l’indépendance. Certes aussi, il faut admettre que tout n’a pas été dit sur les Algériens balancés dans la Seine et les disparus. Les Français de la capitale parisienne, qui en avaient pourtant vu d’autres, ne pouvaient imaginer qu’une telle violence allait s’abattre sur des manifestants désarmés. Sur le plan des faits, il y a donc beaucoup à dire encore avec l’ouverture des archives de la préfecture de police d’une époque qui parle pour le présent. Le volumineux rapport sur la colonisation française de l’Algérie (remis à l’Élysée en janvier 2021) avait pour but, selon son rédacteur, de favoriser une «réconciliation des mémoires». Benjamin Stora, auteur de plusieurs livres sur l’histoire de l’Algérie, ne pouvait accepter de faire les frais d’une récupération politique au bénéfice du colonisateur. La principale critique de la partie algérienne est que le rapport procède d’une approche quelque peu partiale qui ignorerait les réalités des faits d’un pays agressé, sa population anéantie par le feu et le sabre. L’historien se défend de prendre le parti français parce que c’est sa crédibilité qui serait du coup menacée. De là à considérer que ce n’est pas plus qu’un document franco-français, le pas est franchi de ce côté-ci de la rive sud de la Méditerranée. Sans faire preuve d’angélisme, l’auteur du rapport est, malgré lui, pris dans l’engrenage d’une politique politicienne où l’acteur principal, le chef de l’Etat français, est déterminé à ne montrer aucune condescendance devant des faits historiques pourtant avérés. II franchit le Rubicon en faisant  preuve de négationnisme pour les besoins d’une campagne électorale source de stress. Qu’importe la couleur pourvu que l’ivresse s’ensuive ! Ainsi donc, commémorer, aujourd’hui, cette journée du 17 Octobre à Paris (symboliquement dans la France tout entière) pourrait participer à cette réconciliation des mémoires, sujet qui fleurit dans les discours officiels. Pourtant, le contexte s’y prête fortement. Ni excuses, ni repentance et pour l’Histoire : reconnaître les crimes de 132 ans de spoliations, de dignité bafouée et de déni de justice. Une loi solennellement consacrée,  votée par l’instance dirigeante du pays, s’impose.  Mais, visiblement, le pouvoir macronien va à contre-courant d’une dédramatisation qu’exige l’urgence de bâtir des relations mutuellement profitables, d’Etat à Etat souverains. A l’heure des bouleversements géostratégiques qui imposent de nouvelles alliances orientées vers le futur. Une utopie ?
Brahim Taouchichet

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