L'accord du siècle, imposé par Trump au profit exclusif des sionistes, est en réalité la... honte du siècle pour des Arabes de plus en plus soumis et affichant désormais au grand jour leur trahison. C'est un plan en totale contradiction avec les principes conclus à Barcelone et Oslo et qui avaient, pour la première fois, montré une disponibilité des Israéliens à bâtir les fondements d'une véritable paix. Mais, dans les décennies qui suivirent, les faucons, soutenus par les lobbies sionistes internationaux et bénéficiant de l'aide multiforme des États-Unis, prirent rapidement le dessus sur les colombes.
Cet accord, combattu par tous les hommes libres, vise à priver la cause palestinienne de son essence même en l'etouffant totalement et en rendant «légitimes» l'occupation de la Palestine et l'asservissement de son peuple. N'est-ce pas cela qui est prévu par un accord qui officialise l'installation de nouvelles colonies sur le territoire palestinien ? Et que dire de la décision de reconnaître El Qods comme capitale d'Israël et qui, grâce à cet accord, sera également légitimée alors qu'elle est en contradiction flagrante avec les résolutions de l'ONU? Israël a toujours été appelé à revenir au partage d'avant 1967 et de céder les territoires occupés à cette date, y compris une partie d'El Qods, capitale officielle de la Palestine libre. Autre véritable recul de la cause palestinienne institué par l'accord de la honte : la fin d'une revendication essentielle, celle du retour des réfugiés! Ce sont toutes ces concessions, inimaginables il y a quelques décennies, qui alimentent un accord parrainé par le plus grand sponsor de l'agressivité sioniste : l'administration US et soutenu par les pays arabes vendus à l'impérialisme. Ces pays ont longtemps agi secrètement dans leurs rapports avec l'entité sioniste mais aujourd'hui ils ne cachent plus leur soumission totale aux véritables maîtres du jeu.
Pour récompenser ces Arabes qui ont accepté de participer à l'anéantissement de la cause palestinienne et qui applaudissent, à se rompre les mains, le plan sioniste d'expansion coloniale, on leur a évité de subir les tempêtes des «printemps» téléguidés ! On nous dit que c'est l'émancipation des peuples et la quête de démocratie. Les peuples saoudien ou qatari sont-ils libres à ce point pour ne point se soulever contre des monarchies moyenâgeuses qui leur interdisent libertés politiques et syndicales ? Leur système est-il si démocratique que ça pour qu'ils ne connaissent pas, eux aussi, ces "printemps" qui frappent leurs voisins ? Aucun journal libre, aucun parti politique, des poètes jetés en prison et des femmes flagellées pour avoir osé réclamer l'égalité des sexes et tant d'autres actes anti-democratiques ne suffisent pas à réveiller cette conscience «démocratique» des Occidentaux... il est vrai que les pétrodollars sont passés par-là ! Cette «démocratie» — qui n'a amené pour le moment que ruines et désolation —, n'est bonne que pour des républiques arabes, certes imparfaites, mais où les opinions locales gardent leur autonomie par rapport au discours officiel et aussi leur liberté de dénoncer, haut et fort, les plans du «grand Israël».
Après avoir installé le chaos au Moyen-Orient, la machine sioniste de déstabilisation touche désormais l'Afrique du Nord. La Libye ayant été «démocratisée» par le couple Sarkozy-BHL, — le premier agissant pour supprimer la preuve vivante de l'aide financière libyenne, le second comme agent sioniste, — le plan connaît aujourd'hui une nouvelle phase visant à étendre, via le conflit libyen, les perturbations en Tunisie et Algérie, le Maroc étant protégé par son alliance avec le sionisme international.
C'est cela la triste réalité du jour : où nous nous soumettons aux nouveaux maîtres où nous subissons leur colère aveugle. Au siècle dernier, ces ennemis de la liberté des peuples agissaient au grand jour en envoyant leurs armées conquérir nos territoires et asservir nos peuples. Au XXIe siècle, ils utilisent leurs esclaves couronnés et leurs mercenaires pour nous attaquer. Pour eux, comme pour nous, la question fondamentale restera celle de la Palestine. Si nous rentrons dans le rang des traîtres, ils nous trouveront beaucoup de qualités et ne jugeront pas utile de nous «démocratiser»! J'ai écrit un jour que la résistance est notre destin et, d'ailleurs, pouvons-nous agir autrement qu'en suivant la voix tracée par Larbi Ben M'hidi et Abbane Ramdane, celle de l'honneur et du véritable salut ?
Maâmar Farah
