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Les racistes des stades ont une âme noire !

Jamais nous ne le  soulignerons  assez : l'abomination et la bêtise crasse n'ont pas de fond ! Toutes les occasions sont propices pour la vile expression du racisme de certains frappadingues parmi les supporters de certains clubs. Le ballon, surtout quand il ne tourne pas rond pour certaines équipes, révèle à chaque fois la bête immonde tapie au tréfonds de nombre de ces fanatiques racistes. Il est même chez d’aucuns le marqueur psychologique de l’exécration de l’Autre, la discrimination, la stigmatisation, l’injure, le mépris, la xénophobie, la ségrégation ethnique et, pis encore, l'ethnocentrisme. On en a eu malheureusement un récent exemple à la faveur du match de football de Division 1 JS Saoura/NC Magra. Des racistes ignominieux s’en sont alors pris au footballeur nigérien de Magra, Boubacar Haïnikoye, du fait de son origine subsaharienne et de la couleur de sa peau.
Cette manifestation publique des pulsions ségrégationnistes de minables décérébrés est l’ultime maillon d’une chaîne d’expression raciste à l’endroit de ressortissants d’Afrique subsaharienne, notamment de footballeurs. En 2016, la chronique de l’abjection humaine avait enregistré un autre acte de racisme plus élevé encore dans l’échelle de l’ignominie. À Béchar, capitale de la Saoura, dans un quartier de relégation sociale, une quarantaine de migrants subsahariens avaient été victimes d'un pogrom à l'algérienne ! Les faits, dûment attestés, étaient dus à des «baltaguia», des voyous provocateurs commandités par des autorités locales qui auraient été derrière ces violences racistes pour contraindre les migrants à regagner leurs pays. Violences racistes dignes du sinistre Ku Klux Klan, n’étaient pas les  premières du genre. Début mars de la même année, une vingtaine d'Africains noirs avaient été blessés dans des heurts violents suite à la mort d'un habitant d'un quartier de Ouargla, poignardé par un Nigérien. 
Ces sinistres exemples de l’expression du racisme à l’endroit des Subsahariens ne signifient pas pour autant que la société algérienne est foncièrement raciste. D’un point de vue essentialiste, elle ne peut l’être. Mais le racisme existe, et les racistes, à bien des égards et à des degrés divers, ne sont pas une fiction. Et ils sont même nombreux, notamment dans la presse où le racisme s'exprime en arabe et en français. Le football lui sert souvent d'alibi commode. Illustration faite, entre autres, à l'occasion d'un match Algérie-Mali. Le ballon d'or de l'ignominie est revenu à cette occasion au quotidien arabophone raciste Echourouk, qui a titré le jour du match : «Vous n'êtes pas les bienvenus, le sida est derrière vous et Ebola devant vous !». On a même lu, sous la plume d'un piteux envoyé spécial à Bamako, que «le Mali, à l'instar de nombre de pays d'Afrique noire qui ont raté le train de la civilisation, est une des républiques de l'arriération et de la misère, qui patauge dans le marécage de l'ignorance et des épidémies». Et on en arrête là l'inventaire d'un racisme suprématiste qui relève chez certains du darwinisme social ! 
Hélas ! Ce genre de saillies immondes est monnaie courante dans une certaine presse, raciste multirécidiviste, et qui a souligné tant de fois que l'Algérie serait «envahie» par des Sahéliens «porteurs de calamités sanitaires». Cette nébuleuse de folliculaires, dont la crapulerie et le déshonneur n’ont point de limites, pose sans le vouloir vraiment le problème du rapport des Algériens à l'altérité noire africaine. À savoir si les Algériens sont peu ou prou racistes dans un pays qui n'est pas encore tout à fait un territoire d'immigration établie, mais plutôt une terre de transit et d'une immigration clandestine peu importante. 
L'Algérie a en effet un lien historique particulier avec la négritude. L'irruption brutale de l'immigration négro-africaine reformule désormais la question d'une altérité nouvelle mais ô combien ancienne. Le Subsaharien a une place préalablement forgée et assignée. La traite négrière au Maghreb et plus de dix siècles de commerce transsaharien ont en effet structuré une représentation du «Noir» construite sur le sentiment de supériorité «naturelle» et d'inégalité foncière. Aujourd'hui encore agissent les mêmes constructions mentales, historiquement sédimentées, qui déterminent les attitudes et expliquent l'existence de certains aspects de domesticité clandestine. Expression d'un esclavagisme moderne qui ne dit pas son nom. 
Ou encore de travail au noir s'apparentant aussi à des formes esclavagistes. Qu'il s'agisse de travail ou de résidence, les lieux d'accueil des Noirs sont des espaces de relégation. Dans le Grand Sud, ils sont exilés dans les confins désertiques ou aux marges des villes, comme à Tamanrasset, Ouargla ou Béchar. Les migrants noirs sont alors soumis à l'aléatoire, l'arbitraire, la discrimination et à des conditions de séjour assez précaires. Aux tracasseries policières et au chantage d’employeurs-exploiteurs, s'ajoute le racisme au quotidien qui a parfois de violentes tonalités. Sans oublier la xénophobie et l'intolérance au quotidien ainsi que la relative protection, sous toutes formes, de la part des autorités. Ils sont reconduits parfois sans ménagement aux frontières où on les laisse livrés à eux-mêmes. Chassez l'atavisme esclavagiste, il reviendra au galop ! 
L'africanité, surtout quand elle a les traits négroïdes, est une dimension stratifiée dans la culture algérienne. Elle possède aussi ses mots propres mais qui sont sales à proprement dire, et qui sont autant de surligneurs d'une certaine mentalité raciste et racialiste même : «kahlouche», «khal érremma» (face de nègre), «khal émsawwad» (Noir noirci), «nigrou», «nigrou batata», «bambara», «bamboula», «babaye», «saligani», «‘abd» (esclave) et «hartani», de harratines, exonyme à connotation négative désignant les Maures noirs, descendants d'esclaves. L'Algérie, avant d'être arabophone et musulmane, est pourtant fondamentalement berbère et africaine. Par déterminisme géographique et par essence ethnique. 
Et même si la participation des Maghrébins à la traite négrière est une évidence historique, et racisme ordinaire mis à part, le racisme n’est pas inscrit dans l’ADN de l’homoalgericus-arabo-berberus. L’Algérie reste une terre d’accueil, d’altruisme, d’empathie et de solidarité. En dépit des racistes de tout bord, dont ceux des stades qui ont l’âme bien noire !
N. K.

 

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